Décryptage : le rétrofit électrique

C’est le « passage d’une motorisation thermique à une motorisation électrique à batterie ou à pile à combustible ». Concrètement, cela permet de convertir votre véhicule diesel ou essence en véhicule à moteur électrique. Une alternative à l’achat d’un véhicule électrique neuf, avec des enjeux économiques et écologiques forts. Un arrêté du 13 mars 2020 encadre cette procédure et permet « l’homologation en série de véhicules rétrofités » garantissant une conformité des normes de sécurités.

Vous envisagez le rétrofit ? Pour y être éligible, deux conditions seulement :
votre véhicule doit avoir au minimum 5 ans et ne doit pas déjà être électrique. 

Techniquement il n’y pas de limites : on peut convertir tous moteurs thermiques en mettant à la place un moteur électrique et une batterie (…). Le point important est l’usage. (Avec le rétrofit) Il y a une capacité à faire de l’impact, a décarboner la mobilité.

Aymeric Libeau, fondateur Transition-One et co-Président de l’Association Aire - Acteurs de l’Industrie du Rétrofit électrique

La diminution considérable des émissions de gaz à effet de serre du véhicule, de sa pollution atmosphérique mais aussi sonore : tels sont les avantages majeurs du rétrofit électrique.
« Rétrofiter » son véhicule permet de supprimer toutes émissions à l’échappement. Cet avantage est d’autant plus important pour les véhicules thermiques plus âgés, qui émettent plus de polluants.

Le secteur du transport est en effet responsable de 30% des émissions de gaz à effet de serre, dont 97% provenant directement du monde routier… Et si 2035 marquera l’interdiction de commercialisation de nouveaux véhicules thermiques en Europe, ces derniers constitueront encore la moitié du parc automobile, soit 20 millions*.
Une opportunité se dessine donc pour le rétrofit : passer à l’électrique sans pour autant se débarrasser de son véhicule et rentrer alors dans une logique d’économie circulaire, avec une forte diminution des émissions carbones liées.

Il y a par ailleurs, de nouvelles contraintes de circulation en zone urbaine qui émergent, afin de répondre aux problématiques de la qualité de l’air et de sa pollution. Il existe aujourd’hui 11 agglomérations en France avec une Zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) et 32 devraient d’ailleurs venir s’ajouter à liste française d’ici 2025. On en comptabilise déjà par ailleurs plus de 230 en Europe : il s’agit ici d’un véritable sujet de société d’avenir. Et les véhicules rétrofités, comme les véhicules électriques, ne seront pas concernés par les restrictions liées à ces zones.

Enfin, au-delà de cet aspect écologique fondamental, la conversion de son véhicule thermique se ferait à un moindre coût que l’achat d’un véhicule neuf, dont l’empreinte carbone et le prix de production sont particulièrement élevés. L’avantage économique est, là aussi, double : son coût à l’usage et à l’entretien serait moindre que celui d’un véhicule thermique. 

En contrepartie, le prix du rétrofit est élevé. Il varie en fonction de chaque véhicule : il peut débuter à 8 000 € pour une petite citadine, mais en moyenne il faut compter une fourchette entre 15 000€ et 20 000€.

Depuis le 1er juin 2020, le rétrofit électrique donne droit, sous conditions, à une prime versée par l’Etat* dont le montant varie entre 2 500€ et 6 000€ pour une voiture, jusqu’à 10 000€ pour une camionnette et 1 100€ pour un deux, trois roues ou un quadricycle à moteur.

Plus d’informations à ce sujet ici : ecologie.gouv.fr

Par son développement récent, son processus d’homologation fastidieux et un fort investissement de la part des installateurs, le rétrofit reste pour l’instant un marché de « niche ». Actuellement seuls quelques acteurs français sont à ce jour homologués. Pourtant il y a une véritable problématique d’urgence climatique liée à ce sujet.

C’est une réponse majeure sur la transition écologique, il y a des voitures qui existent, on étend leur durée de vie, on les améliore en changeant leur motorisation. Les conséquences du rétrofit peuvent être très fortes sur l’impact écologique. Il y a tout à construire très vite pour une adhésion très forte.

Selon l’étude de l’ADEME, le secteur du rétrofit pourrait crée entre 700 et 6500 emplois. Le rétrofit serait donc une industrie naissante, au fort potentiel d’impact.

* Toutefois pour bénéficier de ces primes, vous devez être propriétaire de votre véhicule depuis 1 an minimum et ne pas le céder dans l’année suivant la transformation ou avant d’avoir parcouru au moins 6 000 km pour une voiture ou camionnette et 2 000 km pour un deux, trois roues ou un quadricycle à moteur. 
Attention, convertir son véhicule grâce au rétrofit ne vous donne pas accès au bonus écologique, qui ne concerne que l’achat d’un véhicule électrique neuf. 

Pour en savoir plus

Etude de l’ADEME

Tout savoir sur le rétrofit électrique | Ministères Écologie Énergie Territoires

*La concertation sur le rétrofit électrique est lancée | Ministères Écologie Énergie Territoires