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« La CCI est le référent énergie externalisé de l’entreprise »
Sur tout le territoire, dans le réseau des CCI locales et régionales, des experts mettent leurs compétences au service des entreprises. Alors que la crise énergétique affecte fortement les entreprises, rencontre avec Alexandre Goetz, conseiller d’entreprise en transition énergétique à la CCI Grand Est.
Quel a été votre parcours professionnel ?
Après un Master professionnel d’ingénierie environnementale, complété par une licence professionnelle en génie climatique et thermique, j’ai commencé à travailler dans un bureau d’études et dans une collectivité locale pour l’animation d’un plan climat énergie. J’ai rejoint la CCIR Alsace Eurométropole en 2013 en tant que conseiller entreprise « énergie et efficacité énergétique » au sein de la direction Développement durable. À l’époque, les entreprises nous sollicitaient déjà beaucoup pour des questions de sobriété et d’efficacité énergétiques, mais plus rarement au sujet des énergies renouvelables ou de récupération.

En quoi consiste votre métier de responsable de conseiller d'entreprise Transition Energétique de la CCI ?
Après sept années passées à sensibiliser, diagnostiquer et visiter les entreprises pour des questions de sobriété et d’efficacité énergétique, j’ai évolué en 2020 vers le développement de projets d’intégration dans les entreprises des énergies renouvelables. Avec un double objectif de décarbonation et de déconnection partielle des réseaux de gaz et d’électricité par l’autoproduction énergétique. Les entreprises sont maintenant plus en demande de solutions pour diversifier leur mix énergétique.
une progression vertueuse du « consommer moins au consommer autrement »
Mais nous ne cessons de rappeler aux entreprises qu’il est indispensable de suivre le processus cohérent d’intervention pour atteindre la performance énergétique. Pour cela, il faut prioriser leurs actions : la recherche de réduction des coûts pour tendre vers la sobriété grâce à des solutions rapides à mettre en œuvre, puis la transformation à moyen terme de leurs équipements et usages pour plus d’efficacité, avant ensuite d’investir dans des énergies renouvelables pour une production locale et autonome d’énergie. En résumé, c’est une progression vertueuse du « consommer moins au consommer autrement ». Cela ne sert à rien de vouloir mettre en place des systèmes d’énergies renouvelables si l’on n’a pas au préalable cherché à réduire et mieux contrôler sa consommation.
Mon rôle de conseiller en transition énergétique est donc de sensibiliser et conseiller les entreprises sur le potentiel offert par les énergies renouvelables et de récupération sur leur site. Cela se traduit par l’installation de géothermie, de panneaux solaires, de biomasse ou de récupération de la chaleur produite par l’entreprise. Ces actions visent l’autoconsommation et peuvent déboucher sur projets de production collective d’énergie partagée au niveau d’un territoire.
Quelle est l’offre de services de votre CCI en matière de sobriété énergétique ?
Notre action s’inscrit dans le cadre d’un programme complet couvrant les problématiques d’énergie et d’économie circulaire appelé NOÉE pour NOuvelle Économie Efficace en carbone. Nous proposons aux entreprises un parcours d’accompagnement pour les faire monter en compétences dans leur gestion de l’énergie. Cela commence par un autodiagnostic en ligne pour identifier le profil énergétique de l’entreprise et récupérer des données sur ses consommations afin de lui proposer les premières préconisations. Ces premières réponses suffisent globalement aux structures du tertiaire, notamment des petits commerces, qui ont des factures d’énergie inférieures à 1 000 euros par mois.
« 90 % des entreprises qui nous sollicitent sont des entreprises industrielles »
Pour les consommateurs plus importants, nous proposons des visites « énergie » qui aboutissent à avoir une vision la plus complète possible du potentiel énergétique d’un site. Cela permet de mettre le pied à l’étrier aux dirigeants de l’entreprise et de l’acculturer aux stratégies d’achat d’énergie qu’ils n’ont pas eues à mettre en œuvre, jusqu’à la crise actuelle compte tenu du coût relativement faible de l’énergie. Des stratégies d’autant plus opportunes que les marchés du gaz et de l’électricité ont été ouverts à la concurrence depuis 2007 en France.
Nous fixons avec les entrepreneurs un cadre d’intervention pour qu’ils aient des repères sur leurs consommations réelles, poste par poste, et pour structurer un plan d’action. 90 % des entreprises qui nous sollicitent sont des entreprises industrielles. C’est dans ce secteur qu’il y a les plus gros gisements d’économie d’énergie. Nos interventions pour elles sont diverses : conseil en face à face ou via des ateliers ou des webinaires, accompagnement dans la mise en œuvre des solutions à l’issue d’une visite en entreprise ou directement dans la conduite d’un projet, mise en relation avec des prestataires spécialisés, type bureaux d’études, et recherche d’aides financières, notamment celles du programme « Climaxion » de l’ADEME et de la Région, pour mettre en œuvre leurs actions.
Si l’on voulait résumer notre rôle, je dirais que la CCI est le référent énergie externalisé de l’entreprise. D’ailleurs, nous fédérons les référents énergie des entreprises au sein de nos trois clubs énergie qui réunissent une centaine d’entreprises. Nous animons également avec l’ADEME un groupement de bureaux d’étude dédié à la performance énergétique. Notre double objectif est donc de favoriser la montée en compétences des PME et d’animer l’écosystème des prestataires spécialistes de l’énergie du territoire. Cet écosystème a été notamment dynamisé par l’application du décret tertiaire qui oblige les entreprises du secteur à réduire progressivement leurs consommations énergétiques.
À découvrir, les offres du réseau des CCI :
Le parcours de formation PROREFEI
Le parcours Transition écologique et énergétique du Grand-Est