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Grenoble Ecole de management se dote d’une « raison d’être » pour « donner l’exemple »
Grenoble École de Management vient de se doter de la qualité de « société à mission », avec une raison d’être et des objectifs à poursuivre. L’école de commerce de la CCI de Grenoble est l’une des premières en France à avoir entamé cette démarche. Jaclyn Rosebrook, Responsable Sustainability & Global Responsibility, au sein de l’établissement explique les origines et le sens de cet engagement.
Pourquoi avoir voulu doter Grenoble EM d’une « mission » ?
Obtenir ce statut est un peu la suite logique de tous les travaux entamés au sein de l’école depuis près de 15 ans, et répond aux demandes de plus en plus fortes des étudiants. Nous avions créé un comité RSE dès 2009 et, depuis, nous avons adopté une charte RSE en 2010, effectué le premier bilan carbone de l’école en 2013, défini un positionnement stratégique de « business lab for society » en 2015, mais aussi engagé l’établissement dans une démarche zéro déchet en 2017.
Toutes ces démarches ont fait l’objet d’une concertation collective et ont progressivement intégré de plus en plus de volontaires parmi les parties prenantes (étudiant.e.s, professeur.e.s mais aussi intervenant.e.s extérieur.e.s). Se doter d’une raison d’être permet aujourd’hui d’intégrer ces démarches au sein même de la stratégie de l’école et de prendre des engagements en matière de transparence, de reporting et de moyens.
« Notre raison d'être ? Apporter des réponses, par la formation et la recherche, aux grands défis de la transition écologique, sociétale et économique et contribuer à un monde plus résilient, plus juste, plus pacifique, plus responsable. »
Quels sont les engagements pris par Grenoble EM pour remplir cette mission ?
Nos engagements viennent de notre manifeste, duquel découle la stratégie de Grenoble École de Management, et sont alignés avec les Objectifs de Développement Durable (ODD). Nous avons cinq axes stratégiques ou causes :
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Agir avec éthique et défendre l'intégrité physique et morale de toutes les parties prenantes ;
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Défendre le droit à la différence, encourager la diversité et s'opposer à toute forme de discrimination ;
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Favoriser l'accès à une éducation de qualité pour toutes et tous, œuvrer pour l'inclusion et l'égalité des chances ;
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Promouvoir la solidarité et les principes de paix économique, combattre toute forme de corruption et de violence ;
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Reconnaitre l'urgence écologique en luttant contre le réchauffement climatique en préservant les ressources naturelles et la biodiversité.
Nous sommes en train de travailler sur des indicateurs et avons 18 mois pour nous aligner avec nos 5 grands objectifs en tant qu'entreprise à mission.

Pouvez-vous vous donner quelques exemples d’actions mises en place pour poursuivre ces objectifs ?
Au cœur de l’entreprise à mission, il y a une démarche portée par toutes les parties prenantes donc toutes nos réflexions et objectifs doivent être co-construits avec une approche transverse et systémique. Notre comité de sustainability compte 115 personnes qui travaillent actuellement sur les 5 axes stratégiques du manifeste en lien avec les ODD de l’ONU.
Pour citer quelques exemples concrets, nous avons notamment 6 chaires de recherches de GEM qui travaillent avec le Centre d’Etudes en Géopolitique et Gouvernance sur la vulgarisation des travaux de recherche afin de les partager avec toutes les communautés, que ce soit au travers d’ouvrages, de conférences, ou d’événements comme le Festival de Géopolitique, Sharin’Grenoble ou en la Journée de la Paix Economique. Nous avons également créé le « Student Sustainability Pathway », une cartographie interactive permettant aux étudiants de co-construire le développement de leurs connaissances et compétences afin de devenir acteurs d’un monde soutenable tout au long de leur parcours et au-delà. Nous avons aussi déployé des programmes et dispositifs pour favoriser l’intégration et l’accompagnement des étudiants atypiques, encourager l’éducation pour tous et promouvoir l’égalité femme/homme (concours post bac diversité, Refugee Grant Program, Formation Data Asperger, dispositif WoMen@GEM, Chaire Femmes et Renouveau Economique, etc.). Enfin, nous travaillons pour rendre nos pratiques plus « vertes » sur le campus via différents engagements zéro déchet (charte et achats responsables, recyclage et compostage, encouragement des mobilités douce, etc.).
On parle beaucoup des démarches des entreprises en la matière, mais pourquoi est-il également important pour une école de s’engager sur la voie du développement durable ?
Les écoles de commerce forment les leaders d'entreprises de demain donc nous devons donner l'exemple, montrer que l'on comprend bien l'environnement dans lequel évoluent les entreprises, et que nous savons déployer les outils qui sont mis à disposition des entreprises. Dans le monde de l'enseignement supérieur, on parle beaucoup de la formation explicite, mais il a également un volet implicite que nous devons prendre en compte pour transmettre aux étudiants nos valeurs et leur présenter les enjeux du monde actuel.
Encouragez-vous d’autres établissements à suivre l’exemple de Grenoble EM ?
Oui mais, pour cela, il est important de mobiliser des moyens et que la démarche soit vraiment portée stratégiquement et perçue comme une priorité. Il faut également que l'établissement ait la capacité de porter cette démarche collectivement, ce qui n'est pas simple car il faut animer des groupes de travail et mettre en place des actions concrètes.
Depuis que nous avons annoncé l'adoption du statut de « société à mission », nous n'avons que des retours très positifs et cela donne beaucoup d'espoir aux collaborateurs. Ça permet de fédérer tous les acteurs et de les impliquer. Dans leurs actions quotidiennes, ils peuvent porter des projets, être force de proposition, les professeurs peuvent intégrer ces valeurs dans leurs cours.
Photographie du chapeau : Agence Prisme, Pierre Jayet