Suggestion d'articles
Indice durabilité : responsabiliser les producteurs et les consommateurs
À partir de 2025, l’indice de durabilité remplacera l’indice de réparabilité. L’objectif d’une plus grande transparence sur les produits pour un choix plus raisonné des acheteurs demeure. Le changement porte sur l’ajout d’indicateurs mesurant la robustesse et l’évolutivité des produits. Industriels comme consommateurs sont invités à jouer la carte de la sobriété ; par une économie des ressources pour les premiers et une plus grande longévité des biens pour les seconds.
Le constat
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Quand l’un de leurs appareils d’électroménager tombe en panne, seuls 36% des Français le réparent contre 54% qui le remplacent ! Et l’ADEME de rappeler également qu’un Français produit en moyenne 20 kg de déchets électroniques chaque année.
Et pourtant les bonnes volontés existent pour lutter contre l’obsolescence programmée et ses conséquences économiques et environnementales. Selon le Baromètre de la consommation responsable GreenFlex/ADEME 2023, 53% des Français souhaitent consommer mieux et autrement en adoptant une consommation plus responsable. La moitié des Français considère que la réparation plutôt que le rachat permet de faire des économies en faisant durer les produits plus longtemps.
Le cadre légal
La loi AGEC (Anti-gaspillage pour une économie circulaire) du 10 février 2020 impose depuis le 1er février 2021 l’affichage d’un indice de réparabilité à cinq catégories de produits : les smartphones, les ordinateurs portables, les téléviseurs, les lave-linges et les tondeuses à gazon électriques. Pour accroître l’information et améliorer le choix des consommateurs quant à la durabilité des produits, des critères de robustesse et d’évolutivité ont été ajoutés dans l’indice renommé indice de durabilité. En revanche, le périmètre des biens, lui, se réduit. Seuls les téléviseurs à partir du 8 janvier 2025 et les lave-linges à partir du 8 avril 2025, seront concernés par le nouvel indice.
Les critères
Deux familles de critères composent l’indice de durabilité :
- Ceux qui concernent la réparabilité des équipements : l’accessibilité de la documentation technique, la facilité de démontage ainsi que la disponibilité et le prix des pièces détachées.
- Les nouveaux critères portant sur la fiabilité des équipements : la résistance aux contraintes et à l’usure, la facilité de la maintenance et de l’entretien, l’existence d’une garantie commerciale et d’un processus qualité.
Sur ce dernier point, les producteurs devront prouver qu’ils ont mis en place un système d’amélioration continue de leurs produits incluant, notamment, un suivi des taux de panne. Ce critère vise à augmenter la performance ou les fonctionnalités d’un produit en garantissant, par exemple, la compatibilité des nouveaux développements avec le produit d’origine.
Concrètement, chaque critère donne lieu à une notation avec une échelle d’évaluation de 1 à 10 (le score le plus élevé indiquant la durabilité la plus forte). Et pour rendre l’indication encore plus claire, la notation est complétée par un code couleur (du rouge vif pour les articles non réparables au vert foncé pour les plus facilement réparables).
Conséquences pour les fabricants
Le passage de l’indice de réparabilité à celui de durabilité va contraindre les fabricants à réviser la méthode d’évaluation de la longévité en fonction des types de produit. Un appareil pourra être plus facilement réparable quand un autre aura une longévité potentielle plus grande.
Illustration par l’exemple, la possibilité de remplacer le tambour ou les microprocesseurs des boutons de commande d’un lave-linge est primordiale. La réparation de ces pièces essentielles au fonctionnement de l’appareil – par l’accessibilité du tambour ou l’agencement des microprocesseurs permettant de les remplacer à l’unité au lieu de changer l’ensemble – permettent d’assurer la longévité du produit.
Inversement, l’évolutivité des ordinateurs garantissant leur mise à jour et leur comptabilité avec de nouveaux logiciels améliorant la performance de l’appareil est pour ce type de biens, prioritaire.
Portée de l’indice
L’emphase mise dans le nouvel indice sur la robustesse et l’évolutivité des produits pour améliorer leur durabilité devrait nécessairement faire évoluer les pratiques de conception, de production mais aussi de service après-vente des industriels. Pour assurer la longévité des appareils, fabricants et/ou distributeurs devront mettre en place une offre de services de réparation de proximité pour réparer ou optimiser leurs produits.
Cette transformation économique a aussi un impact environnemental. L’indice entend promouvoir les entreprises engagées dans la réduction de leurs déchets et la diminution des ressources naturelles qu’elles utilisent. Pareillement, la prise en compte de l’empreinte écologique globale de leurs produits – de l’extraction des matières premières jusqu’à leur fin de vie – et l’efficacité énergétique du processus de fabrication, sont aussi visées par l’indice de durabilité.
Enfin, la production de biens « conçus pour durer » devrait aussi changer les pratiques des clients en encourageant une consommation plus responsable et plus durable. La réparabilité et la durabilité des produits contribueront également à la fidélisation de la clientèle séduite par l’amélioration de la qualité de ces appareils.
Limites de l’indice
Il est calculé sur la base d’une durée de vie moyenne d’un appareil testé en laboratoire ce qui ne reflète pas les conditions réelles d’usage et d’entretien de l’équipement.
Les catégories des appareils couvertes par l’indice sont réduites (les téléviseurs et les lave-linges seulement) alors que l’indice pourrait concerner un grand nombre de biens manufacturés ou, à tout le moins, reprendre l’intégralité du champ d’application de l’indice de réparabilité.
Cependant, se félicite Gabriel Colletis, professeur de Sciences économiques à l’Université de Toulouse Capitole et chercheur au Laboratoire d’Etude et de Recherche sur l’Economie, « l’indice de durabilité va permettre aux clients de faire leur choix sur la base de critères neutres, objectifs et compréhensibles par tout un chacun. On passera ainsi d’un rapport à priori de méfiance à un rapport fondé sur plus de confiance ».
Pour en savoir plus :
Sur l’indice de durabilité : l'arrêté fixant ses modalités
Sur les objectifs et les enjeux de la réparation et de la durabilité des produits :