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De laine en rêves, une société coopérative valorise la production lorraine
Créée en 2018 dans le cadre de l’expérimentation « Territoire zéro chômeur de longue durée » et sous l’impulsion de la Communauté de communes Pays de Colombey et du Sud Toulois (Meurthe-et-Moselle), De laine en rêves est une société coopérative d’intérêt collectif qui fabrique de la literie à partir de matériaux locaux. Découvrez ce projet tout autant social que territorial et environnemental.
Comment aider les éleveurs ovins lorrains à valoriser la laine de leurs brebis ? C’est pour répondre à cette problématique qu’est née, en avril 2018, de De laine en rêves. L’entreprise, implantée à Allain, en Meurthe-et-Moselle, fabrique des articles de literie (matelas, couettes, sommier, oreillers…) à partir de laine locale produite dans le département et les voisins : Moselle et Vosges.
De laine en rêves a été créée sous l’impulsion de la Communauté de communes Pays de Colombey et du Sud Toulois. En 2016, alors qu’elle engage une réflexion autour des attaques de loups affectant les éleveurs ovins, ceux-ci lui font également part de leurs difficultés à valoriser leur laine. La vente ne leur permet même plus de couvrir les coûts de la tonte. Achetée environ 40 centimes d’euros le kilo, elle part à 90% vers les pays d’Asie. La communauté de commune décide de monter un projet qui puisse valoriser la laine locale. Une étude menée par une étudiante de l’École nationale supérieure d'agronomie et des industries alimentaires (ENSAIA), conclut que la literie et la matelasserie seraient des débouchés pertinents.
Une entreprise coopérative et à but d’emploi
Sélectionnée dans le cadre de l’expérimentation nationale « Territoire zéro chômeur de longue durée », la collectivité décide alors de créer une entreprise à but d’emploi (EBE). « La spécificité d’une EBE est d’embaucher, en CDI et à temps choisi, des personnes privées d’emploi depuis plus d’un an », explique Philippe Boyaux, gérant de De laine en rêves, qui a rejoint le projet après 30 ans d’activité comme tondeur de mouton. De laine en rêves présente une autre spécificité, il s’agit d’une société coopérative d'intérêt collectif. La collectivité, les salariés et les éleveurs possèdent ainsi des parts de l’entreprise. Tous se réunissent entre 3 et 5 fois par an pour un comité de suivi durant lequel certaines décisions sont prises collectivement. « L’intérêt de l’aspect coopératif est qu’on peut interpeller tous les partenaires régulièrement, affirme Philippe Boyaux. Cela favorise aussi une forte implication de chacun. »
Valoriser jusqu’à 15 tonnes de laine par an
Aujourd’hui sept personnes font tourner De laine en rêves. L’activité est presque entièrement intégrée, de la collecte de la laine à la distribution. Seule l’étape de lavage est réalisée en externe, en Belgique. « Nous étudions la possibilité d’assurer nous-mêmes le lavage à l’avenir, afin de maîtriser toute la chaîne de production », explique Philippe Boyaux qui a suivi, avec les agents de production, une formation dans un centre spécialiste du siège et de l’ameublement. Un menuisier vient de rejoindre les équipes pour fabriquer des sommiers en vue d’élargir la gamme.
Grâce à l’entreprise, 13 éleveurs ovins peuvent désormais vendre leur laine à un prix plus juste, près de 4 fois supérieur au prix du marché. « Ils sont satisfaits de voir leur laine transformée à 50 kilomètres de chez eux en un joli produit », se réjouit Philippe Boyaux. Depuis le démarrage en 2018, l’entreprise monte en régime progressivement. Quand elle aura atteint son rythme de croisière, De laine en rêves devrait être en mesure de valoriser 15 tonnes de laine par an.
Jouer à fond la carte de la proximité
Outre la laine, l’entreprise s’approvisionne aussi en tissu localement. Elle a choisi, pour cela, un fabricant des Vosges, terre reconnue pour son savoir-faire textile. « Ce n’était pas forcément prévu dans l’idée de départ mais, avec la collectivité, nous trouvions que cela avait du sens, explique Philippe Boyaux. Et je constate que l’aspect local est un élément de concrétisation en terme de vente. Les gens prennent conscience que les productions locales sont très importantes. » En plus de soutenir l’activité des éleveurs et de favoriser l’emploi, la démarche de l’entreprise s’inscrit aussi en faveur du développement durable. « La laine est un matériau renouvelable et recyclable à l’infini, rappelle Philippe Boyaux. Elle présente le gros avantage d’être thermorégulatrice : c’est un isolant naturel. »
Les gens prennent conscience que les productions locales sont très importantes
L’entreprise se fait connaître principalement grâce aux réseaux sociaux et aux salons. Seul récoltant-fabricant de ce type dans la moitié nord de la France, elle vend essentiellement aux particuliers. Alors que les commandes en ligne proviennent de toute la France, celles passées par téléphone concernent plutôt des clients de la moitié nord. Philippe Boyaux d’expliquer : « Quand des gens m’appellent de l’autre bout de France, je les renvoie, dans une logique de transparence et de circuit-court, vers d’autres fabricants de proximité. »
Pour en savoir plus :
Communauté de communes Pays de Colombey et du Sud Toulois
l’École nationale supérieure d'agronomie et des industries alimentaires (ENSAIA)
« Territoire zéro chômeur de longue durée »
Société coopérative d'intérêt collectif
Lien complémentaire :
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