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« J’étais comme la fleuriste de garde du département »
Stéphanie Paillot est fleuriste à Pont-de-Roide-Vermondans, dans le Doubs, depuis 1993. En 27 ans de métier, c’est la première fois qu’elle est contrainte de fermer boutique à cause d’une crise sanitaire. La fleuriste n’a pas pour autant cessé son activité, bien au contraire.
Comment votre activité a-t-elle été touchée par la crise engendrée par le COVID-19 ?
De plein fouet. Dès le début du mois de mars, la boutique a commencé à très mal tourner parce que les gens ne sortaient plus. Le samedi 14 mars a été déplorable pour nous. Quand le confinement a été annoncé, nous avions déjà passé quinze jours très difficiles. Le dimanche 15 mars, nous avons quand même essayé d’ouvrir en soldant nos plantes, nos fleurs, et en faisant des dons pour écouler les stocks. Je propose beaucoup de choix dans ma boutique donc j’ai l’habitude d’avoir du stock, notamment en plantes d’extérieur. Une fois la boutique fermée et mes employés au chômage partiel, j’ai continué à dépanner des particuliers et des cimetières avec des livraisons. Au bout d’un moment, je suis arrivée à court de plantes, mais les commandes tombaient toujours, notamment pour des enterrements.
Comment avez-vous fait pour répondre à ces demandes ?
J’ai décidé de faire une petite commande à mon fournisseur qui est situé à Amagney, près de Besançon. Il avait des plantes sur les bras donc c’était aussi une façon de le soutenir. Et puis, j’ai misé sur Facebook pour communiquer. J’ai été soutenue par la commerçante qui tient la page Facebook « Le commerce à Pont de Roide Vermondans et alentours » et qui a partagé mes publications. À partir de ce moment, des gens de tout le département se sont mis à m’appeler.
Avez-vous dû vous modifier votre organisation ?
Nous faisions déjà de la livraison avant la crise, mais pas autant et pas si loin. Surtout, je n’avais pas le droit de faire travailler mon personnel qui était en chômage partiel puisque ma boutique était censée être fermée. Alors j’ai tout fait seule, avec de grosses journées de travail : j’allais chercher la marchandise à 6 heures du matin, je déballais et transformais les fleurs et les plantes pour ensuite aller les livrer. Mon engagement n’a pas forcément été bien vu de tout le monde : certains collègues commerçants, qui étaient totalement fermés, n’ont pas apprécié que je continue à vendre. Mais je les ai encouragés à rouvrir car la demande était là et je ne pouvais pas tout gérer seule. J’étais un peu la fleuriste de garde du département.
Au-delà des livraisons, avez-vous également mis en place un service de drive ?
Au départ, je ne faisais que des livraisons, au rythme d’environ 50 par jour. Aujourd’hui, ça s’est un peu calmé car d’autres fleuristes ont rouvert et que j’ai effectivement mis en place un service de drive. Pour cela, j’ai dû proposer des produits de première nécessité, comme des plants de tomates que mon fournisseur avait en réserve. Désormais, je fais un maximum de livraison le midi et en fin de journée, le reste du temps je fais du drive en magasin. Depuis le début de la crise, j’ai également décidé de privilégier les fleurs françaises pour aider mes fournisseurs d’Alsace et d’Amagney.

Comment abordez-vous le 1er mai et le possible déconfinement le 11 mai ?
Pour le 1er mai, le plus simple pour moi va être de vendre uniquement du muguet en pot, surtout en livraison mais aussi en drive. J’ai déjà proposé à mes clients de passer commande pour réserver leurs pots.
Quant au déconfinement du 11 mai, je n’y crois pas trop. Avec la Fête des mères et la Pentecôte qui arrivent, cela va être difficile de limiter les rassemblements et il ne faudrait pas rouvrir trop tôt les boutiques pour, ensuite, devoir les fermer de nouveau. J’ai toutefois tout ce qu’il faut dans le cas où je serais autorisée à rouvrir ma boutique normalement : des masques, des gants. Je prends toujours beaucoup de précautions, même dans le cadre de mes livraisons, pour respecter les mesures de distanciation sociale.
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