1er accélérateur des entreprises

Interview
Paroles d′expert

« Je me réjouis que l'environnement soit enfin un sujet qui a du poids et des perspectives économiques »

Sur tout le territoire, dans le réseau des CCI locales et régionales, des experts mettent leurs compétences et leur énergie au service des entreprises et des entrepreneurs. Rencontre avec Ludivine Filoro, conseillère environnement à la CCI de Saône-et-Loire, qui accompagne petites et grandes entreprises dans la réglementation liée à l'environnement, la gestion de leurs ressources et de leurs flux.

Quel est votre parcours et comment êtes-vous arrivée à la CCI Saône-et-Loire ?

J’ai fait un DESS formateur consultant en sciences et techniques après 4 années d’études en biologie, ce qui fait que j’ai un profil un peu atypique, qui mêle les sciences du vivant et les sciences humaines.

En 2005, après mes études, j’ai directement intégré la CCI régionale de Bourgogne de l’époque, dans le cadre d’une mission de remplacement de congé maternité. Ensuite, on m’a proposé un poste de conseillère environnement, qui venait d’être créé, à la CCI de Saône-et-Loire que j’ai donc intégrée en 2006. J’ai commencé par travailler surtout sur l’industrie, puisque c’est le domaine dans lequel la plupart des enjeux environnementaux avaient été identifiés.

filoro ludivine

En quoi consiste votre métier, en tant que conseillère environnement à la CCI ?

Aujourd’hui, mon temps de travail est partagé entre plusieurs missions : j’accompagne les entreprises sur tout ce qui touche à l’énergie et à l’eau, notamment concernant la réglementation. Une autre chargée de mission de la CCI se charge des thématiques des déchets et de l’économie circulaire.

Quelles sont vos actions en matière d’énergie et auprès de quels professionnels intervenez-vous ?

Je mène plusieurs actions dans le cadre de l’opération régionale PERF (programme environnement régional fédérateur) avec un gros volet transition énergétique. Mon travail consiste principalement à réaliser des visites énergie (identifier les postes consommateurs et les principaux gisements d’économies d’énergie) auprès des industriels, mais aussi des commerçants, et des acteurs de l’hôtellerie et du tourisme. J’en fais d’ailleurs beaucoup chez les commerçants, du vendeur de chaussures au coiffeur. Pour eux, les enjeux sont principalement la gestion du chauffage, de la climatisation ou de l’éclairage, mais aussi la consommation de leur système informatique. Il s’agit surtout de sensibilisation, de leur apporter un regard extérieur. On leur remet un rapport et un graphique de répartition de leur consommation avec des préconisations pour leur faire réaliser des économies.

Et dans le domaine de l’eau ?

Nous menons deux opérations collectives en partenariat avec l’Agence de l’eau : EPURETOX sur le Grand Chalon et DETOX’EAU dans le Mâconnais. L’objectif est d’accompagner les industriels dans la réduction de la pollution toxique dispersée. Nous leur proposons un diagnostic pour vérifier la conformité réglementaire de leur projet et les accompagnons dans la mise en conformité de leurs effluents. Je les assiste également dans le montage de dossiers de subvention. L’intérêt de ces dispositifs, c’est qu’ils peuvent être adaptés aux grandes entreprises comme aux petites structures. Nous avons par exemple accompagné Areva (Framatome désormais) dans l’acquisition d’une nouvelle vanne guillotine fiable et contrôlée sur leur réseau et dans le montage d’un dossier de subvention que nous avons présenté à l’Agence de l’eau. En parallèle, nous avons permis à une petite entreprise de peinture d’acheter une machine de lavage de pinceaux en circuit fermé, afin d’éviter les rejets de peinture.

L’aide de la CCI en matière de développement durable est donc utile à la fois aux PME, TPE et aux grands groupes ?

Oui ! On a souvent tendance à réduire l’action des conseillers environnement à l’industrie et à nous associer aux TPE-PME. Mais nous sommes également qualifiés pour intervenir auprès de grands groupes. Certaines organisations n’ont pas le réflexe CCI et sont étonnées lorsque nous les contactons, pourtant nous leur apportons souvent une aide précieuse.

En Saône-et-Loire, quels sont les enjeux en matière de développement durable pour les entreprises locales ? Comment évoluent-ils ?

Il n’y a pas une typologie particulière d’entreprises qui ressort sur notre territoire, même si nous avons de grand acteurs de la Nuclear Valley comme Framatome et Arcelor Mittal. Ces derniers temps, on voit émerger des entreprises qui veulent s’implanter dans l’économie sociale et solidaire (ESS) ou l’économie circulaire. La CCI de Saône-et-Loire les accompagne dans leur création et les conseillers spécialisés en développement durable, dont je fais partie, sommes souvent sollicités pour apporter de l’aide en matière de réglementation. La gestion des déchets est, par exemple, un secteur très réglementé qui nécessite une attention particulière. Avec la crise du COVID-19, on voit également monter en puissance les sujets de la mobilité (organisation interne, télétravail…).

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Qu’est-ce qui vous plaît dans votre quotidien de conseillère environnement ?

Ce qui me plaît, c’est que je n’ai pas deux journées identiques ! Je peux faire une réunion avec le préfet un jour et rencontrer un professionnel de la peinture le lendemain. Les domaines du développement durable et de l’environnement sont très vastes et il y a une belle diversité de sujets. Tout est en perpétuelle évolution, notamment la réglementation.
J’apprécie également le fait de travailler beaucoup en réseau avec les services de l’État, les organisations professionnelles, etc.
Enfin, je me réjouis que l’environnement soit enfin un sujet de poids et que notre légitimité de conseiller environnement se renforce. Nous sommes les seuls à réussir à travailler aussi bien avec des PME que des grandes entreprises. Nous avons encore un peu de mal à sortir du secteur de l’énergie et à être vraiment transverses mais cela progresse.

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Mis à jour le 20 janvier 2022