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Le Grenier : produits locaux, services du quotidien et convivialité

Plus d’un demi-siècle après la fermeture de son épicerie, le village de Gardères (65) a vu s’ouvrir, à l’été 2019, le Grenier, un nouveau commerce multiservices. Sa propriétaire, Laetitia Da Costa, l’a pensé comme un lieu convivial où les habitants peuvent venir se procurer des produits locaux de qualité.

Cela faisait près de 70 ans que Gardères, petite commune située entre Pau et Tarbes, n'avait plus d'épicerie. Pourtant, les 500 habitants du village souhaitaient retrouver leur commerce de proximité. Cette volonté est ressortie de la consultation menée, en 2014, par la maire fraîchement élue. Au vu des résultats, l'édile décide de lancer un projet mais cherche des volontaires pour tenir le commerce. Ouvrir une épicerie dans son village où elle a toujours vécu, c'est justement le rêve de Laetitia Da Costa qui décide de prendre rendez-vous avec la municipalité. Cinq ans plus tard, en août 2019, Le Grenier sort de terre.

Pour faire naître le commerce, Laetitia Da Costa a bénéficié de l’accompagnement de plusieurs acteurs locaux. « Toute la base du projet – la réflexion, les recherches, les aides –, a été réalisée avec la CCI, explique-t-elle. Cet accompagnement a été fabuleux. Sans ça, je n’aurai pas pu le réaliser ». La communauté d’agglomération de Tarbes et le réseau Initiative lui ont également apporté beaucoup d’aide. La commune a, pour sa part, fait construire le local, à proximité du cœur de village.

Laetitia Da Costa

« Toute la base du projet – la réflexion, les recherches, les aides –, a été réalisée avec la CCI. Cet accompagnement a été fabuleux. Sans ça, je n'aurai pas pu le réaliser »

Répondre aux besoins des habitants

Le Grenier, en référence à cet endroit où l’on stocke traditionnellement les provisions et autres récoltes, Laetitia Da Costa l’a imaginé comme « cocon » avec une touche nature. « Pour l’aménagement, j’ai privilégié le bois et la récupération. J’ai racheté mes meubles à une dame qui fermait son magasin et construit mon charriot, qui sert d’étal aux fruits et légumes, à partir de palettes », explique-t-elle. De gros fauteuils en cuir accueillent les clients qui veulent boire une boisson chaude dans un espace « salon de thé ».

« Pour l'aménagement, j'ai privilégié le bois et la récupération. »

Au Grenier, on y vient pour faire ses courses, comme pour prendre un café en lisant le journal. Laetitia Da Costa a pensé son épicerie comme un commerce de proximité qui puisse répondre aux besoins de la population, où l'on retrouve des produits de première nécessité, des fruits et légumes, produits en direct des producteurs locaux (charcuterie, crèmerie, fromages, huile, miel, bières…), des vins et spiritueux, du vrac en bio, la presse locale et des jeux d'argent et de hasard. L'entrepreneure travaille également avec une boulangerie et un fleuriste pour proposer pain, viennoiseries et fleurs fraiches. Le weekend, elle sort sa rôtissoire pour y faire dorer des volailles élevées en plein air, fournies par un éleveur local. Au fil de ses envies et des demandes des clients, Laetitia Da Costa a ajouté des services comme le dépôt de pressing et le retrait d'argent. Elle devenir un point « Relais Colis » bientôt. « Tant que j'ai assez de bras, je propose des nouvelles choses ! », s'amuse-t-elle.

Trouver des produits de qualité à côté de chez soi

Cette offre variée séduit les clients. « Le bilan a montré que huit mois après avoir ouvert, j’étais déjà sur les résultats de l’année 2 », se réjouit-elle. La période de confinement lié à la pandémie de coronavirus lui a permis d’élargir sa clientèle. « Il y a une fréquentation incroyable, se réjouit la commerçante. Certains ont découvert qu’ils pouvaient trouver des produits de qualité près de chez eux, sans avoir à aller à Tarbes ou Pau. » Pour entretenir le lien et fidéliser sa clientèle Laetitia Da Costa s’appuie notamment sur Facebook où elle poste régulièrement les nouveautés, des offres ou des demandes. « Il m’est arrivé d’être embêtée car j’avais trop de pain, illustre-t-elle. J’ai posté un message sur Facebook et en 20 minutes tout était vendu ! »

« Ce projet est le fruit d'un travail collectif »

Comment avez-vous été amené à prendre en charge ce dossier ?

La CCI Tarbes Hautes-Pyrénées a été impliquée dès le début du projet. Nous avons été contactés et mandatés par la commune de Gardères pour faire une étude de faisabilité concernant la création d'un commerce. L'étude montrait qu'il y avait du potentiel. Nous avons donc conventionné avec la municipalité et accompagné Laetitia Da Costa, la porteuse de projet.

En quoi a consisté l'accompagnement ?

J'ai mis en place un accompagnement individualisé pour aider Laetitia Da Costa dans le montage du projet : étude du marché, prévisionnels, aménagement du point de vente… Nous avons monté ensemble un dossier pour aller chercher des aides auprès de la Région Occitanie et de la plate-forme Initiative locale. Si elle avait une question, elle pouvait m'appelait. Par ailleurs, la commune est allée chercher des subventions auprès de la Région pour la construction du bâtiment et nous avons défendu le dossier.

Qu'est-ce qui a fait, selon vous, la réussite de ce projet ?

Toutes les conditions étaient réunies. Ce projet est le fruit d'un travail mail dans la main entre la commune, la porteuse de projet, la communauté d'agglomération et la CCI. Chacun est resté dans sa zone de compétence, et ça s'est très bien passé.
Par ailleurs, Laetitia Da Costa était la candidate idéale : c'est une habitante de Gardères, ce qui est important pour l'acceptation du projet, elle avait travaillé dans le commerce de fleurs donc elle connaissait le métier et était habituée à gérer des denrées périssables, et enfin elle était très motivée.

En quoi ces projets de commerce multiservices sont pertinents ?

Ils permettent de mailler le territoire avec de l'activité commerciale, de recréer un petit point de vie et d'apporter du service à la population. En revanche, il faut trouver le bon exploitant et cela n'est pas facile : il y a beaucoup de candidats et peu d'élus. Quand on ouvre ce type de commerces en milieu rural, il faut s'attendre à ce que le chiffre d'affaires ne soit pas exceptionnel, la rémunération pas mirobolante, et les horaires très étendus. Cela nécessite des compétences de gestion et de vente mais c'est aussi un projet de vie qui doit être soutenu par la famille. Enfin, pour les communes, il faut considérer cela comme du service à la population. Ce n'est pas avec ce type de projet qu'elles vont pouvoir réaliser une opération financière.

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Mis à jour le 8 novembre 2021