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Les achats à des start-ups : enquête sur les pratiques des entreprises
Le Gouvernement lance une campagne de communication « Je choisis la French Tech » pour inciter les entreprises quelle que soit leur taille ainsi que les administrations françaises à doubler, d’ici 2027, les achats de solutions proposées par des start-ups. Pour dresser un état des lieux des pratiques d’achat des entreprises, le réseau des CCI rend publique une enquête réalisée en juin 2023 sur leur recours aux jeunes entreprises porteuses d’un projet innovant.
Peuvent mieux faire ! Tel est en résumé, l’enseignement premier du sondage réalisé du 5 au 13 juin 2023 par Opinionway pour le compte du réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie. De fait, les 410 entreprises interrogées, comptant au moins 10 salariés, sont encore très peu nombreuses à faire appel aux solutions développées par des start-ups.
Pour rappel, le terme « start-up » regroupe des réalités bien différentes : entreprise en phase démarrage, innovante, en forte croissance de chiffre d’affaires ou de capital. Les critères se cumulent le plus souvent. L’Insee retient comme définition : « une entreprise nouvelle qui porte un projet innovant ».
Seuls 6% des dirigeants de l’échantillon déclarent avoir acheté des prestations à une jeune entreprise innovante durant les 12 derniers mois. Plus encourageant, 19 % des entreprises pourraient le faire prochainement.
Pour quels besoins ?
Les motivations des dirigeants ayant effectué ou prévoyant des achats auprès de start-ups sont assez diverses : des prestations liées à la transition environnementale (33%), à l’exploitation des datas (27%), à la cybersécurité (24%) et au conseil ou à de l’hébergement de données (21%).
Pour quels montants ?
Le volume des achats reste pour l’heure encore modeste. Le montant moyen des achats effectués ou prévus est de 25 000 euros. 56 % des clients dépensent même moins de 10 000 euros. Sur la base, réduite, des entreprises ayant effectivement acheté des solutions proposées à de jeunes entreprises innovantes (6% des répondants), la part de ces achats représente moins de 10 % de leurs achats globaux !
Les freins à l’achat :
La première raison invoquée par les entreprises n’ayant pas encore fait appel aux services de start-ups est l’absence de besoin ou l’existence en interne de compétences suffisantes (56% des réponses). Viennent ensuite l’inadaptation des solutions proposées aux besoins des entreprises (34%). La méconnaissance de l’écosystème numérique et de start-ups mobilisables est la troisième raison de l’absence de commande (13%).
Et pourtant…
Pour codévelopper un produit ou le tester, améliorer l’efficacité des processus de l’entreprise ou générer plus rapidement des profits pour la jeune pousse, la collaboration entre start-ups et grands groupes peut être fructueuse. Le baromètre de la relation start-up/grand groupe du Village by CA Paris et Deloitte publié le 14 juin 2023, met bien en lumière les bénéfices partagés. Deux tiers des grands groupes interrogés soulignent l’avancement technologique des jeunes pousses innovantes et la possibilité d’intégrer dans l’entreprise de nouvelles solutions pour améliorer, notamment, l’expérience client. Très majoritairement, les start-ups mettent en avant, prioritairement, l’augmentation directe du chiffre d’affaires (81%) et de leur visibilité (64%).
Une enquête européenne Sopra Stéria « Open innovation report 2023 » confirme le retard français dans la collaboration entreprise/start-up. 14 % des entreprises françaises interrogées la considère « peu importante » et 33 % « légèrement importante ». Et pourtant, 67 % des dirigeants tricolores se déclarent satisfaits des résultats, fruits de leurs partenariats avec de jeunes entreprises innovantes.
« Je choisis la French Tech »
Des résultats qui apportent de l’eau au moulin de la campagne de communication gouvernementale « Je choisis la French Tech » dont l’objectif est de parvenir à doubler les achats par les entreprises et les administrations de solutions à des start-ups d’ici 2027.
Pour y parvenir cinq axes d’intervention ont été retenus :
La formation des acheteurs publics et privés sera amplifiée, car ils sont au cœur des décisions d’achats des entreprises et administrations publiques.
Plus de 30 évènements de mise en relation entre start-ups et autres acteurs du tissu économique français sont programmés d’ici fin 2023.
De nouveaux financements sont déployés au profit d’acteurs émergents : la Direction des Achats de l’Etat s’engage à doubler la commande de l’Etat à destination des PME innovantes de 2,4% à 4% d’ici 2027 (pour un montant avoisinant un milliard d’euros).
La mise en place d’un cadre réglementaire approprié permettra de lever les blocages et de créer des incitations à collaborer avec les start-ups.
Une communication active valorisera les collaborations réussies entre les grands donneurs d’ordre publics et privés et les start-ups de la French Tech.