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Bonzini, la PME familiale qui a fait du babyfoot un objet mythique
Située en Ile-de-France, poumon économique français, l’entreprise familiale Bonzini fabrique des babyfoot 100 % made in France depuis 4 générations. Elle a relevé le pari d’innover pour répondre aux tendances et conquérir de nouveaux marchés.
Elle n’est pas très grande, pourtant elle pèse beaucoup. Sur les 3% du territoire français qu’elle occupe, l’Ile-de-France concentre 12 millions d’habitants, soit 18% de la population française. Région-capitale aux multiples facettes, elle représente un véritable poumon économique pour le pays. Elle accueille plus d’1 million d’entreprises, compte 6,2 millions d’emplois salariés et non-salariés et réalise 30 % du PIB national.
Sans surprise, les services y sont prépondérants : 80% des actifs franciliens travaillent dans le secteur tertiaire, l'administration, la banque, le tourisme, les aides à la personne ou le commerce. Elle compte cependant encore quelques bassins industriels, comme l’automobile dans la vallée de la Seine, l’industrie cinématographique en Seine-Saint-Denis, le marché international de Rungis, ou encore le port de Gennevilliers.
L’Ile-de-France est aussi une région qui se distingue sur le plan scientifique et technologique. Elle totalise 40% des effectifs de chercheurs français, répartis au sein des différents pôles innovation comme Paris Saclay. Par ailleurs, elle se classe comme première destination mondiale pour le tourisme d’affaires en accueillant 400 salons professionnels et 1000 congrès annuels.
Bien qu’elle soit la région la plus riche de France, elle n’en est pas moins contrastée. Elle compte en son sein le département le plus riche ainsi que le plus pauvre de France. Il s’agit aussi d’un grand territoire rural puisque 80% de sa surface est recouverte d’espaces agricoles et forestiers.
Bonzini, roi du babyfoot
C’est en terre francilienne, à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), qu’est née et a grandi la PME familiale Bonzini. Fondée en 1927 par Joseph Bonzini, menuisier, et M. Sopranzi, mécanicien, l’entreprise de mécanique générale et menuiserie industrielle fabrique alors des jeux de loisirs et des pièces pour l’industrie automobile et aéronautique.
Quelques années plus tard, en 1935, la société conçoit son premier modèle de babyfoot. En 1950, Raymond Bergaglia, neveu de Joseph Bonzini, reprend l’entreprise avant de la confier à son fils Gérard, en 1989. Lui-même laisse la direction à sa fille Ingrid, en 2017.
Objet mythique
Depuis 4 générations, ce sont donc les babyfoots qui ont fait la renommée de Bonzini. « Au départ, ils étaient très simples, explique Gérard Bergaglia qui a dirigé Bonzini pendant près de 30 ans. Puis, au fil des années, ils ont été transformés en un véritable bien d’équipement. » Les dirigeants ont su faire de ce jeu populaire un objet mythique, pour beaucoup symbole des années lycée, du service militaire ou des lieux de vacances. Selon l’entreprise, près de 9 cafés français sur 10 équipés d’un babyfoot détiennent un Bonzini. Aujourd’hui, leurs jeux équipent de nombreux lieux accueillant du public : du bistrot au lycée, en passant par la start-up, le grand groupe, l’association de quartier ou encore le musée.
Pourtant, rien n’était gagné pour cette PME mono-produit (babyfoot) et, au départ, mono-marché (cafés). Petit à petit, elle a su maîtriser le risque en choisissant de se développer et d’innover.
Miser sur la qualité pour conquérir le monde
Bonzini a choisi de miser sur le développement à l’international. Plus de 30% de sa fabrication part aujourd’hui vers 70 pays. Les Chambres de commerce et d’industrie, notamment la CCI Seine-Saint-Denis à travers son Forum Export, ont joué un rôle important pour la PME et lui ont ouvert les portes du marché japonais et chinois notamment.
« Le respect de nos valeurs nous a accompagnés toutes ces années, insiste Gérard Bergaglia. La première de ces valeurs est la qualité. C’est le cheval de bataille qui nous a permis de conquérir des marchés et séduire des utilisateurs. » Elle emploie aujourd’hui 42 personnes, produit annuellement 5400 babyfoots et réalise un chiffre d’affaires de 8,1 millions d’euros (2018).
Croire dans le made in France
La fabrication des Bonzini est 100 % française. Tous les babyfoots voient le jour à deux pas de Paris, à Bagnolet. « Notre babyfoot est un produit semi-artisanal fabriqué à l’échelle industrielle », explique Ingrid Bergaglia, présidente de Bonzini. C’est-à-dire qu’il est fabriqué en série de production, mais sans faire appel à des commandes numériques. »
Dans les ateliers, une vingtaine de menuisiers débitent, découpent et façonnent le bois issu des forêts françaises, puis assemblent les meubles. De leur côté, les mécaniciens assurent la fabrication des pièces mécaniques (barres, monnayeurs…) et leur montage. Le traitement de surface et la peinture des joueurs sont effectués par des sous-traitants en région parisienne. La durée de vie des babyfoots est censée approcher le demi-siècle. L’entreprise est, en tout cas, impliquée contre l’obsolescence programmée et offre la possibilité de se procurer les pièces détachées pour remettre les jeux à neuf.
Proposer des babyfoots uniques
Depuis les années 1990, le fabriquant de babyfoots propose de personnaliser ses produits. D’abord au travers du choix des couleurs, ensuite via la création d’objet sur-mesure. Meuble laqué, gaine en cuir, sérigraphie, autres figurines : tout est possible. La société Ruinart s’est par exemple offert un babyfoot Bonzini dont les joueurs sont des bouteilles de champagne en métal au bouchon couleur or ou cuivre. « Nous donnons la possibilité de s’approprier l’objet, sans que cela soit au détriment de la qualité et de la sensation de jeu, explique Ingrid Bergaglia. Nous refuserions de faire un babyfoot qui n’en soit plus un. »
Les babyfoots sont devenus des supports de communication efficaces, adoptés par des grandes marques comme Perrier, Vuitton… « Lors de grands événements sportifs, culturels, économiques, nous sommes sollicités par des grandes entreprises ou des institutions, illustre Gérard Bergaglia. Nos babyfoots servent d’ambassadeurs de leurs actions. » Par exemple, lors de l’Euro 2016, Bonzini a noué un partenariat avec le Centre des Monuments Nationaux. Des babyfoots ont été installés au cœur de site culturels d’exception tels que le Château de Vincennes, de Pierrefonds ou d’If !
Promouvoir la diversité
Outre la qualité de ses produits, Bonzini promeut des valeurs humaines fortes qui se traduisent dans l’évolution de ses produits. En 1985, l’entreprise devient le 1er fabricant à créer un modèle adapté aux personnes à mobilité réduite. À l’occasion de la Coupe du monde de 1998, Bonzini réalise une équipe à l’image de nos champions français, en proposant une diversité ethnique au sein des figurines. En 2006, la première joueuse Bonzini voit le jour.
En 2019, sollicitée par l’ancienne internationale de foot Nicole Abar à l’occasion de la Coupe du monde féminine de foot en France, l’entreprise francilienne a imaginé une nouvelle joueuse, plus en phase avec le profil des footballeuses actuelles. Elle propose désormais d’équiper ses babyfoots avec des équipes mixtes ou entièrement féminines. 10 babyfoots mixtes Bonzini sont d’ailleurs utilisés lors de la Coupe du monde de Football sur Table, se tenant du 2 au 7 juillet 2019, en Espagne. « Nous ne cherchons pas à opposer les hommes et les femmes, souligne Ingrid Bergaglia. Mais nous souhaitons avancer sur l’égalité, d’où la possibilité de mettre de la mixité dans les équipes. »
L’innovation chez Bonzini, c’est aussi la création du premier babyfoot connecté avec la start-up Tecbak, en 2010. « Au départ, nous étions peu ouverts à cette idée, car nous avions des retours de clients témoignant que le babyfoot permettait de se déconnecter », se souvient Gérard Bergaglia. Finalement la PME décide de répondre à ce défi ouvrant de nouvelles perspectives et participe également à la création du premier réseau social d’e-babyfoot. Comme quoi, de la menuiserie artisanale à la tech : tout est possible !