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La réparation de véhicules de collection, une affaire de passion
Le CFA Le Mans Sarthe a lancé en 2021 une formation spécialisée de « mécanicien réparateur de véhicules anciens et historiques ». Ce Certificat de Qualification Professionnelle vise à faire monter en compétences les mécaniciens et à répondre ainsi aux besoins des garagistes tout en maintenant un patrimoine national. Quand le plaisir de conduire des véhicules de collection rencontre la passion de ceux chargés de leur entretien et de leur réparation…
« Les français aiment la bagnole ! » La célèbre déclaration du Président Georges Pompidou lors de l’une de ses visites au salon de l’automobile, est toujours d’actualité. La bagnole, ils l’aiment neuve et moderne mais aussi ancienne ou de collection.
Afin d’entretenir ce patrimoine, tout autant mécanique que national, l’Association Nationale pour la Formation Automobile (ANFA) a sollicité le Centre de Formation d’Apprentis (CFA) Le Mans Sarthe (reconnu comme CFA pilote par l’ANFA) pour mettre en route une formation spécialisée de « mécanicien réparateur de véhicules anciens et historiques ». Objectif de ce Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) : remettre à niveau les mécaniciens des garages pour qu’ils puissent effectuer toutes les opérations d’entretien, de maintenance et de restauration de ce type de véhicules. En novembre 2022, le CFA de la CCI a remis les titres à la première promotion composée de sept garçons et… d’une fille.
Des mécaniciens spécialisés qui font défaut
Un effectif réduit car cette offre de formation dédiée aux véhicules anciens et historiques s’apparente à une niche sur le marché de la réparation automobile actuelle. Les véhicules de plus de 30 ans ne représentent de fait que 2,5 % du parc roulant en France. Mais une niche recherchée et non négligeable ; le chiffre d’affaires est tout de même évalué à quatre milliards d’euros par la Fédération française des véhicules d’époque ! Dans un parc automobile en pleine transformation avec le développement technologique des véhicules décarbonés, le million de voitures anciennes en service a pourtant toujours la cote.
Les 400 000 propriétaires de véhicules de collection qui entretiennent un lien généralement fort (familial et/ou de passion) avec leur voiture, la traitent aux petits oignons. « Le coût des réparations est parfois supérieur à la valeur financière de ces véhicules, souvent hérités de leurs parents ou de leurs grands-parents ce qui, pour autant, ne les dissuadent pas de continuer d’entretenir ce capital familial » explique Cédric Marin, formateur référent responsable du CQP. Et d’ajouter :
« le premier obstacle de cette clientèle est de dénicher un garage spécialisé capable d’en prendre bien soin. »
Car, de plus en plus, les garagistes calent quand il s’agit de trouver des mécaniciens capables de réparer ces voitures au moteur thermique et à la mécanique bien particulière en termes de carburation, d’allumage ou d’injection. Neuf entreprises sur dix ont du mal à trouver du personnel qualifié, selon l’enquête 2021 de la Fédération internationale des véhicules anciens et de la Fédération française des véhicules d’époque.
Une formation quasiment personnalisée
C’est bien pour répondre à ces attentes et pallier le départ des mécaniciens automobiles partis à la retraite avec leur savoir-faire que le CFA Le Mans Sarthe a conçu cette formation. En 14 mois, les apprenants titulaires d’un niveau bac pro et s’occupant déjà de l’entretien et de la réparation de voitures particulières mais aussi des candidats portant un projet de reconversion, peuvent, pendant cette formation, se spécialiser en revoyant les fondamentaux de la mécanique automobile classique. Avec à la clé, à l’issue de cette formation gratuite et rémunérée, l’acquisition de compétences pour piloter l’intégralité de la prise en charge de ces véhicules : du diagnostic au remplacement des moteurs et des systèmes électriques et hydrauliques en passant par l’entretien et le contrôle des véhicules.
Cette formation complète et quasiment personnalisée vu les modestes effectifs, a ravi la seule fille de la promo. Lola Manceau qui est tombée un peu par hasard dans la mécanique automobile grâce à un stage de 4ème dans un garage proche de son domicile, a découvert ce CQP à la faveur d’un autre stage cette fois-ci au Musée des 24 heures du Mans dans le cadre de son Bac pro. « Le fait de ne pas être nombreux, un ou deux maximums à travailler par voiture, nous permet d’apprendre en étant bien suivi par nos formateurs tout en pouvant ensuite appliquer ces enseignements en situation de travail ; c’est l’avantage de l’alternance » explique la jeune femme de 20 ans. « D’ailleurs, toutes les entreprises d’accueil des alternants sont spécialisées dans l’entretien et la réparation des véhicules anciens, ce qui est une garantie pour l’acquisition des compétences » complète le formateur.
Une histoire de passion, presqu’une mission…
Pour entretenir et réparer au mieux ces véhicules choyés, les réparateurs doivent être à la hauteur. Être tout d’abord en capacité de trouver la documentation technique, évidemment ancienne et donc moins disponible, sur ces vieux modèles. Mais au-delà de la pêche aux informations pour réaliser au mieux leurs interventions, les mécaniciens doivent aussi faire montre de qualités certaines pour satisfaire cette clientèle exigeante et vigilante. « Pour réussir, il faut, d’abord et avant tout, être passionné, mais aussi très minutieux » selon Lola Manceau. « Par minutie, il faut comprendre avoir le souci du détail et du travail soigné car les propriétaires de ces voitures anciennes s’attendent à récupérer en sortie de garage un véhicule remis à neuf » précise Cédric Marin. Les mécaniciens de véhicules anciens doivent aussi être, dixit le formateur, « débrouillards au point de fabriquer parfois leurs propres outils » … « comme l’arrache-roulement que nous avions mis au point pour réparer le train arrière d’une coccinelle » se souvient l’apprenante.
« Pour réussir, il faut, d’abord et avant tout, être passionné, mais aussi très minutieux »
La réparation de voitures de collection est donc bien une affaire de passion, et de passion partagée entre le professionnel de l’automobile et le client qui lui confie ce « précieux » véhicule qu’il a tant de plaisir à conduire. « C’est vrai que les clients en atelier nous posent des questions techniques sur nos travaux ; ils veulent comprendre le pourquoi et le comment, pour mettre d’ailleurs eux-mêmes, de temps à autre, les mains dans le cambouis » sourit la réparatrice.
« Ces véhicules anciens ou de collection font partie de notre patrimoine national. Il nous appartient de le sauvegarder et de transmettre ce savoir-faire aux jeunes qui sont tout aussi passionnés que les propriétaires de ces véhicules » se réjouit Cédric Marin qui participe à de multiples salons pour faire connaître le CQP.
Avis aux jeunes amateurs de belles bagnoles…