Suggestion d'articles





L'éco-score : un outil de mesure de la performance environnementale des produits alimentaires
Les bienfaits et les méfaits de la composition des aliments étaient déjà notés mais, pas encore, leur impact sur l'environnement. C'est chose faite avec l'Éco-score lancé en janvier 2021 par l'application de notation alimentaire Yuka et ses partenaires.
D'où vient l'idée ?
28 %, c'est la part de l'alimentation (production agricole, fabrication et transport des produits, transformation, distribution et commercialisation, gestion des déchets) dans la production des gaz à effet de serre (GES) à l'échelle de la planète, selon une étude de l'Institut for climate économics. Outre cette émission de GES, la production alimentaire est aussi une forte consommatrice d'eau1 et la première cause de la déforestation dans le monde2.
Ces constats ont alerté les contributeurs de la Convention citoyenne pour le climat qui ont plaidé pour une réduction de moitié des émissions de GES du secteur agricole et alimentaire dans le but d’atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050.
D’où leur proposition de « créer un indice carbone qui renseigne sur la quantité de gaz à effet de serre émise tout au long du processus de production et de transport du produit et de rendre cet affichage obligatoire et systématique ». Cette idée est également partagée par le législateur. La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire du 10 février 2020 définit cet affichage environnemental et prévoit son expérimentation.
La finalité de l'éco-score
Après son application dédiée à la valeur nutritionnelle des aliments, la société Yuka a voulu proposer, avec le soutien d'un collectif d'acteurs œuvrant dans le secteur de l'alimentation3 , une solution pour évaluer le bilan environnemental des produits alimentaires. L'objectif affiché est d'informer les consommateurs sur l'impact environnemental de leurs achats et, donc, de les inciter à préférer des produits répondant aux exigences d'une alimentation plus durable. Autrement dit, de faire le choix de produits alimentaires consommant moins de ressources et générant moins de pollution. Ce faisant, il s'agit aussi, pour les promoteurs de la démarche, de faire évoluer les pratiques des acteurs de la chaîne de l'alimentation (agriculteurs, transformateurs, distributeurs notamment).
Comment est établi l'éco-score ?
L’outil mesure l’impact environnemental des produits alimentaires en analysant leur cycle de vie. Pour prendre en compte l’ensemble des flux physiques de matière et d’énergie des produits tout au long de leur vie, l’Éco-score s’appuie sur la liste de 16 indicateurs de la base de données Agribalyse établie par l'ADEME après une analyse de 2500 produits.
À cette liste a été ajouté un système de bonus/malus, mis au point par les initiateurs de l’outil, pour ouvrir la notation à cinq autres catégories de critères prenant en compte d’autres externalités, positives ou négatives :
-
les systèmes de production (bio ou pas, labellisés ou non) ;
-
l'origine des produits (l'origine géographique et les modes de transport des produits) ;
-
les normes environnementales des pays de production (sur la base de l'indice de performance environnementale) ;
-
le cycle de vie des emballages (pour valoriser la circularité des emballages) ;
-
l'impact sur la biodiversité (ex : les stocks de poissons menacés).
Les grandes étapes du cycle de vie des produits analysées par l'Éco-score
Un affichage simple
L’analyse de l’ensemble des données donne lieu à une évaluation de l’empreinte carbone de l’aliment avec une note sur 100 pour 100 grammes de produit. Elle est accessible en scannant le code barre du produit. Pour faciliter l’appropriation de ce score par les consommateurs, l’outil a adopté l’échelle de notation du Nutri-Score. Chaque produit est classé dans l’une des cinq catégories allant de A (vert) à E (rouge), en fonction de son impact (du moins au plus fort) sur l’environnement.
Cette première version de l’Éco-score, disponible sur les applications des promoteurs de la solution, est appelée à évoluer en fonction des retours sur l’usage qui en sera fait. Il reviendra à un comité scientifique relevant de l’ADEME, de recommander, d’ici 2024, l’outil qui sera retenu et généralisé. L’analyse de la performance environnementale des produits alimentaires pourrait aussi, à l’avenir, s’appliquer à d’autres produits, notamment les cosmétiques. Avec pour espoir que l'éco-score puisse, à l'image de l'amélioration des recettes de leurs produits par les industriels suite à l'adoption du Nutriscore comme l’a démontré une étude américaine, générer des pratiques plus vertueuses en matière d’environnement.
1 L'agriculture consomme 70% de l'eau à l'échelle de la planète selon l'OCDE.
2 La production agricole est à l'origine de 70% de la déforestation dans le monde selon le WWF.
3 Des applications (Étiquettable, Frigomagic, ScanUp), une base de données OpenFoodFacts, une épicerie bio en ligne La Fourche, deux sociétés de livraison de repas à domicile (FoodChéri, Seazon) ainsi que le cabinet de conseil en développement durable ECO2 Initiative
Pour en savoir plus :
Le dossier méthodologique de l'Éco-score