Suggestion d'articles





Le Français Langue d’Intégration : un marchepied pour l’emploi
Plus de mille migrants formés au français et accompagnés vers l'emploi en trois ans. Anna d'Aquin, responsable pédagogique du Centre International d'Étude de Langues de Strasbourg, école de langues de la CCI Alsace Eurométropole, revient sur la réussite de cette opération conduite pour le compte de Pôle emploi.
« En moins d’un an, l’un de nos anciens stagiaires, un géorgien de nationalité grecque qui n’avait que des rudiments de français est passé d’un poste de tireur de câbles à celui de chef d’équipe dans une entreprise de télécommunications en parlant, aujourd’hui, très bien le français ».
Des exemples comme celui-là Anna d’Aquin, responsable pédagogique du Centre International d'Étude de Langues (CIEL) de Strasbourg* pourrait en citer des dizaines. Des témoignages qui illustrent la réussite d’un parcours de Français Langue d’Intégration conduit par le CIEL de Strasbourg entre 2017 et 2019 pour le compte de Pôle Emploi. En trois ans, les équipes pédagogiques du CIEL ont formé au français et réussi à accompagner vers l’emploi 1331 personnes, tous primo-arrivants en France et réfugiés.
* Le CIEL de Strasbourg forme depuis plus de 30 ans des adultes étrangers au français. Le centre qui dépend de la CCI Alsace Métropole et fait du réseau des Centres d'étude des Langues des CCI est détenteur du Label Qualité FLE (au niveau le plus élevé).
Une formation intensive
L’objectif de l’appel d’offres était clair mais ambitieux : intégrer le monde professionnel, grâce à la maîtrise du français, des demandeurs d’emploi étrangers. Au programme : d’une part, une formation intensive au français, mais aussi à la recherche d’emploi, par groupes de 12 à 16 stagiaires pendant trois mois à raison de 32 heures par semaine et, d’autre part, un stage en entreprise de trois semaines.
La motivation des stagiaires était aussi très claire. La plupart d’entre eux avaient pu bénéficier d’ une première formation de 200 heures délivrée par l’Office Français de l'Intégration et de l'Immigration (OFII) dans le cadre du Contrat d'Insertion Républicaine. Ils souhaitaient poursuivre leur apprentissage du français et trouver un emploi, au plus vite, ou, à tout le moins, bénéficier d'une formation qualifiante pour s’insérer plus facilement. En se formant à l’apprentissage de notre langue, les stagiaires n’avaient pas pour ambition d’obtenir la naturalisation qui nécessite d’être résident en France depuis cinq ans.
Allier projet professionnel et réalité du marché de l’emploi
« La tâche était compliquée car le public à former était très hétérogène avec des stagiaires originaires de multiples pays dont certains ne maîtrisaient pas notre alphabet et des parcours professionnels et niveaux de qualification, eux aussi, très divers » explique Anna d’Aquin. Parce que tous partageaient la même priorité d’insertion professionnelle à court terme, les formateurs ont pu mobiliser l’ensemble des stagiaires pour l’acquisition de compétences directement utilisables en situation de travail, en privilégiant l’oral sans oublier, pour autant, la maîtrise des bases de l’écrit. « Concrètement, ils devaient être capables, à l’issue de la formation, de répondre à des offres d’emploi, d’être en mesure d’interagir en situation de travail, de rédiger des mails pour leur conseiller Pôle emploi… » précise la responsable pédagogique du CIEL.
L’insertion professionnelle des stagiaires a aussi été facilitée par la mobilisation des entreprises alsaciennes. « Elles ont joué le jeu en les accueillant en stage même sans avoir de besoins précis en compétences » se réjouit Anna d’Aquin. Le stage et la formation ont servi, en quelque sorte, de marchepied aux stagiaires qui ont tous, à l’issue du programme, pu trouver une formation qualifiante ou un poste dans des secteurs très variés allant du BTP et des transports au nettoyage en passant par le commerce, l’hôtellerie-restauration ou la petite enfance.
Le parti pris de départ était, à la fois, d’accompagner les stagiaires dans l’apprentissage du français mais aussi d’allier le projet professionnel de la personne et la réalité du marché de l’emploi localement. Les équipes pédagogiques du CIEL entendaient ne laisser personne sans solution et donner envie, à chacun, de progresser à son rythme. L’occasion pour tous, grâce à la maîtrise de notre langue, de continuer à évoluer professionnellement et, pour certains, de retrouver un statut qu’ils avaient laissé derrière eux en quittant, contraints, leur pays.
Centre International d'Étude de Langues
Réseau des Centres d'étude des Langues des CCI