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Sportrizer : un décollage en tandem
C’est la belle et déjà bien remplie histoire d’une jeune entreprise bretonne. L’histoire du cheminement commun d’un étudiant devenu entrepreneur et de sa CCI, celle du Finistère, qui l’a formé avant de l’aider à créer puis à développer sa boîte. Une histoire presque trop belle pour être vraie ? Et pourtant…
« Quand on se lance dans le business, il faut prendre des décisions rapidement quitte à se tromper et à corriger le tir. Ce qui est bien avec la CCI, c’est qu’elle nous fait éviter nombre d’erreurs et gagner du temps. Pourquoi donc s’en priver ? ». C’est le conseil aux entrepreneurs que donne Tom Marsal, dirigeant fondateur de Sportrizer. Un conseil qui n’est pas gratuit, mais le fruit de sa propre expérience.

L'histoire a démarré en 2011. Tom Marsal venait de passer quatre années en fac de sport, option activités de plein air. Pendant les vacances, le finistérien « outdoor à fond », comme il se qualifie lui-même, faisait les saisons dans un magasin de surf, ce qui lui a donné le goût du commerce. Il a donc embrayé sur une formation de vendeur conseiller sport en alternance « estampillée CCI » avant d'enchaîner, toujours en alternance, avec un DUT techniques de commercialisation puis une licence professionnelle banque assurance finance.
Encore étudiant, il n'a pas tardé à mettre ses compétences en pratique en mettant la main à la pâte de l'entreprise de construction de petites maisons en terre « Kerterre », lancée par sa mère. Pour sa première expérience entrepreneuriale, il s'est tout particulièrement occupé de la communication du projet maternel.
Gagner du temps
Un premier essai qui a appelé une transformation. Ce fou de sports de plein air a eu une intuition : trouver une solution pour faciliter la vie des amateurs de sports en tout genre pratiqués sur ou dans l’eau, en l’air, en milieu urbain, sur terre ou sur neige, et celle des profs qui galèrent pour gérer leurs réservations de stage. C’est ainsi qu’est née, en 2016, Sportrizer. Une simple plateforme en ligne de mise en relation via géolocalisation entre pratiquants et offreurs ? « Pas seulement » précise le fondateur « c’est une marketplace qui permet de vendre des places réellement disponibles ». Comme toutes les solutions digitales, Sportrizer est, de fait, née d’un « irritant », et même, en l’espèce, d’un « double irritant ». Celui des amateurs d’« outdoor » - cercle élargi par la suite aux adeptes de sports « indoor » - qui cherchent un club à proximité ayant des places disponibles au moment de leur choix pour pratiquer leur activité. Celui des professionnels qui, eux, n’ont ni le temps, ni les moyens en personnel, pour gérer avec réactivité leurs réservations.
« c’est une marketplace qui permet de vendre des places réellement disponibles »
Quel que soit leur statut - entreprise, association ou micro-entreprise – ces professionnels qui sont souvent des passionnés rencontrent les mêmes difficultés : un manque de visibilité de leur offre, des cours insuffisamment remplis qui couvrent à peine le salaire du moniteur et une gestion des plannings chronophage. « Pour ne pas leur faire perdre de temps, et même en gagner, nous proposons à ces passionnés, qui ne sont pas nécessairement agiles avec le digital, d'externaliser, via notre plateforme, la gestion automatisée de leurs réservations, tant pour les plannings que pour les paiements en ligne. » résume Tom Marsal. Et de chiffrer le gain enregistré par les utilisateurs : six heures de gestion en moins par semaine, soit autant de temps en plus pour s'occuper de leurs clients. « Et pour un professionnel exerçant en solo, le gain est énorme ! » renchérit le créateur.
Des experts et un réseau
L’idée de business, tout à la fois B to B et B to C, était séduisante, mais encore fallait-il la concrétiser. Et là encore, c’est vers la CCI métropolitaine Bretagne ouest que Tom Marsal s’est tourné pour se former à la création d’entreprise. « Géraldine Paugam, la conseillère de la CCI, m’a aussi aidé à concevoir un Business plan cohérent et convaincant pour pouvoir dialoguer avec les banques », précise-t-il. Suffisamment convaincant pour remporter « Quai des entrepreneurs », son premier concours destiné à faire des « crash test » de projets d’entreprise organisé par la CCI. Reprenant un slogan publicitaire, le fondateur de Sportrizer résume en une formule ses relations avec son partenaire : « la CCI, c’est simple comme un coup de fil ! ». Le créateur vante la qualité des conseils « argumentés » pour faire les bons choix et « la vision globale du projet ». À titre d’exemple, il se souvient de l’analyse qu’il a sollicitée au moment de la constitution de son pacte d’actionnaires. « Le conseiller m’a non seulement donné des recommandations utiles, mais aussi le nom d’un spécialiste du secteur pour avoir un autre avis… qui, au passage, a conforté celui de la CCI », se souvient le dirigeant qui a apprécié l’expertise et le réseau des conseillers.
Alors qu’il venait tout juste de créer sa boite, et après son succès lors de l’opération « Quai des entrepreneurs », le jeune entrepreneur s’est fait ouvrir les portes du « Nautic » 2016, le salon nautique de Paris, rendez-vous des filières des industries nautiques, par la CCI convaincue du potentiel de sa solution. Résultat : en pitchant sur le stand de la CCI, il y a rencontré celui qui allait devenir son associé, un spécialiste de l’intelligence artificielle appliquée à la météo ayant accompagné pendant sept olympiades les équipes de France de voile et de ski. Un « Nautic » qui a été plus que bénéfique : au-delà de la publicité faite à sa toute jeune entreprise, le salon l’a aidé à démarrer son activité en signant ses deux premiers contrats avec des offreurs de stages.
Aussi, tout naturellement, Tom Marsal a dit banco à François-Xavier Chevilotte, conseiller d’entreprise au sein du Service Réseaux et Opérations Collectives de la CCI, quand cette dernière a lancé le club Résocéan.Ce club réunit une vingtaine d’entreprises de la région œuvrant dans les filières du nautisme et de l’industrie navale pour y partager leurs bonnes pratiques et les faire progresser ensemble. « Des synergies pour gagner en intelligence », le dirigeant synthétise ainsi les avantages de cette confrontation collective d’expériences et de points de vue au sein du club. « J’en retiens tout spécialement les sessions de formation à la gestion des ressources humaines ; une thématique que je ne connaissais pas du tout et qui est pourtant essentielle pour, notamment, faire partager aux nouvelles recrues la stratégie de l’entreprise ». Dans la foulée, Sportrizer a pu participer au speed dating organisé par la Chambre de Commerce. Une participation utile pour une jeune et petite entreprise pas encore connue : une quinzaine de CV récupérée dans la journée et, in fine, deux candidats en lice pour un poste de responsable commercial et marketing.
« J’en retiens tout spécialement les sessions de formation à la gestion des ressources humaines ; une thématique que je ne connaissais pas du tout et qui est pourtant essentielle »
Avec cet apport en capital, les investisseurs publics et institutionnels mais aussi privés (crowdlending) qui ont investi dans l'entreprise, celle-ci a pu accélérer son développement. Des partenariats ont été conclus avec des sociétés proposant des solutions de gestion de places à grande échelle, notamment Booking it et Addock, pour faire connaître plus largement l'offre de Sportrizer en ciblant les pratiquants de sports de plein air à l'échelle européenne. Pour l'heure, ce sont près de 3 000 activités « outdoor » et « indoor » qui sont accessibles via la plateforme. Dans un premier temps, Sportrizer espère atteindre les 1000 offreurs de solutions avec une bonne marge de progression puisque 35 000 structures de pratiques « outdoor » sont recensées en France.
Pour y arriver, les projets dans les cartons ne manquent pas comme le développement d'une application mobile pour les 60 % de clients qui réservent une activité via leur mobile ou l'intégration de prévisions météo très précises et analysées par type d'activité. Preuve que des chapitres de cette belle histoire sont encore à écrire par l'entreprise et, sans doute encore, avec le concours de la CCI…
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