Les métiers de l'environnement et du développement durable
Protéger la nature ou transformer l’économie pour mieux préserver les ressources naturelles : la préoccupation environnementale gagne du terrain. La prise en compte de l’environnement se traduit par des évolutions d’emplois traditionnels et par l’apparition de nouveaux métiers. L’économie « verte » séduit par la diversité et la richesse des jobs qu’elle propose.
La lutte contre le réchauffement du climat n’est plus une option. Au niveau international (Agenda 2030 de l’ONU), comme au niveau national (loi de transition écologique en France), les États se sont engagés pour une transformation de leur modèle de société et de leur économie visant une sobriété en carbone et des modes de consommation, de production et d’approvisionnement plus économes en ressources naturelles. La prise de conscience de ces enjeux mondiaux entraîne une mobilisation des citoyens dans les territoires. Elle suscite aussi des vocations professionnelles.
L’économie verte a, de fait, le vent en poupe. En quinze ans, de 2005 à 2020, le ministère de la Transition écologique a constaté une croissance de 43 % des emplois dédiés à la transition écologique qui représentent en 2021, 4,2% de l’emploi en France. D’ici 2030, selon l’Ademe, l’agence de la transition écologique, le nombre de création d’emplois en équivalent temps plein du passage à une économie « bas carbone » devrait s’élever à 1 million à l’horizon 2050 (540 000 attendus pour 2030) ! Cependant, force est de constater, comme le souligne Thomas Gaudin, économiste à l’Ademe, que « le manque de ressources humaines en quantité et en qualité suffisantes empêche, par exemple, la massification de la rénovation énergétique des logements alors que ce sujet est stratégique à la fois pour l’environnement et pour l’emploi ». À noter pour ce chantier important, que l’État a pris la mesure de l’enjeu en consacrant 30 milliards d’euros pour la transition écologique dont 6,7 milliards d’euros pour le financement de la rénovation des bâtiments ouvrant des perspectives d’embauches et de carrières intéressantes perspectives d’embauches et de carrières intéressantes
Verts ou verdissants ?
Cette économie de l’environnement et du développement durable, qui fait travailler près de quatre millions de personnes, se compose de deux grandes catégories de métiers : les métiers dits « verts », moins nombreux que les métiers dits « verdissants ».
Les premiers ont pour finalité la protection et la préservation des espaces naturels et de la biodiversité. Ils visent aussi la prévention, la maîtrise et la correction des dommages causés à l’environnement. Dans leur très grande majorité, ces emplois sont liés à la production d’énergie et d’eau (42 %) et à l’assainissement et au traitement des déchets (36 %). En nombre moins important (22 %), les métiers dédiés à la protection de la nature sont de tous niveaux de qualification du CAP au bac + 5, et concernent aussi bien les administrations, que les associations ou les entreprises. Ils sont exercés le plus souvent en milieu naturel : garde forestier, agent.e. d’entretien des espaces verts, chargé.e des milieux et des espèces, animateur ou animatrice nature, technicien.ne spécialiste de la gestion de l’eau, hydrogéologue…
Les métiers dits « verdissants » n’ont pas pour objet premier la protection de l’environnement mais intègrent les enjeux environnementaux dans leur activité traditionnelle. Ces métiers se sont enrichis de nouvelles compétences pour répondre aux objectifs de la transition écologique et énergétique. Là encore, tous les types d’organisations (entreprises traditionnelles, bureaux d’étude ou cabinets conseils spécialisés, associations, administrations ou collectivités territoriales) recrutent pour veiller à la bonne application des nouvelles normes environnementales. Un grand nombre de secteurs de l’économie sont concernés par cette transformation de leurs activités leur permettant d’atteindre ainsi les objectifs de sobriété en carbone fixés pour 2030.
De l’usage des bâtiments à la dépollution de lieux
Au titre des secteurs très directement mobilisés, citons la construction, l’énergie, les transports, l’agriculture, l’agroalimentaire, la santé et le tourisme. Le bâtiment est un bon exemple de la transformation de fond de son activité. Responsable d’un quart des émissions de CO₂ et consommant 44 % de l’énergie consommée en France, le secteur œuvre, d’une part, à la construction de bâtiments neufs basse consommation, voire à énergie positive, et d’autre part, à la rénovation du parc existant dont les deux tiers ont été bâtis avant 1974, soit bien avant l’apparition des enjeux environnementaux. Pour le secteur, il s’agit plus fondamentalement d’adopter une approche globale de la construction. Les professionnels du secteur doivent repenser la finalité et les modalités d’exercice de leur activité en réfléchissant en amont, aux nouveaux usages des bâtiments, aux étapes de la construction du choix des matériaux à leur emploi, et en aval, à la gestion des déchets et à la dépollution des lieux. Ce sont les directions développement durable des grands groupes du secteur qui sont chargées de penser ces stratégies de maîtrise des risques et de réduction de l’impact environnemental de leur activité.
Pour y parvenir, le BTP fait appel à des ingénieurs éco-concepteurs qui analysent les conséquences pour l’environnement de l’usage des matériaux ou des procédés de construction sur l’ensemble du cycle de vie du produit, depuis la fabrication jusqu’au déchet final. Ces déchets sont aussi, autant que faire se peut, valorisés comme ressources dans le cadre de démarches d’économie circulaire (à l’image des gravats réutilisés pour la construction de routes).
De nouvelles filières
Autres nouveaux métiers dans le secteur, les ingénieurs R&D énergies renouvelables conçoivent l’architecture des systèmes énergétiques quand les ingénieurs d’étude en efficacité énergétique diagnostiquent et analysent la performance d’un bâtiment au regard de ses émissions de CO₂. Mais le secteur recrute aussi des techniciens ou fait appel à des entreprises éco-responsables, souvent artisanales, pour, par exemple, installer des systèmes de chauffage et de climatisation moins énergivores.
L’économie verte s’est aussi enrichie de nouvelles filières industrielles apparues ou développées pour la production d’énergies « plus propres » à l’image de l’éolien, du solaire, de la biomasse ou de l’hydrogène vert. Dans ces nouvelles filières comme dans les activités traditionnelles, les compétences attendues sont diverses et de tous niveaux. Des ingénieurs et des techniciens experts bien sûr, mais pas seulement. Sont également recherchés des financiers pour développer des placements socialement responsables, des juristes en droit de l’environnement pour veiller au respect des normes mais aussi des sociologues pour analyser l’acceptabilité des nouveaux usages. Dynamique, l’économie verte est donc aussi porteuse de sens dans de nombreux domaines d’activité.
Le saviez-vous ?


66%
des déchets sont recyclés ou utilisés comme remblais ¹

113 500
emplois dans la filière des déchets ¹

4 millions
d’emplois dans l’économie verte ⁴
402 300
offres d’emploi dans l’économie verte en 2020 dont 70 % dans les deux secteurs du bâtiment et des transports ³
3 secteurs en pointe dans l’économie verte ⁴ :
37 %
des emplois dans le bâtiment
20 %
dans l’industrie
20 %
dans les transports

20 millions
millions de logements à rénover d’ici à 2050 soit un marché de 14 milliards d’euros ²
60 %
des métiers de l’économie verte rencontrent des difficultés de recrutement ⁴
Sources :
¹ Déchets chiffres clés, Ademe 2020
² Fédération française du bâtiment, 2020
³ Données et études statistiques, ministère de la Transition écologique, 2022
⁴ L’Observatoire national des emplois et des métiers de l’économie verte, 2022