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Le Turn-over : Comprendre, anticiper et agir
Le turn-over désigne le taux de renouvellement des effectifs au sein d’une organisation sur une période donnée. Il est un indicateur clé de la santé d'une entreprise, souvent causé par des problèmes de management, une mauvaise adéquation poste-collaborateur, l'absence de perspectives d'évolution, des conditions de travail dégradées et une rémunération insuffisante. Cependant, un taux supérieur à 20 % est préoccupant. Comment les entreprises peuvent-elles réduire ce phénomène tout en transformant ces défis en opportunités pour améliorer la satisfaction et la fidélisation des collaborateurs, ainsi que leur compétitivité à long terme ?
Le turn-over est un indicateur clé de la santé de l'entreprise.
S’il est naturel qu’une entreprise connaisse des départs et des arrivées, un taux élevé de démissions et de ruptures conventionnelles devient préoccupant, car il engendre des coûts directs (recrutement, formation) et indirects (perte de savoir-faire, baisse de la productivité, démotivation des équipes restantes). Ce phénomène touche aussi bien les entreprises privées que les structures associatives, dont les ressources humaines sont souvent le pilier du bon fonctionnement.
Quelles sont les causes majeures d'un turn-over élevé ?
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Des problèmes de management et de leadership
Un style de management inadapté peut pousser les collaborateurs à quitter leur poste. Un manque de reconnaissance ou d’accompagnement individuel favorise l’insatisfaction.
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Une mauvaise adéquation entre le poste et le collaborateur
Des recrutements mal calibrés ou une mauvaise communication sur les missions réelles peuvent générer une désillusion rapide.
Si les attentes professionnelles ou personnelles du salarié ne sont pas respectées, il cherchera un poste ailleurs.
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Une absence de perspectives d’évolution
L’absence de parcours professionnel clair, de formations ou de promotions freine l’engagement à long terme. Les collaborateurs recherchent un cadre où ils peuvent évoluer et acquérir de nouvelles compétences.
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Des conditions de travail dégradées
Des charges de travail excessives, un manque de moyens ou une mauvaise ambiance de travail impactent fortement la fidélisation. Les conditions matérielles (locaux vétustes, équipements obsolètes) peuvent aussi jouer un rôle.
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Une rémunération et/ou des avantages insuffisants
Un salaire jugé insuffisant par rapport au marché ou un manque d’avantages sociaux incite à la mobilité.
Seuil d'alerte : Quand s’inquiéter du turn-over ?
Un turn-over naturel se situe entre 10% et 15% par an. Ce taux reflète le renouvellement normal des effectifs et l’évolution de carrière des salariés.
Cependant, un taux supérieur à 20% (surtout dû à des démissions et ruptures conventionnelles) doit alerter.
Il est essentiel de distinguer :
- Le turn-over volontaire (démissions) :
reflète un problème interne. - Le turn-over involontaire (licenciements) :
peut être lié à des erreurs de recrutement ou à une restructuration. - Le turn-over externe contraint (ruptures conventionnelles) :
souvent utilisé par les salariés pour quitter une situation qu’ils jugent insatisfaisante.
Formule du taux de turn-over :
Taux de turn-over (%) = (Nombre de départs sur la période/Effectif moyen sur la période) ×100
Etapes détaillées du calcul :
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Déterminer le nombre de départs :
- Inclure toutes les démissions, ruptures conventionnelles, licenciements, et départs à la retraite.
- Ne pas compter les fins de contrat temporaire (CDD, intérim).
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Calculer l’effectif moyen :
Effectif moyen = (Effectif au début de la période + Effectif à la fin de la période)/2
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Appliquer la formule :
Divisez le nombre de départs par l’effectif moyen, puis multipliez par 100 pour obtenir le pourcentage.
Quelles sont les pistes pour réduire le turn-over ?
Améliorer les pratiques de management
Les managers peuvent être formés au leadership bienveillant et à la gestion des talents. Il peut être judicieux d'encourager les feedbacks réguliers et les reconnaissances individuelles.
Revoir les processus de recrutement
Les profils recherchés doivent être mieux définis et il est essentiel de s'assurer que les candidats partagent bien les valeurs de l’entreprise. Les missions, les attentes et les perspectives d’évolution doivent être clarifiées dès l’entretien.
Favoriser la fidélisation des talents
Des plans de carrière peuvent être mis en place. Des formations régulières ainsi que des projets motivants et valorisants doivent être proposés.
Il est également nécessaire d'adapter la charge de travail et de veiller à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Renforcer la politique de rémunération
La politique de rémunération pourra être revue afin de proposer des salaires compétitifs, des avantages attractifs (mutuelle, télétravail, primes) ainsi que des dispositifs de participation et d’intéressement.
Améliorer la qualité de vie au travail (QVT)
L'environnement de travail peut être rendu plus agréable par l'aménagement d'espaces collaboratifs et l'usage d'équipements modernes. La convivialité et l’esprit d’équipe peuvent être favorisés par l'organisation d'événements internes fédérateurs et festifs.
Le turn-over, une opportunité de transformation ?
Un turn-over élevé n’est pas une fatalité, mais un signal d’alarme qui doit inciter les dirigeants à repenser leur gestion des ressources humaines. Plutôt que de le subir, ils peuvent y voir une opportunité d’améliorer leurs pratiques internes, de renforcer la satisfaction et l’engagement des collaborateurs, et ainsi de construire une culture d’entreprise plus solide.
Chaque structure, qu’elle soit associative ou privée, a intérêt à analyser régulièrement son taux de turn-over. En agissant sur les causes profondes, elle pourra non seulement réduire son turn-over, mais aussi fidéliser ses talents et renforcer sa compétitivité sur le long terme.
Mauricette Loko,
Conseillère RH
CCI Val-d-Oise