Suggestion d'articles





Tout roule pour Moustache Bikes
Créée en 2011 dans les Vosges, Moustache Bikes propose une gamme de vélos électriques adaptés à tous les usages : ville, sport, famille… La qualité des vélos et les changements des comportements permettent à la PME de grandir et de faire rayonner son savoir-faire dans le monde entier.
250, c’est le nombre de vélos produits chaque jour dans les ateliers de Moustache Bikes, une PME installée à Thaon-les-Vosges (88), depuis 2011. Vélos de ville, VTT, tandem… les modèles sont nombreux – regroupés en une dizaine de « familles » – mais ils partagent un point commun : ils sont tous dotés de l’assistance électrique. La conviction que cette technologie allait se répandre dans toutes les pratiques, a convaincu Greg Sand et Emmanuel Antonot d’occuper ce créneau en créant leur entreprise.
À l’origine, ces deux Vosgiens ne se connaissent pas mais ils sont tous les deux passionnés de vélo et réfléchissent chacun à un projet entrepreneurial. Ils sont alors mis en relation par leur expert-comptable qui, au-delà de leurs points communs, décèle des compétences complémentaires chez les deux hommes ; plutôt techniques pour Emmanuel Antonot et plus commerciales et financières pour Greg Sand. « Emmanuel venait de quitter son employeur pour démarrer un projet autour du vélo électrique, raconte Greg Sand. En tant que passionné, j’ai tout de suite accroché au principe de l’assistance électrique qui permet d’ouvrir la pratique du vélo à tous. »
« Si on avait écouté les gens, on n’aurait pas démarré le projet »
Quelques mois seulement après leur rencontre, les deux entrepreneurs font l’« énorme pari » d’investir toutes leurs économies dans un projet commun et ils créent Moustache Bikes. Le nom de l’entreprise faisant référence au « guidon moustache » appelé ainsi en raison de sa forme. « Si on avait écouté les gens autour de nous, on n’aurait pas démarré le projet, assure Greg Sand. Il nous fallait engager 500 000 euros, à une époque où les banques n’étaient pas très disposées à prêter. »
Refroidis par des recherches de subventions « chronophages, laborieuses et incertaines », les fondateurs de Moustache Bikes décident de se tourner vers leurs familles et proches pour récolter des fonds. Ils bénéficient également du soutien de l’agglomération qui leur met à disposition, à un prix « raisonnable », des locaux situés sur une zone industrielle qu’elle vient d’acquérir. La PME peut ainsi, dans un premier temps, agrandir ses locaux au rythme de sa forte croissance, avant de racheter et de s’installer dans un nouveau bâtiment de 10 000 m² fin 2017.
Une industrie mondialisée
C’est sur ce site vosgien que les modèles sont conçus, d’abord au moyen de quelques coups de crayon couchés sur du papier, puis en dessin industriel 3D. Les équipes développent ensuite des moules qui seront utilisés pour la fabrication des cadres. « Nous devons sous-traiter la fabrication de nos cadres à une entreprise taïwanaise, car cette technologie n’existe plus en Europe, explique Greg Sand. En revanche, nous maîtrisons le design et les caractéristiques techniques des tubes qui auront un rôle dans le comportement du vélo. »
Une fois les cadres de retour dans les Vosges, les équipes de Moustache Bikes leur ajoutent l’ensemble des composants des vélos : systèmes électriques Bosch, selles italiennes, éclairage français, suspensions américaines… « C’est une industrie totalement mondialisée, donc cela demande un gros travail de logistique », souligne l’entrepreneur.
120 créations d’emplois
La particularité de Moustache Bikes est que chaque vélo est entièrement assemblé par la même personne. « Nous formons nos monteurs spécifiquement et chacun est capable de monter tous nos vélos, explique Greg Sand. Cela permet d’avoir une meilleure maîtrise de la qualité et de renforcer l’intérêt des monteurs dans le travail. Cette variété des tâches offre un niveau de satisfaction et d’implication plus élevé. » Une fois prêts, les vélos sont expédiés dans un réseau de revendeurs, « formés et outillés pour apporter un service clients de proximité », en France et dans 20 autres pays. « Nous avons toujours eu l’ambition de créer suffisamment de valeur autour de la marque pour passer les frontières », explique Greg Sand.
La notion de valeur est au centre de l’identité de la PME vosgienne. « Plus vous créez de la valeur sur votre territoire, plus votre entreprise aura des chances de perdurer et de traverser les périodes difficiles », estime Greg Sand. En près de 10 ans d’activité, la fabrication de vélos Moustache Bikes a permis de créer plus de 120 emplois dans les Vosges. Une fierté pour les deux entrepreneurs attachés à leur territoire. « C’est très gratifiant de créer de l'emploi, surtout dans région qui connaît des difficultés économiques et où les emplois ont plutôt tendance à disparaître, souligne Greg Sand. Notre fierté, c’est de se dire qu'on fait vivre plus d’une centaine de personnes, des familles, un réseau de sous-traitants et que l’on fait rayonner, en toute modestie, le savoir-faire vosgien un peu partout sur la planète. »
« Plus qu’un simple vélo »
Si elle crée des emplois, la PME vosgienne peine cependant parfois à les pourvoir, notamment quand ils demandent des qualifications spécifiques ou une expérience dans l’industrie du cycle. « Le territoire est méconnu et pas forcément attractif, reconnaît Greg Sand. Notre chance est que notre entreprise gagne en notoriété chaque année, ce qui nous permet d’attirer des profils. Mais la réalité est que les recrutements prennent plus de temps. Pourtant, les gens qui passent le cap s'intègrent plutôt bien et mesurent assez vite la qualité de vie que l’on a ici. »
Pionniers sur le marché français des vélos à assistance électrique quand ils se sont lancés en 2011, les co-fondateurs de Moustache Bikes ont vu depuis débarquer des concurrents français et étrangers, notamment des modèles d’entrée de gamme chinois. Pour se démarquer, ils assurent être en remise en question permanente pour continuer à innover. « On ne s’arrête jamais en se disant “on a réussi”, affirme Greg Sand. On essaie d’identifier des tendances, de nouveaux besoins. Pour nous, le vélo électrique est un vélo d’ouverture : nous ciblons surtout les personnes qui ne font plus ou pas de vélo. Pour elles, le vélo électrique est plus qu’un simple vélo, ça peut être, par exemple, une alternative à la deuxième voiture. Il doit donc répondre à des critères bien spécifiques. »
La pratique du vélo apparaît, en effet, de plus en plus comme une réponse pertinente aux problématiques d’émissions de gaz à effets de serre, d’engorgement des villes ou encore de saturation des transports en commun. Moustache Bikes constate que des phénomènes comme la crise sanitaire du coronavirus jouent un rôle d’accélérateur dans cette prise de conscience. Par ailleurs, de nombreux consommateurs, las d’être enfermés chez eux et empêchés de voyages lointains, investissent dans des vélos électriques pour pédaler près de chez eux. Enregistrant ainsi une hausse de la demande avec le confinement, l’entreprise a donc avancé la mise en place d’une nouvelle ligne de production lui permettant de passer de 200/220 vélos par jour à 250/270 et de créer une vingtaine d’emplois supplémentaires.
Les Vosges
Le département des Vosges, qui tient son nom du massif montagneux qui le traverse du Nord au Sud, compte 370 000 habitants. 3ème département le plus boisé de France, il offre un cadre de vie agréable ainsi qu’une situation géographique intéressante, à proximité, notamment, de l’Allemagne et de la Suisse.
Son tissu économique est dominé par le secteur tertiaire mais l’industrie reste présente. 5ème département industriel de France, en termes d’emplois occupés dans le secteur, les Vosges comptent un certain nombre de filières d’excellence. Avec plus de la moitié de sa surface couverte de forêts, le département se distingue notamment pour sa filière bois, de la ressource à la première et seconde transformation (construction, ameublement…). Les Vosges sont également le premier département français dans le secteur du papier et carton en termes de chiffre d’affaires et de tonnage.
Les Vosges possèdent un savoir-faire dans la filière textile, valorisé par le label « Vosges Terre Textile ». Le département compte 50% de la production cotonnière, 60% de l’activité de filature et 80% de la production de linges d’hôpitaux. L’agroalimentaire (eaux minérales Vittel, Contrex, Hépar) et la métallurgie (automobile, équipement de la table et de la cuisine, machines et outils…) sont aussi des secteurs significatifs.
Côté tourisme, les Vosges ne sont pas en reste avec un tourisme hivernal (13 stations de ski alpin, thermal et « vert ») développé. Le secteur compte 12 000 emplois.
Sources : Département des Vosges