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Parlement européen des entreprises : pour une Europe plus ouverte au business

Pour la 5 ème édition du Parlement Européen des Entreprises, plus de 700 chefs d'entreprises européens se sont retrouvés à Bruxelles le 10 octobre 2018 pour débattre de la place des entreprises dans l'Europe de demain.

À l'approche du scrutin européen de l'an prochain et alors que les menaces politiques (regain des populismes, replis nationaux) et économiques (conséquences pressenties du Brexit, tensions commerciales avec les Etats-Unis d'Amérique) deviennent de plus en plus prégnantes, la voix des acteurs économiques était attendue. Plus de 700 chefs d'entreprises européens ont participé le 10 octobre 2018 à la 5 ème édition du Parlement Européen des Entreprises (PEE) qui se tient, tous les deux ans, dans l'hémicycle du parlement. À l'ordre du jour de la séance, trois sujets importants qui concernent le quotidien et l'avenir des dirigeants européens : le rôle des entreprises dans la formation initiale des jeunes et la formation continue de leurs collaborateurs, la régulation du commerce mondial impactant l'Union Européenne (UE) et le futur de l'Europe.

Agir et non réagir

Christoph Leitl, le Président d'Eurochambres, association des CCI européennes qui fédère la communauté des affaires de plus de 20 millions d'entreprises en Europe (essentiellement des PME), a porté un diagnostic sans complaisance de la situation de l'Europe. « L'Europe est malade. Elle doit apprendre à décider rapidement, tout en respectant son socle de valeurs démocratiques, plutôt que de rester paralysée et de subir des décisions prises à l'extérieur. L'UE doit agir et non réagir ».

Un diagnostic confirmé par les chefs d'entreprises et parlementaires d'un jour qui, interrogés sur les perspectives de développement de l'UE (intégration du marché unique, élargissement), ont insisté sur la nécessité d'un changement de gouvernance. « Il faut passer à un mode de prise de décision à la majorité qualifiée et non plus à l'unanimité en Europe » a ainsi plaidé Pierre Goguet, Président de CCI France. Un avis qui a été largement partagé par les participants au PEE. Sur la question de la production législative et réglementaire, Eurochambres avait également appelé à plusieurs reprises à « une meilleure élaboration des politiques au niveau de l'UE et non à davantage de politiques ». De même, la Commission européenne devrait, selon l'association des CCI, s'assurer que les mesures votées au niveau de l'Union s'appliquent de manière efficace et dans un délai convenable dans les États membres.
 

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Mobilité choisie ou subie…

Si la priorité à la majorité plutôt qu'à l'unanimité pour éviter les blocages et avancer a été affirmée, l'harmonisation des règles, source de tensions entre pays de l'Union, n'a pas été oubliée. La concurrence jugée « déloyale » par André Garreta, président de la CCI de Bayonne Pays Basque, de pays voisins « soumis à moins de charges fiscales et sociales » a été pointée du doigt. Et l'élu consulaire de regretter de devoir jouer « sur le même terrain de jeu mais avec des règles différentes ».

La question de la mobilité européenne, choisie ou subie, a aussi été abordée par les dirigeants d'entreprise présents à Bruxelles. L'Europe a été volontariste en impulsant et en organisant depuis plus de 30 ans la formation des étudiants dans un autre pays européen dans le cadre du programme Erasmus, puis les stages d'apprentis dans une entreprise d'un autre pays de l'Union via Erasmus+. S'il mériterait d'être encore amplifié, tout spécialement à destination des jeunes en apprentissage qui en bénéficient moins, le programme européen a déjà fortement contribué à donner corps au l'idée européenne. Mais la mobilité des jeunes peut aussi être ressentie comme une contrainte. C'est ce que vivent encore ou ont vécu plusieurs pays du sud de l'Europe comme l'Espagne, la Grèce ou l'Italie. Les chefs d'entreprise lors des débats ont regretté l'exode économique de leurs jeunes confrontés à un chômage massif et ont manifesté le souhait d'un soutien plus fort de l'Union sous la forme de programmes d'investissement pour soutenir la croissance dans leur pays.

 

Brexit : un événement perdant-perdant

Les dirigeants d'entreprise ont également été attentifs au problème de l'adéquation entre éducation et formation et marché du travail. Pour combler les écarts entre l'offre et la demande en compétences - sujet récurrent de débats entre les écoles et les universités d'une part et les représentants du monde économique d'autre part – plusieurs solutions existent. L'évaluation des performances des établissements d'enseignement, avec pour critère central l'aptitude à l'emploi des diplômés (via le Système U-Multirank), et le développement de l'apprentissage en Europe font partie des mesures soutenues par Eurochambres pour réduire l'inadéquation des compétences.

En clôture de cette journée parlementaire, Michel Barnier, Négociateur en chef de l'Union européenne en charge du Brexit, n'a pas cherché à dissimuler les craintes que les chefs d'entreprise européens peuvent légitimement éprouver suite au vote par les britanniques de leur sortie de l'Europe, un sujet d'inquiétudes évident en raison du poids des échanges économiques entre le Royaume-Uni et les pays de l'UE. « Le Brexit est un événement perdant-perdant (et) il y aura des changements pour les entreprises et vous devez vous y adapter » a déclaré l'ex-ministre français et commissaire européen.

European Parliament of Enterprises 2018 - communiqué de presse.pdf
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Mis à jour le 8 octobre 2021