1er accélérateur des entreprises

Lucile Masson : « La CCI joue un rôle de facilitateur et d’éclaireur »

Comment un territoire de moyenne montagne parvient-il à s’adapter aux nouveaux enjeux économiques et environnementaux et à séduire une nouvelle clientèle ? Lucile Masson, conseillère en tourisme, hôtellerie et restauration à la CCI Puy-de-Dôme Clermont Auvergne Métropole, présente les transformations de l’offre touristique du Massif du Sancy et l’action de la CCI pour les faciliter.

Quelles sont les principales évolutions de l’offre touristique hivernale du Massif central ?

Je dirais que nous assistons à un double mouvement : d’une part, la modernisation de l’offre d’hébergement pour rattraper un réel retard et séduire une clientèle demandeuse de plus de confort et de services, et d’autre part, la diversification des activités proposées, tout spécialement à l’attention de la clientèle jeune.

Les hébergeurs, et notamment les hôteliers, ont pris conscience que leurs équipements étaient vieillissants. Ils ont su tirer parti des aides européennes et régionales pour moderniser leurs établissements. Cela s’est traduit, par exemple, par des investissements pour faciliter l’accès des établissements aux personnes en situation de handicap ou de nouvelles activités de bien-être allant du spa au jacuzzi en passant par le sauna ou le hammam.

Ces investissements intéressent, c’est à noter, tout autant la clientèle d’hiver que celle de l’été, et notamment les randonneurs, les vététistes ou les cavaliers. La clientèle entreprises n’est pas oubliée, avec le déploiement d’équipements dédiés aux séminaires et opérations type team building, alliant travail et activités de détente et de découverte de la montagne. Les collectivités locales ont aussi cherché à moderniser leurs propres équipements comme les piscines municipales transformées en aquaparcs ou les thermes équipés de spas dédiés au bien-être, à la beauté et au ressourcement. Des navettes entre la station et les équipements ont été mises en place pour faciliter leur usage et offrir ainsi une activité différente à ceux ou celles qui ne skient pas.

Cette modernisation a aussi permis de rajeunir la clientèle. Car la tendance se confirme : les jeunes ont tendance à délaisser la montagne. C’est un objectif prioritaire des collectivités territoriales. La communication des professionnels du tourisme met en avant de nouvelles activités à sensations fortes à pratiquer sur le Massif du Sancy. Citons le snowscoot, une sorte de trottinette des neiges, des fatbikes pour faire du VTT sur neige, de la fantasy luge avec des descentes depuis le sommet du massif, une tyrolienne géante située à 240 mètres au-dessus du sol pour descendre avec l’impression de voler, ou bien encore du snowkite, une version de kitesurf sur neige. On est bien loin de l’image de montagne à vaches qui collait au Massif central !

montagne piscine

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L’Auvergne a-t-elle aussi cherché à jouer de ses atouts…

Effectivement, l’Office du tourisme du Massif du Sancy valorise le patrimoine auvergnat. Cela concerne, bien évidemment, la gastronomie régionale sous la forme de visites de producteurs, notamment dans le cadre du réseau « Bienvenue à la ferme » animé par les Chambres d’agriculture. Des magasins de vente en direct de leurs produits ont été ouverts par des agriculteurs. Ils offrent aussi la possibilité à une clientèle essentiellement familiale de découvrir tout le processus de la traite des vaches à la ferme ou de faire des balades en pleine nature pour être initié aux vertus des plantes ou des champignons. Le savoir-faire des artisans ou les circuits de découverte du territoire sont aussi valorisés. L’idée étant d’offrir une offre complémentaire à la pratique des sports d’hiver. Le territoire cherche à séduire la clientèle avec des prestations diversifiées. Il est ainsi possible de s’initier à l’escalade sur cascade de glace ou à la pêche blanche en creusant un trou dans la glace du lac de Guéry, plus haut lac d’Auvergne.

Cette valorisation d’activités différentes et complémentaires contribue aussi à rééquilibrer la fréquentation touristique sur l’année. C’est l’objectif de la promotion en Auvergne d’un tourisme « Quatre saisons ». Au point même de proposer à la belle saison des activités à priori dédiées à l’hiver comme des balades avec des chiens de traîneau ou de l’entraînement en ski à roulettes sur route. Ce sont des pratiques marginales mais qui témoignent d’une volonté d’exploiter au mieux la dimension naturelle de notre territoire. On y fait aussi du yoga en pleine nature et l’on peut parcourir les sentiers du sylvatorium du Mont-Dore pour s’éveiller aux bienfaits thérapeutiques des arbres.

Il faut aussi souligner que les professionnels du tourisme n’oublient pas non plus la clientèle locale. Les hôteliers qui investissent dans un espace bien-être espèrent attirer les clients de la région, notamment les urbains, qui veulent profiter de cet équipement le temps d’un week-end pour se ressourcer. Cela permet de combler les périodes creuses, d’étirer la saison et de rentabiliser plus rapidement leur investissement.

Dans ce cadre, quel rôle exerce la CCI ?

Nous avons, tout d’abord, largement sensibilisé les hébergeurs à la nécessité de moderniser leurs installations. Les collectivités locales et les offices de tourisme les invitent d’ailleurs à venir nous solliciter. Les hébergeurs nous présentent leur projet que nous analysons sous un angle marketing en précisant leur clientèle actuelle, leur positionnement dans l’offre d’hébergement du territoire et la clientèle qu’ils aimeraient attirer. Nous les informons sur les aides publiques mobilisables tant du Conseil régional que de l’Union européenne. En cumulant les subventions, les entreprises peuvent couvrir par ce moyen jusqu’à 40 % de leurs dépenses d’investissement. Cela a permis, notamment, à des campings de faire construire des piscines couvertes et chauffées et d’acquérir des mobiles homes et des chalets bien isolés thermiquement pour pouvoir se positionner comme un camping établissement « quatre saisons ».

snowscoot

Pour accompagner ces entreprises, nous leur proposons également, depuis 2019, un diagnostic « Top compétitivité 360° » qui permet de passer en revue l’ensemble des fonctions de l’entreprise. Nous traitons des questions de marketing, de commercial, de transition écologique mais aussi d’approvisionnement, de classement hôtelier ou de labellisation environnementale. Pour évaluer la transformation numérique et environnementale de ces entreprises, nous nous appuyons spécifiquement sur l’outil national du réseau des CCI, digipilote. À côté de ces accompagnements individuels, j’interviens régulièrement, parfois avec l’aide de collègues experts, au sein de différents réseaux du territoire. C’est le cas des offices du tourisme ou du club des hébergeurs du Sancy. Nous abordons divers sujets allant des aides financières à la cybermalveillance en passant par les spécificités des clientèles étrangères ou l’élaboration d’une stratégie de développement de notre territoire de moyenne montagne avec, notamment, l’objectif de faire labelliser le Sancy comme « Grand site de France ».

 

Quelles sont les conséquences de votre intervention auprès des entreprises ?

Logiquement, à l’issue de ces diagnostics, des préconisations sont faites sur des actions permettant d’avoir une meilleure visibilité sur le net, de faire des économies d’énergie en gérant mieux ses consommations ou de valoriser l’engagement environnemental de l’établissement en sollicitant l’obtention des labels tels que « Clef verte », de s’engager dans une démarche de qualité d’accueil avec la marque  « Qualité Tourisme » ou le label « Tourisme & Handicap ». Les entrepreneurs qui s’engagent dans ce type de démarche le font pour valoriser et porter à la connaissance des clients leurs engagements, réaliser des économies, enrichir leur dossier de demande de subvention ou, et c’est souvent le cas des jeunes entrepreneurs qui s’installent dans notre territoire, par conviction. Ils défendent un tourisme plus durable, éco-responsable et respectueux de notre environnement naturel exceptionnel.

Comment définiriez-vous votre relation avec les partenaires du développement touristique de votre territoire ?

Je dirais que la CCI joue un rôle de facilitateur et d’éclaireur. Facilitateur pour ses partenaires naturels que sont le Conseil régional, les communes, les communautés de communes et les offices de tourisme. Nous participons à la coordination de l’action des différents intervenants au bénéfice des entreprises de notre territoire de montagne pour lesquelles nous essayons de jouer un rôle « d’éclaireur ». À titre d’illustration de cette mission de coordination, les CCI du Cantal et du Puy-de-Dôme ont réuni, en février 2021, l’ensemble des représentants des filières de l’écosystème de la montagne pour rédiger un cahier de propositions pour mieux faire face aux conséquences de la crise sanitaire tant pour les chefs d’entreprise que pour leurs salariés. Il s’agissait aussi de réfléchir à des actions opérationnelles pour sauver cet écosystème menacé et de proposer un plan de relance de la montagne qui a été porté par le Conseil régional AuRA. Plusieurs des mesures portant sur les volets économique, social et financier ont d’ailleurs été retenues dans le plan Avenir Montagnes rendu public par le Gouvernement en décembre 2021.

Présentation du Massif du Sancy

Territoire de moyenne montagne (entre 1000 et 1800 mètres d’altitude), au cœur du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne, le massif du Sancy compte trois stations familiales : Super-Besse, le Mont-Dore et Chastreix.

660 000 journées skieurs


76 pistes de ski alpin


46 pistes de ski de fond


230 km de ski de fond répartis sur 7 domaines


100 km de sentiers de raquettes (20 circuits)


Pour en savoir plus : Office de Tourisme du Massif du Sancy

Plan Avenir Montagnes

Annoncé le 27 mai 2021 par le Premier ministre, le plan Avenir Montagnes est un plan de soutien à l’investissement dans les zones de montagne qui couvrent un peu moins d’un tiers de la superficie française. Riches en termes de ressources, d’environnement et d’activité économique, ces territoires sont pourtant fragiles. Le réchauffement climatique les a rendus vulnérables et menace spécialement l’activité touristique qui a généré 20 milliards d’euros de revenus entre 2018 et 2019.

Doté d’un budget de 650 millions d’euros, le plan Avenir Montagnes est structuré autour de 14 mesures.

Les CCI sont explicitement mobilisées pour la mise en œuvre de huit d’entre-elles :

  • Réaliser des études sur le tissu commercial du territoire
  • Faire connaître les aides et solutions pour la relance économique et commerciale du territoire
  • Aider à l’implantation d’entrepreneurs et au développement des entreprises
  • Conseiller pour élaborer et mettre en œuvre un développement économique territorial
  • Créer un écosystème favorable au développement économique et touristique
  • Accélérer la transition écologique
  • Intégrer le numérique dans le quotidien des artisans, commerçants et indépendants
  • Consulter les chefs d’entreprise dans le cadre de projets de territoire

Pour en savoir plus : 

Dispositifs d’aide du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes :

Créer, rénover ou moderniser mon hébergement touristique

Dispositif d’aide de l’Union Européenne :

FEADER

 

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Mis à jour le 7 février 2022