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« La rénovation énergétique : des perspectives d’emplois et de carrières, riches d’expériences »
Trente milliards d’euros du plan de relance seront consacrés à la transition écologique dont 6,7 milliards d’euros au titre de la rénovation énergétique des bâtiments publics et privés. Laurent Trilles, directeur de L’ÉA et du CFI, deux écoles de la CCI de Paris Île-de-France, qui préparent entre autres aux métiers du bâtiment, des travaux publics, de l’énergie, de la mobilité (maintenance mécanique), du ferroviaire et de l’aménagement paysager, s’exprime sur les défis de cette rénovation et l’offre de formation des écoles de la CCI Paris Ile-de-France pour contribuer à les relever.
Quels sont, à vos yeux, les enjeux de cette rénovation énergétique impulsée par le plan « France Relance » ?
Avec près de sept milliards d’euros dédiés, la rénovation énergétique constitue bien un axe majeur du plan de relance post-crise. Le potentiel économique de cette filière de la rénovation est important, mobilisant les acteurs de l’énergie, du bâtiment et de l’aménagement paysager notamment.
La rénovation énergétique s’impose comme une priorité à différents titres : écologique, d’abord, pour lutter contre le changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre ; sociale, ensuite, avec l’amélioration du confort de l’habitat et ce, en premier lieu, pour les 3,4 millions de foyers en situation de précarité énergétique ; économique, enfin, avec la création de milliers d’emplois, l’émergence de nouveaux métiers et la dynamisation d’une filière. Il est à noter que la rénovation est également porteuse d’innovations au travers de la recherche de nouveaux matériaux, de nouvelles solutions et de nouveaux usages. On le constate, par exemple, avec l’essor des équipements de chauffage dits « verts ». En 2019, les achats de pompes à chaleur ont ainsi dépassé les ventes de chaudières à gaz et au fuel.
Des bâtiments énergivores
Rappelons qu’au-delà des obligations réglementaires qui fixent notamment des objectifs de réduction de consommation d’énergie dans les bâtiments à usage tertiaire, le parc immobilier français est très ancien. Près de la moitié des bâtiments - bureaux et résidences confondus – ont été construits avant 1975. Ils consomment en moyenne cinq fois plus d’énergie que les constructions récentes.
Que pèse le secteur de la rénovation énergétique en termes d’emplois ?
L’ADEME a évalué à 300 000 le nombre d’emplois relevant de la transition énergétique. Ces emplois se retrouvent, principalement, dans le bâtiment, les transports et les énergies renouvelables. Les emplois affectés à la seule rénovation énergétique s’élèveraient à 200 000. Le chiffre d’affaires du secteur approcherait les 29 milliards d’euros.
10 000 jeunes et demandeurs d’emplois formés
Face aux enjeux et objectifs de la transition écologique et énergétique, réaffirmés par le plan de relance, les pouvoirs publics ont voulu encourager la formation aux métiers dits verts. C’était le sens du programme "10KVert" lancé en mai 2018 par Muriel Pénicaud, alors Ministre du Travail, et Estelle Sauvat, Haut-Commissaire à la transformation des compétences, qui prévoyait la formation dans l’année de 10 000 jeunes et demandeurs d’emploi. Pour accompagner cette transition écologique et énergique, une mission a aussi été confiée à Laurence Parisot, ancienne Présidente du Medef, qui a proposé un plan de programmation de l'emploi et des compétences.
Au-delà du nombre d'emplois créés, le secteur de la rénovation énergétique offre des perspectives véritables de carrières professionnelles, riches d'expériences, sans oublier, la possibilité de créer sa propre entreprise. La rénovation énergétique propose aussi un large spectre d'emplois allant des métiers de l'installation en passant par ceux de la maintenance, du management des équipes d'intervention, de chefs de projets voire d'entrepreneurs.
Quelle a été la réponse de la CCI Paris Île-de-France pour former aux métiers de la transition écologique et énergétique ?
Pour répondre aux enjeux de la Ville de demain, la Chambre de commerce et d’Industrie Paris Île-de-France a décidé de rassembler deux de ses écoles pour constituer une filière de formation : L’ÉA, les écoles des éco-activités et CFI, l’école connectée au futur de l’industrie.
Quelle est l’offre de formation de L’ÉA - CFI ?
L'offre de formations de L'ÉA-CFI comprend deux volets : l'un se rapporte à la formation initiale, l'autre est relatif à la formation continue. Concernant la rénovation énergétique, nombre des formations de l'établissement permettent d'y satisfaire à différents niveaux, depuis le CAP jusqu'à des diplômes de l'enseignement supérieur, en réponse aux besoins des entreprises et des activités. Les diplômes préparés portent tant sur la maîtrise de l'énergie (électricité, domotique, génie climatique, …) que sur la gestion optimisée des bâtiments (installations thermiques, réseau très haut débit, environnements connectés, …), la gestion du froid industriel ou l'aménagement paysager. En formation continue, nombre de stages inter ou intra entreprises sont proposés aux professionnels sur des questions comme celles de l'installation et de l'entretien des pompes à chaleur, de systèmes de climatisation comme de la végétalisation des toitures.
Et avec quel taux d’insertion et quelles perspectives de carrière ?
En termes d’insertion professionnelle à sept mois, à la sortie des écoles L’EA et CFI, les résultats de l’enquête conduite en 2020, pour la promotion 2019, font ressortir un taux de 85%. La majorité de nos apprenants trouvent, dès leur embauche, un contrat à durée indéterminée, tout aussi bien dans des grands groupes que dans les PME. Concernant leurs carrières, ce n'est pas parce que les apprenants commencent par l’exercice d’un métier technique qu’ils l’exerceront tout au long de leur vie professionnelle. C’est ainsi que d’un métier technique, ils pourront évoluer, dans le futur, vers des activités d’encadrement d’équipe, tout en continuant d’intervenir sur leur cœur de métier. Ils pourront aussi se diriger vers des fonctions de technico-commercial voire devenir entrepreneur, créant alors leur propre entreprise.
Source : ADEME 2017 et Commissariat général au développement durable 2016
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