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Lunii : la success story de l’entreprise qui veut faire rêver les enfants
Co-fondée en 2014 par quatre amis aux profils complémentaires, l'entreprise parisienne Lunii s'est lancé le défi, avec son produit Ma Boîte à Histoires, de divertir et stimuler l'imagination des enfants. Tout cela sans écran. Pari réussi pour l'entreprise qui vient de rapatrier sa production en France et travaille à développer de nouveaux projets.
L'imagination est la plus belle arme pour affronter les problématiques de la vie.
C'est cette conviction qui a conduit Maëlle Chassard à créer Lunii, en 2014. Le produit phare proposé par l'entreprise est Ma Fabrique à histoires, un boîtier qui permet aux enfants de choisir un héros ou une héroïne, un univers, un personnage et un objet, et d'écouter ensuite les histoires qu'ils ont créés grâce à leurs choix.
La particularité de cette boîte turquoise aux gros boutons jaunes : il ne comporte pas d'écran. « Pour mon projet de fin d'études de design, j'ai réalisé un mémoire sur l'imaginaire, explique Maëlle Chassard. Dans ce cadre, j'ai observé que la créativité des enfants est en baisse en raison de leur surexposition aux écrans. » Ses recherches conduisent la jeune femme à imaginer un produit qui puisse les éloigner des écrans et stimuler leur imaginaire. Son diplôme en poche, elle fonde Lunii avec trois amis de longue date. « Nous partagions l’envie d’entreprendre, avions des valeurs communes et des profils complémentaires, raconte-t-elle. Igor avait un profil business, Éric était ingénieur et Thomas était spécialisé dans les prototypes. Entreprendre ensemble nous a permis de nous soutenir les uns les autres et d’échanger nos idées à voix haute, mais ça demande aussi, au quotidien, de discuter énormément, pour rester alignés et avancer sans non-dits. »
Une croissance fulgurante
La diversité des profils a permis à la start-up d’avancer sans recruter pendant les trois premières années. Puis tout s’est accéléré : en 2020, Lunii compte 70 salariés. « Nous avons connu une forte croissance, confirme Maëlle Chassard. On est passé de 700 000 euros de chiffres d’affaires à 2 millions puis 7. Cette année, on va faire 18 millions d’euros. » Alors, comment faire face à une telle croissance survenue en si peu de temps ? « On la gère comme on peut, sourit Maëlle Chassard. Plus sérieusement, on s’est d’abord concentrés sur le développement et le business, ce qui a entraîné un retard de structuration en interne. En 2019, nous avons donc pris le temps de bien structurer l’entreprise, avec des pôles et un management qui permet à chacun de prendre sa place et comprendre son rôle précis. »
En six ans, Lunii est donc passée de « la start-up qui lance un projet à l’entreprise qui en mène plusieurs, qui a une responsabilité et une voix à porter », souligne sa co-fondatrice. Son succès lui permet aujourd’hui d’approfondir des sujets ou des démarches laissées de côté dans un premier temps. C’est ainsi que l’entreprise vient d’annoncer le rapatriement de la production de Ma Boîte à histoires de la Chine vers la France, près de Bayonne, grâce à un partenariat avec l’usine BMS Circuits. « Dès le départ, nous voulions produire en France, mais quand nous toquions à la porte des bureaux d’études, on nous donnait des montants trop élevés pour une jeune structure comme la nôtre, regrette Maëlle Chassart. Mais nous nous étions fait la promesse que si ça marchait, nous relocaliserions la production en France. »
Relocalisation et éco-conception
Promesse tenue pour Lunii qui fait le choix de ne pas augmenter son prix de vente pour autant. « Nous voulons montrer l’exemple et prouver que cela est possible, confirme la co-fondatrice. Nous avons donc accepté de réduire notre marge sur le produit. Cela nous est possible grâce à notre business model qui est vertueux. » Celui-ci repose à la fois sur la vente de produits comme Ma Boîte à Histoires, mais également sur la vente d’histoires additionnelles.
Si elle se réjouit d’avoir pu mener ce projet à bien, l’entrepreneuse déplore cependant que les créateurs d’entreprise qui souhaitent faire le choix du made in France dès le départ ne bénéficient pas d’aides spécifiques pour les y encourager. « Fabriquer localement devrait être le standard et non un luxe », affirme-t-elle.
En parallèle de cette démarche, Lunii a également entrepris un travail sur l’écoconception de ses produits, c’est-à-dire le fait d’intégrer les problématiques environnementales dès la conception du produit et à toutes les étapes de son cycle de vie. « Le packaging et le plastique de la nouvelle version de Ma Fabrique à Histoires se recyclent mieux, le boîtier comporte moins de composants et des composants dont l’impact sur la planète est plus faible », détaille Maëlle Chassard qui pointe le fait que l’écoconception est une démarche qui nécessite une veille et des améliorations permanentes.
L’éducation, la culture et la santé en ligne de mire
Désormais, Lunii a l’ambition de se développer dans de nouveaux domaines. L’éducation d’abord, avec un kit et des albums pédagogiques, co-créés avec des enseignants et à destination des classes de maternelles. La culture ensuite, avec des histoires qui permettraient de découvrir des musées, des villes… Et la santé enfin, où l’idée serait de proposer Ma Fabrique à Histoires aux hôpitaux et spécialistes de santé, pour accompagner et calmer les enfants qui subissent des soins importants, des opérations…
Fabriquer localement devrait être le standard et non un luxe.
Quand un concept fonctionne, pourquoi ne pas le diffuser largement ? Lunii se prépare donc à investir l’international : l’Italie, l’Espagne, le Canada et les Etats-Unis, en plus de pays francophones où elle est déjà présente. « Nous voulons créer des contenus originaux avec des auteurs et comédiens locaux, développe Maëlle Chassard. Mais le projet est aussi de traduire des albums qui ont un grand succès en local, dans une logique de partage et diffusion de la culture. »
Les Conseils entrepreneuriat de Maëlle Chassard
Mon premier conseil est de se lancer avec un projet auquel on croit au plus profond de soi, en accord avec ses valeurs. Car l'entrepreneuriat implique des hauts et des bas et, pour ne pas lâcher dans les moments difficiles, il faut se raccrocher à des choses qui nous font vraiment vibrer.
Je conseille aussi toujours de ne pas se lancer seul, de s'associer à au moins une personne. Cela permet de discuter à voix haute, de se soutenir, d'échanger pour mieux faire face au projet.