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Le vrac : un mode d’achat écologique et économique
Favorisé par la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et l'économie circulaire, le vrac a le vent en poupe. Économiquement intéressant et écologiquement plus vertueux, ce type de vente se développe et se diversifie.
Le vrac, la juste quantité et le juste prix ! Le succès de la vente de produits sans emballage, en quantité choisie par le consommateur et dans des contenants réemployables ou réutilisables, s’explique par deux raisons principales : les économies réalisées (volume d’achat maîtrisé, baisse du prix du fait de la suppression de l’emballage) et les bénéfices écologiques (pas de surconsommation, diminution des déchets).
Avec un chiffre d’affaires estimé à 1,3 milliard d’euros en 2020, selon l’étude du cabinet Nielsen sur le vrac en France, ce marché est en croissance de 8% par an. La crise sanitaire ayant entraîné la fermeture des commerces de proximité a freiné la progression de ce mode d’achat qui avait bondi de 41 % entre 2018 et 2019. Le nombre d’ouvertures de commerces fixes et ambulants proposant des produits en vrac avait été multiplié par neuf entre 2015 et 2019. Sur cette lancée, les projections tablent sur un marché du vrac de 3,2 milliards d’euros pour 2025.
Une offre de plus en plus diversifiée
Si le vrac est apparu dans les années 1980 dans les enseignes bio, il n’est plus l’apanage des seuls « bobos ». L’étude Nielsen estime que 62 % des Français souhaiteraient plus de produits en vrac (84 % parmi les acheteurs actuels).
Les attentes des consommateurs sont de plus en plus diversifiées :
- l’épicerie (74 %),
- l’entretien de la maison (58 % ),
- l’hygiène-beauté (43 % )
- les aliments pour animaux (30 % ).
Le vrac tend à s’installer dans les habitudes de consommation de 5,4 millions de foyers français. De fait, quatre Français sur dix déclarent recourir au vrac. 63 % des Français souhaiteraient aussi pouvoir acheter en vrac les produits de grandes marques qu’ils acquièrent, pour l’heure, classiquement emballés.
Les acheteurs réguliers de produits en vrac privilégient les enseignes bio (63%) devant les supermarchés et hypermarchés (56%) et les épiceries en vrac (15%). Les acheteurs occasionnels fréquentent quant à eux en priorité, les rayons vrac de la grande distribution (61%) avant les magasins bio (53%) et les épiceries spécialisées (10%).
Le vrac boosté par le législateur
En 2019, 88 % des magasins bio et 70 % des grandes surfaces disposaient déjà d’un rayon vrac. Depuis le 1er janvier 2021, chaque consommateur peut apporter un contenant réutilisable dans les commerces de vente au détail et participer ainsi à la réduction des emballages. La démarche écologique a aussi un intérêt économique. « 70 % des consommateurs attendent en achetant en vrac des marques moins chères qu’emballées, car, comme le commente Isabelle Kaiffer, Directrice des études consommateurs de Nielsen, ils ne veulent pas payer pour l’emballage qui n’existe plus. » Ainsi, les clients qui apporteront leur propre contenant pour l’achat de boissons bénéficieront d’un rabais que devra leur offrir le commerçant comme le stipule le code de l'environnement.
Par ailleurs, la loi du 10 février 2020 impose aux commerces de détail ayant une surface de vente d’au moins 400 m², de mettre à la disposition de leurs clients des contenants réemployables ou réutilisables propres, à titre gracieux ou onéreux, dans le cadre de la vente de produits en vrac. Pour y parvenir, les commerçants peuvent, par exemple, installer des points de reprise de contenants réutilisables.
Des commerçants pas emballés ?
Si le vrac séduit de plus en plus de consommateurs qui y trouvent ainsi le moyen de tester de nouveaux produits en achetant la quantité nécessaire, il interroge les commerçants. Qui dit distributeur de produits à la commande, dit approvisionnement et nettoyage réguliers de ces appareils, formation du personnel, affichage complet de l’information sur les distributeurs, sans oublier les pertes de marchandises associées au libre-service (erreur dans la commande, produits gaspillés lors du remplissage…).
Ces questions d’organisation personnelle, de manque d’informations sur les produits, d’offre réduite et d’hygiène expliquent qu’un quart des Français n’ont encore jamais acheté de produits en vrac. Point important, rassurant pour les commerçants, ce sont les consommateurs qui, comme le précise la législation, sont responsables de l’hygiène et de l’aptitude du contenant. En conséquence, un commerçant peut tout à fait refuser de servir le client si le contenant ne répond pas à ces exigences.
Mais la route vers le vrac semble tracée. À preuve, on ne comptait en France que deux épiceries spécialisées dans ce type de vente en 2013, 150 sept ans plus tard et 465 en 2020. Nombre de facteurs expliquent la croissance de ce type de vente : accroissement du parc de magasins proposant des produits en vrac, diversification de l’offre avec l’apparition des grandes marques et l'incitation légale précisant que « tout produit de consommation courante peut être vendu en vrac, sauf exceptions dûment justifiées par des raisons de santé publique ». Reste à imaginer des solutions pour faciliter le réemploi ou la réutilisation des contenants permettant d’élargir l’offre de produits et de garantir des conditions d’hygiène sécurisées aux consommateurs.
Quatre fois plus de surfaces de vente en dix ans
La loi Climat et résilience du 24 août 2021 prévoit aussi, d’ici 2030, l’obligation pour chaque magasin disposant d’une surface de vente de 400 m² ou plus, de consacrer au moins 20% de cette surface à la vente en vrac de produits de grande consommation (ou dispositif d’effet équivalent exprimé en nombre de références ou en proportion du chiffre d’affaires). Les objectifs de réduction des déchets, notamment plastiques, et de lutte contre le gaspillage alimentaire sont clairement affichés.
Pour atteindre cet accroissement des surfaces de vente, il faudra, estime le ministère de la transition écologique, multiplier par quatre en dix ans l’offre actuelle. D’après le ministère, le vrac représenterait pour l’heure entre 1 et 3% seulement des produits vendus dans les commerces de plus de 400m² en France. Pour autant, les commerçants devraient pouvoir comptabiliser les ventes de fruits et légumes, de légumineuses, de produits vendus à la coupe (par exemple, le fromage ou la charcuterie) pour se mettre en conformité.
In fine, entre les acheteurs réguliers qui trouvent dans le vrac une solution pour réduire les déchets d’emballage et les occasionnels, d’abord motivés par les économies générées par un achat en juste quantité, ce type de vente est appelé à se développer. Mr et Mme Tout le monde croisent dorénavant l’avant-garde « écolo » devant les distributeurs de produits en vrac…

Qui achète en vrac ?
40 % des acheteurs habitent en zones rurales ou dans des villes de moins de 20 000 habitants
53 % ont plus de 50 ans
31 % : retraités
14 % : cadres supérieurs
14 % : ouvriers
38 % vivent seuls
Avec quelle fréquence ?
40 % des acheteurs français de produits en vrac le font une fois par mois ou plus souvent
Avec quelle motivation ?
37 % : la quantité recherchée
22 % : la réduction des déchets d’emballage
10 % : les économies réalisées
Source : Réseau Vrac et Nielsen Panel Views, bilan du marché du vrac en 2020, enquête auprès de 9 900 foyers répondants.