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Nateya : des cosmétiques au parfum de la Martinique
Coralie Lancry, ingénieure chimiste, a concrétisé ses rêves en créant Nateya, son entreprise de cosmétiques fruités et naturels, en Martinique. Engagée dans une démarche d’écoresponsabilité et des projets plein la tête, l’entrepreneure peut compter sur l’accompagnement du « Village by CA » et de la CCI Martinique.
On l’appelle l’Ile aux fleurs, tant sa flore est riche. La Martinique recèle d’une grande biodiversité et d’une multitude de paysages différents. C’est sur cette île caribéenne aux mille parfums qu’a vu le jour l’entreprise de cosmétiques Nateya. À l’origine, il y a les rêves de Coralie Lancry. Celui d’une lycéenne qui s’interroge sur le peu de cosmétiques fabriqués en Martinique. Celui d’une jeune femme qui peine à trouver des remèdes pour son acné persistante. Celui d’une jeune chimiste enfin, qui a toujours été attirée par les cosmétiques mais que ses professeurs ont plutôt poussée à travailler dans l’agroalimentaire.
Après avoir étudié la chimie en France, la jeune femme rentre en Martinique et trouve un emploi dans une des rares entreprises de cosmétiques de l’île. Ses rêves en tête, Coralie Lancry décide, en 2018, de se lancer dans l’entrepreneuriat, encouragée et aidée par son employeur.
Des produits qui vont à l’essentiel
Son crédo : simple et efficace. La gamme est donc courte : eau démaquillante, gel nettoyant, crème de visage jour/nuit et masque exfoliant. « J’ai voulu simplifier la routine beauté des femmes, afin qu’elles n’aient pas 10 000 produits dans leur salle de bain, mais simplement l’essentiel, développe Coralie Lancry. Moins de produits, c’est aussi moins de contenants et donc moins de déchets. »
Ses produits sont sans composant pétrochimique ou animal, et formulés à l’extrait de goyave. « Je souhaitais mettre la flore caribéenne à l’honneur tout en sortant du cliché des fruits tropicaux comme l’avocat ou la noix de coco, explique-t-elle. Lors de mes études, j’ai découvert les bienfaits de la goyave* sur la peau et ils m’ont convaincue. »
Une entreprise de longue haleine
Les cosmétiques Nateya sont le fruit d’un long processus. « J’ai mis deux ans et demi à développer ma gamme », compte l’entrepreneure qui réfléchit actuellement à une nouvelle ligne autour d’un autre fruit. Chacun naît d’une idée puis de très nombreux essais. « Il faut choisir les matières premières, trouver les bonnes quantités et observer comment elles interagissent ensemble puis recommencer », développe Coralie Lancry. La formule au point, il faut ensuite s’assurer que le produit est stable dans le temps et qu’il n’est pas dangereux. Puis, un laboratoire teste la conservation, la tolérance à la peau et la compatibilité contenant/contenu. Quand tous les voyants sont au vert, celui-ci délivre un certificat qui autorise la mise sur le marché du produit. La production s’effectue ensuite dans l’entreprise dans laquelle Nateya a travaillé auparavant.
Pour distribuer ses produits, Coralie Lancry a misé sur son site de e-commerce et un réseau de revendeurs (spas, pharmacies, magasins bio…) en Martinique. Ce sont dans les points de vente physiques que ses cosmétiques se vendent le mieux pour l’instant. « Aux Antilles, les gens sont réticents à commander sur internet, sans doute en raison des frais de livraison très élevés que nous payons d’habitude », analyse-t-elle. Son site a tout de même permis à la cheffe d’entreprise de recevoir des commandes de métropole, de Belgique ou encore de Côte d’Ivoire.
Toucher ses cibles grâce aux réseaux sociaux
Pour se faire connaître en Martinique et ailleurs, l’entrepreneure a misé sur les réseaux sociaux, principalement Facebook et Instagram. « C’est du boulot de poster régulièrement, de produire du contenu de qualité, de réfléchir à la stratégie, concède-t-elle. Mais, même sans budget, les réseaux permettent d’atteindre très rapidement mes cibles. Je ne peux donc pas m’en passer ! »
En 2019, le solide projet entrepreneurial de Coralie Lancry a séduit le jury du prix « Famn Dijital », organisé par la Collectivité territoriale de Martinique afin « d’identifier, primer et accompagner les meilleurs projets de création ou de développement d’entreprises digitales menés par une femme ». Ayant remporté le Grand Prix, Coralie Lancry a pu intégrer le Village by CA Martinique-Guyane, un dispositif d’accélérateurs de start-up, où elle bénéficie d’un programme d’accompagnement d’un an.
« J’aime travailler dans un cadre bienveillant avec d’autres entrepreneurs »
Dans ce cadre, elle peut compter sur l’aide de conseillers de la CCI Martinique, partenaire du Village. « Au départ, je ne ressentais pas du tout le besoin d’être accompagnée, reconnaît-elle. Mais finalement, je me rends compte que j’aime beaucoup ce qu’ils proposent. Je suis suivie au quotidien, je reçois de bons conseils et j’aime travailler dans un cadre bienveillant avec d’autres entrepreneurs. »
Confortée par des débuts encourageants, Coralie Lancry planche sur de nouveaux projets, notamment celui d’être « plus engagée » dans sa « politique d’éco-responsabilité ». L’ingénieure chimiste souhaite fabriquer, le plus possible, à partir de matières premières locales. « Les filières sont en train de se mettre en place petit à petit », explique-t-elle. Par ailleurs, elle réfléchit à un moyen de consigner ses flacons ou de permettre leur réemploi. Quels que soient ses projets, Coralie Lancry sait qu’elle peut faire confiance à son sixième sens pour la guider. Il ne lui a jamais fait défaut.
* La goyave, véritable trésor pour la peau, est riche en tanins aux propriétés astringentes (qui resserre les tissus), Vitamine A et Vitamine C qui facilite la production de collagène. La goyave contient cinq fois plus de Vitamine C que l’orange. (Source : Nateya)
La Martinique
Située au centre de l’archipel des Petites Antilles, l’île de la Martinique s’étend sur 1 128 km² et compte comme l’un des plus petits départements français. Au croisement de plusieurs plaques tectoniques, c’est une terre volcanique dominée par la Montagne Pelée. Elle présente une grande biodiversité et une végétation luxuriante dont elle tire son surnom « l’Île aux fleurs ».
L’économie martiniquaise est dominée par le secteur tertiaire, notamment le commerce et les services qui recensent 73% des établissements. La construction en compte 9% et l’industrie 5%.
Son secteur agricole, fragilisé par les ouragans Matthew (2016) et Maria (2018), se structure autour de la culture de la banane et de la canne à sucre. La production de rhum est quant à elle la principale activité agroalimentaire de l’île.
La Martinique est également une région touristique. En 2018, elle a accueilli plus d’un million de visiteurs. Elle bénéficie notamment du report de destinations touchées par les ouragans. Sources : Ministère des Outre-Mer, Insee
