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La crise énergétique dans les PME/TPE vue par un conseiller expert des CCI
Face à la crise actuelle de l’énergie, les dirigeants de PME et les TPE, désarçonnés et inquiets, se tournent vers leur CCI pour trouver des solutions pour gagner en sobriété et faire appel à d’autres sources d’énergie. Témoignage et analyse d’Alexandre Goetz, conseiller d’entreprise en transition énergétique à la CCI Grand Est.
Quel est l’état d’esprit des chefs d’entreprise qui vous sollicitent ?
Ils sont évidemment très inquiets face aux augmentations de leurs tarifs énergétiques qui ont été multipliés par cinq et même parfois par dix ! On peut même parler de désarroi comme dans le cas de ce dirigeant d’une entreprise de l’agroalimentaire qui se demandait s’il n’allait pas devoir arrêter sa production et mettre au chômage ses collaborateurs en constatant que la hausse de ses factures d’énergie représente dorénavant deux fois son résultat annuel !
Les dirigeants d’entreprise qui nous contactent en nombre, souvent pour la première fois, sont globalement dépassés par l’évolution de la situation. Le signal « prix » sonne comme une alerte chez ceux qui n’avaient pas l’habitude de suivre leurs consommations et de négocier leurs contrats de fourniture d’énergie. L’énergie est considérée dorénavant comme une priorité car elle est devenue un centre de coûts pouvant menacer l’activité même de l’entreprise. Débordés, les dirigeants gèrent dans l’urgence. Ils ne peuvent plus investir dans des équipements plus performants car leur trésorerie est accaparée par le règlement des factures d’énergie.
« Nous croulons sous les demandes liées à l’installation de panneaux photovoltaïques. »
Dès lors, le réflexe premier de nombre d’entreprises est de chercher à se déconnecter de leurs réseaux d’approvisionnement en énergie. Nous croulons sous les demandes liées à l’installation de panneaux photovoltaïques. C’est le cas de neuf entreprises sur dix que nous rencontrons actuellement. À titre d’illustration, pas moins de 640 entreprises ont participé au webinaire que nous avons organisé sur le thème du « photovoltaïque en autoconsommation » !
Ces entreprises n’ont, le plus souvent, pas réfléchi à leur gestion de l’énergie et pris conscience de la nécessité d’agir d’abord sur leur sobriété et leur efficacité énergétiques. Il y a encore un gros travail de sensibilisation à mener en ce domaine comme l’a d’ailleurs montré la Grande consultation des entrepreneurs de septembre. Trois quarts des dirigeants affirmaient ne pas envisager de réduire leur consommation d’énergie. Cela peut s’expliquer par le fait que des entreprises sont encore couvertes par des contrats négociés avant la crise qui les protègent des hausses actuelles… mais pas de celles à venir ! La situation des entreprises est de mon point de vue pire que pendant la crise sanitaire car les aides de l’État étaient massives et généralisées quand elles sont jusqu’à maintenant très ciblées et limitées.
C’est donc maintenant que les entreprises doivent agir…
Tout à fait. Et elles peuvent agir en premier lieu sur les leviers les plus énergivores grâce à des solutions qui ont un impact direct sur leur facture. L’isolation thermique des bâtiments dans le tertiaire permet ainsi de réduire de moitié les consommations. Il en est même de la régulation des températures des bâtiments ainsi que du désembouage et du calorifugeage des conduits de chauffage qui font gagner facilement plus de 20 points de consommation sur ce poste qui pèse, en moyenne, 50% des consommations d’énergie du secteur tertiaire.
« Les entreprises doivent aussi anticiper la renégociation de leurs contrats en sachant qu’ils doivent s’attendre, une fois la crise passée, à un doublement, à minima, du coût de l’énergie. »
La rentabilité de ces actions est beaucoup plus courte qu’avant du fait du renchérissement de l’énergie. Le retour sur investissement est environ deux fois moins long. Et ce d’autant plus que ces actions peuvent être financées substantiellement par des aides publiques à la rénovation ou par les certificats d’économie d’énergie. Ces dispositifs peuvent représenter de 30 % à 50 % du coût des travaux.
Mais, les entreprises doivent aussi anticiper la renégociation de leurs contrats en sachant qu’ils doivent s’attendre, une fois la crise passée, à un doublement, à minima, du coût de l’énergie. Les entrepreneurs doivent se projeter dans une ère de l’énergie chère...
Et comment la CCI peut-elle les aider ?
Nous proposons aux entreprises un parcours d’accompagnement, appelé NOÉE pour NOuvelle Économie Efficace en carbone, afin de faire monter en compétences les entreprises dans leur gestion de l’énergie. En fonction du montant des dépenses énergétiques des entreprises et après un autodiagnostic en ligne, nous leur proposons des préconisations pour gagner en sobriété ou un accompagnement individuel via des visites « énergie » pour fixer un plan d’action. Avec pour objectifs de faire des économies, avoir une gestion plus efficace de l’énergie sur leur site et aboutir à des stratégies d’achat auprès des fournisseurs d’énergie. Des stratégies d’autant plus opportunes que les marchés du gaz et de l’électricité ont été ouverts à la concurrence depuis 2007 en France.
« Apprenez à comprendre vos factures et suivez-les régulièrement afin de les optimiser. »
90 % des entreprises qui nous sollicitent sont des entreprises industrielles. C’est dans ce secteur qu’il y a les plus gros gisements d’économie d’énergie. Nos interventions pour elles sont diverses : conseil en face à face ou via des ateliers ou des webinaires, accompagnement dans la mise en œuvre de solutions à l’issue d’une visite en entreprise ou directement dans la conduite d’un projet, mise en relation avec des prestataires spécialisés comme les bureaux d’études, et recherche d’aides financières pour mettre en œuvre leurs actions, notamment celles du programme « Climaxion » de l’ADEME et de la Région Grand Est.
Avez-vous un dernier conseil à donner à un dirigeant de TPE/PME face à la crise actuelle ?
Un seul conseil de base et préalable à tout action : apprenez à comprendre vos factures et suivez-les régulièrement afin de les optimiser. Les dirigeants d’entreprise n’ont souvent ni le temps, ni les compétences en matière de gestion de l’énergie ; qu’ils n’hésitent pas à faire appel à un conseil indépendant comme les CCI pour les guider dans leurs choix ! Tiers de confiance, les CCI sont là pour orienter les PME et TPE vers les solutions et acteurs les mieux adaptés à leurs besoins en énergie. Les CCI ont, aussi, pour mission de les convaincre d’engager, dès maintenant, leur transition énergétique. Même si elle difficile à vivre, voire angoissante, cette crise est un accélérateur de la transition énergétique et contribuera à construire un avenir plus autonome et sécurisé.
À découvrir, les offres du réseau des CCI :
Le parcours Transition écologique et énergétique du Grand-Est et les missions d’Alexandre Goetz au service des entreprises.