1er accélérateur des entreprises

Paroles d′expert

« Je travaille à faire connaître le territoire autrement, au travers des savoir-faire »

Sur tout le territoire, dans le réseau des CCI locales et régionales, des experts mettent leurs compétences et leur énergie au service des entreprises et des entrepreneurs. Rencontre avec Valérie Mandon, conseillère entreprises – savoir-faire à la CCI Limoges Haute-Vienne en charge, notamment, de la promotion du label Entreprise du Patrimoine Vivant.

Quelles sont vos missions au sein de la CCI ?

Je suis conseillère entreprises avec une spécialité autour du tourisme et des savoir-faire à la CCI Limoges Haute-Vienne. Auparavant, j’ai assuré de l’ingénierie de projets touristiques, notamment autour des Villages étapes. Aujourd’hui, je suis notamment chargée du déploiement et de la coordination du programme régional expérimental « Les Entreprises du Patrimoine Vivant de la Nouvelle-Aquitaine », porté par les réseaux des Chambres de commerce et d’industrie et des Chambres de l’artisanat et des métiers et le conseil régional.

Comment en êtes-vous arrivée à travailler sur le label EPV ?

Lorsque le label a été créé en 2006, notre directeur général, Olivier Claudon, a senti que cela pouvait être une opportunité pour nos entreprises. Le territoire de la Haute-Vienne a une histoire très forte et intime autour des savoir-faire. Nous avons le cuir autour de Saint-Junien, la porcelaine de Limoges, l’émail… Il y a une grande tradition du travail de la matière car nous avons localement les ressources nécessaires : de l’eau, du bois, de l’argile blanche – le kaolin – pour la porcelaine. Des entreprises sont donc nées autour de ces savoir-faire et, à travers le temps, ont su se développer et rebondir.

En 2006, j’ai effectué un premier travail d’identification des entreprises qui pourraient obtenir le label EPV. Ensuite, je leur ai envoyé un dossier de candidature. Certaines ont tout de suite envoyé un dossier mais d’autres ne savaient pas comment s’y prendre. Je les ai accompagnées dans la rédaction du dossier, un travail que je continue de faire aujourd’hui. Avec 40 entreprises labellisées, nous faisons partie des départements qui en comptent le plus. Dès le départ, nous avons travaillé avec la Chambre départementale des métiers et de l’artisanat qui s’occupe d’accompagner les entreprises artisanales. Cette démarche collective est assez unique et cela a valu à nos présidents d’être invités à témoigner au ministère de l’Économie.

Comment faites-vous vivre cette communauté d’entreprises du patrimoine vivant ?

Nous réunissons les EPV du territoire limousin autour de sujets qui les concernent comme le crédit d’impôts ou les fonds d’aides pour l’investissement dans leur entreprise. Nous faisons aussi se rencontrer des entreprises labellisées avec d’autres qui pourraient potentiellement l’être. Ces rencontres donnent lieu à une visite d’entreprise et à des échanges très riches. Certaines entreprises développent même des partenariats entre elles : c’est formidable. En 2016, nous avons organisé une belle réunion des EPV de la Nouvelle-Aquitaine, à Cognac. Les entreprises étaient en demande d’un événement pour présenter et éventuellement vendre leurs produits. C’est pourquoi nous avons monté, en 2017, avec l’ensemble des acteurs, un pop-up store des EPV de Nouvelle-Aquitaine à la Maison de la Nouvelle-Aquitaine, à Paris. C’est de cette dynamique qu’est né le programme régional expérimental, en 2018.

Quel a été le rôle de votre CCI dans ce programme ?

La CCI Haute-Vienne a travaillé sur un programme de valorisation du label EPV au niveau régional. L’idée est de voir comment les 14 CCI de Nouvelle-Aquitaine peuvent travailler toutes ensemble et avec le soutien de la CCI Nouvelle Aquitaine, la Région et sa filière Cuir, Luxe, Textile et Métiers d’art. Cette filière travaille actuellement à la construction d’une feuille de route sur les savoir-faire d’excellence dont le programme régional EPV constitue une brique. Le programme régional nous a permis d’identifier 200 entreprises éligibles au label. Nous nous sommes donnés pour défi de passer de 160 entreprises labellisées actuellement à 250. Afin de renforcer la communication, nous animons une page Facebook Entreprises du Patrimoine Vivant Nouvelle-Aquitaine qui a une belle résonnance. Par ailleurs, nous réfléchissons à la façon dont nous pouvons aider les entreprises à s’emparer du label et à le décliner au sein de l’entreprise une fois qu’elles l’ont obtenu.

En quoi le label EPV est-il un outil au service de l’entreprise ?

Le label est utile à l’entreprise sur plusieurs aspects. C’est un outil de management des salariés : il est l’occasion de les mettre à l’honneur, eux qui contribuent quotidiennement à l’obtention du label. C’est aussi un outil de communication qui permet de capter de nouveaux marchés. Le label a un grand écho à l’international notamment. Par ailleurs, c’est un facteur d’attractivité pour le territoire : ces entreprises sont actrices au niveau territorial. Elles s’engagent parfois dans le tourisme de savoir-faire, une action que nous, CCI, portons avec notre plate-forme Les visites d’entreprises en Nouvelle-Aquitaine.

Globalement, le label EPV amène l’entreprise à se poser des questions et à faire émerger des besoins en termes de formation, de recrutement, de digitalisation, de transmission des savoir-faire ou de l’entreprise… C’est une porte d’entrée qui nous permet de faire des passerelles avec des formations et des accompagnements proposés par la Chambre de commerce. À l’inverse, je peux accompagner une entreprise dans une stratégie plus globale et préconiser une démarche EPV.

On pense souvent que le label EPV est réservé aux entreprises artisanales. En quoi concerne-t-il aussi les entreprises industrielles ?

Les entreprises de moins de 10 salariés sont en effet des entreprises artisanales. Mais, en Nouvelle-Aquitaine, 60% des EPV ont plus de 20 salariés. Nous avons des industries manufacturières, au sens où elles travaillent avec la main. Dans l’entreprise de chaussures Weston, on a l’impression de voir des îlots d’artisans. Près de 160 interventions manuelles sont nécessaires pour une chaussure. Le savoir-faire manuel et de haute technicité concerne bien nombre d’entreprises industrielles, dont certaines peuvent compter jusqu’à 2000 salariés. Il y a d’ailleurs un gros enjeu à ce sujet dans l’industrie : les entreprises peinent à recruter dans certains métiers et perdent des savoir-faire. Donc, il faut savoir que des entreprises peuvent obtenir ce label, quelle que soit leur taille ou leur activité.

Qu’aimez-vous dans votre travail ?

Je suis originaire du Limousin et mon père avait un métier manuel, il travaillait le bois. Mon histoire familiale et territoriale fait que la valorisation des savoir-faire locaux a une résonnance chez moi. Mon travail est un moyen de faire connaître le territoire autrement et je trouve que cela a du sens. Je m’y investis, j’y crois et je pense que ça peut évoluer. Je rencontre des chefs d’entreprise qui ont des valeurs. Pour beaucoup, ce sont des entreprises centenaires et ce n’est pas un hasard.


CCI Nouvelle Aquitaine

Les Entreprises du Patrimoine Vivant de la Nouvelle-Aquitaine

Weston

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Mis à jour le 21 février 2022