1er accélérateur des entreprises

Madame Pailles, l’entrepreneuriat comme résilience

Catherine Delencre a décidé de créer son entreprise pour échapper à une situation professionnelle délétère. Elle a créé Madame Pailles, une marque de pailles à boire conçues à partir de paille de seigle, épaulée par un conseiller de la CCI Seine-et-Marne et un entrepreneur local. 

Du négatif naît parfois le meilleur. C'est parce que rien ne va plus dans son emploi de cadre dans le secteur médico-social que Catherine Delencre se lance, à 57 ans et pour la seconde fois, dans la création d’entreprise avec Madame Pailles. Alors que son mal-être au travail s'accroît, elle se met à chercher un nouvel emploi, dans le secteur de l'agriculture qui l’attire. Elle accepte alors, comme auto-entrepreneuse, une mission de coupe de pailles pour un producteur orléanais et découvre le potentiel que le végétal peut offrir pour remplacer les pailles en plastique.

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« Quand j'ai parlé de cette expérience à des amis, ils m'ont encouragée à créer ma propre activité de confection de pailles à boire et l'un d'eux a commencé à m'appeler Madame Pailles, ce qui me faisait sourire », raconte-t-elle. Catherine Delencre lance donc des recherches pour trouver une paille qui puisse supporter le chaud et le froid et qui soit réutilisable. Elle découvre alors la paille de seigle. Un cultivateur bourguignon propose de lui livrer un demi-ballot pour qu'elle puisse s'essayer à l'activité.

Un projet pour revivre

Les tiges arrivent lavées et peignées et déclinent une palette de couleurs brillantes, du blanc au vert en passant par l’ocre et le jaune. Il s’agit ensuite de transformer manuellement les tiges de seigle en pailles, en enlevant la fine pellicule qui les protège et en les coupant selon des tailles standardisées, puis de les conditionner. L’essai est concluant. « J’ai mené de nombreuses recherches. Cela m’occupait et me redonnait espoir », confie Catherine Delencre.

Dans le même temps, la porteuse de projet fait plusieurs rencontres qui l’encouragent à franchir le pas et à créer son entreprise. Elle fait d’abord la connaissance de Michaël Rigard, fondateur du Local de Montigny, une ancienne gare SNCF transformée en conciergerie connectée. « J’ai découvert le Local de Montigny en allant y chercher un colis, explique-t-elle. J’ai respiré un grand coup et suis allée expliquer mon projet à Michaël Rigard. Je lui ai demandé si, éventuellement, il pourrait vendre mes pailles au Local, vu que c’est un produit fabriqué à Montigny-sur-Loing, la commune sur laquelle il est implanté. »

La porteuse de projet, l’entrepreneur et le conseiller CCI

Les deux entrepreneurs échangent sur la faisabilité du projet, et le gérant du Local de Montigny oriente la porteuse de projet vers Antoine Carducci, chargé de mission commerce et territoire à la CCI Seine-et-Marne. « Antoine Carducci est très professionnel et a beaucoup d’idées, souligne l’entrepreneuse. Il a été rassurant mais m’a également encouragée à travailler sérieusement sur plusieurs points. » Aidée par le duo conseiller CCI-entrepreneur, Catherine Delencre affine son étude de marché, le calcul de son prix de revient, l’emballage et l’étiquetage de ses produits… « Nous avons travaillé ensemble pour restructurer la démarche marketing et de communication, explique Antoine Carducci. Nous avons redéfini l’image du produit pour le rendre plus attractif, par rapport à sa spécificité et vis-à-vis des clients potentiels. Nous avons également réfléchi au nom pour aboutir à Madame Pailles, qui a tout de suite convenu à Catherine Delencre dans l’image qu’elle souhaitait donner. »;

Le conseiller CCI suggère par ailleurs à « Madame Pailles », de prendre contact avec l’ESAT La Caravelle à Nemours pour la coupe des pailles. « Je leur ai fait faire un essai, raconte Catherine Delencre. C’était émouvant de voir d’autres personnes donner vie à mon projet. D’autant plus que j’ai été cheffe de production dans un ESAT moi-même, donc je suis contente de travailler avec eux. » Elle choisit donc de faire assurer une partie de la production des pailles par l’ESAT pour pouvoir, elle, aller davantage sur le terrain démarcher ses clients potentiels : restaurants, bars etc.

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« L’entrepreneuriat, je l’ai en moi »

Cependant, en raison de la fermeture des établissements de restauration due à la crise sanitaire, l’entrepreneuse a dû trouver d’autres solutions pour écouler ses produits. « J’ai changé mon fusil d’épaule et j’ai décidé de mettre en place un site internet et une page Facebook pour vendre en ligne, explique-t-elle. J’étudie également le cartonnage de l’emballage pour l’expédition. »

Réseau, agilité, innovation… Catherine Delencre retrouve des réflexes qu’elle avait déjà acquis lors d’une première expérience entrepreneuriale comme créatrice de bijoux, de 2004 à 2009. « L’entrepreneuriat, je l’ai en moi, assure-t-elle. Mais l’entreprise, ce n’est pas qu’une histoire d’amour, il faut travailler pour que ça marche. On a parfois du mal à quitter sa zone de confort mais finalement, c’est ce qui permet de se sentir en vie ! »

Le conseil entrepreneuriat de Catherine Delencre :

Renseignez-vous et ne restez pas seul.e. Allez voir quelqu’un qui fait la même activité que vous ou une activité similaire. Certaines personnes vous enverront balader, mais d’autres vous donneront des renseignements. Le plus gros handicap dans la création d’entreprise, c’est la peur.

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Mis à jour le 29 juillet 2021