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L’apprentissage comme un rebond
C’est l’histoire surprenante d’une étudiante en Master en sciences de l’éducation qui décide d’arrêter ses études pour s’orienter vers la vente. L’histoire d’Estelle Becker est surtout celle d’une réussite par la voie de l’apprentissage saluée par un trophée et celle d’un épanouissement personnel.
Les études mènent à tout à condition parfois de changer de voie. L’histoire d’Estelle Becker est celle d’une réorientation scolaire qui peut surprendre. Après un Bac littéraire et une Licence métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation, et alors qu’elle était en première année de Master, l’étudiante décide de tout arrêter. Elle ne s’imaginait tout simplement plus en professeur des écoles. « Je me suis rendu compte que je n’aurais jamais été satisfaite de mon travail d’enseignante en raison de la charge mentale du métier mais aussi du manque de temps à consacrer aux élèves » confie la nancéenne de 26 ans. Changement complet de cap et d’univers, direction la vente ! Estelle Becker, actuellement en Licence Responsable de la distribution à CCI Formation EESC, après un BTS Management Commercial Opérationnel (MCO) dans le même CFA, explique sa réorientation vers la vente et revient sur son parcours.
Ayant arrêté en avril 2018 ses études avant les épreuves du Master 1, elle a rapidement dû trouver un travail comme hôtesse de caisse dans la grande distribution. « La clientèle était en général sympa et cette première expérience professionnelle dans le commerce plutôt bonne » estime l’intéressée. Revenant chercher conseil auprès des responsables de l’orientation à la fac de lettres, ces derniers l’ont incité dès lors à creuser la piste de la vente. Sa première idée : le secteur de l’optique « pour le conseil à la clientèle et pour la dimension pratique de la préparation des montures ». Malheureusement, si elle pouvait viser une entrée en BTS OPTICIEN LUNETIER, elle s’est heurtée au manque de places disponibles en apprentissage chez les opticiens de la région. Dès lors, elle s’est orientée vers une formation centrée sur la vente, mais moins spécialisée, en rejoignant les rangs du BTS MCO de la CCI 54. Un diplôme qu’elle a obtenu en juillet 2021.
« L’apprentissage c’est juste génial ! »
L’arrêt des études supérieures après l’obtention d’une Licence a certes « un peu déçu sur le coup » ses parents mais ceux-ci ont vite compris le choix de leur fille. « Je voulais m’orienter vers la vente pour l’utilité du métier et le faire absolument par la voie de l’apprentissage » résume l’intéressée. Après des années passées sur les bancs de la fac, Estelle Becker liste aisément les arguments en faveur de ce mode de formation : moins de théorie, des enseignements plus pratiques, la découverte du monde du travail et l’autonomie financière. L’apprentissage lui est apparu comme une évidence.
« L’apprentissage c’est juste génial ! » Ce cri du cœur d’Estelle Becker exprime un choix de raison. Elle a su tirer profit des bénéfices de l’alternance. Et en premier lieu, évidemment, la possibilité de mettre en pratique en entreprise les enseignements des professeurs, se souvenant notamment, des conseils sur « la relation client » ou « les argumentaires de vente ». La diversité des entreprises d’accueil et des univers dans lesquels évoluent apprentis, enrichissent les cours. « On en partage avec les professeurs et entre élèves sur nos expériences respectives ; cela élargit notre vision des choses » se félicite l’apprentie.
« Une incroyable tutrice »
Estelle Becker a, pour sa part, trouvé sa place dans « Le petit endroit », une boutique spécialisée dans la vente de bougies et des objets de décoration de Nancy. Commande et réassort des produits, mise en place des opérations promotionnelles, mise en valeur de nouveaux produits mais aussi traitement des réclamations, elle a touché à tout dans cet univers qu’elle découvrait. L’apprentie d’un naturel timide a été rapidement mise en confiance et épaulée par sa tutrice Jodie Spiral, responsable de la boutique nancéenne. « Avec elle, le contact est tout de suite passé. Je suis arrivée en entreprise en étant un peu timide. Jodie qui n’a que trois ans de plus que moi et qui est surtout plus extravertie, m’a servi de modèle et a contribué à me libérer » confie Estelle qui s’est épanouie au contact de « cette incroyable tutrice ». Au point de prendre en charge, seule, la gestion du point de vente en remplacement de sa tutrice pendant les vacances estivales, un mois tout juste après l’arrivée d’Estelle…
« Progressivement, j’ai réussi à prendre confiance en moi et surtout gagné très rapidement en autonomie, estime l’apprentie, qui ne retient que des points positifs de ses trois années de présence dans ce commerce ».
Au point aussi de s’investir dans l’encadrement de la nouvelle apprentie qui a rejoint l’entreprise et d’appliquer ainsi, in situ, les conseils en management de ses professeurs.
Premier prix
Pour Estelle Becker, les bénéfices de l’apprentissage ne se compte plus. « J’ai pu apprendre à gérer les relations avec les fournisseurs et les stocks mais aussi à valoriser au mieux les produits en fonction de leur nouveauté et de la circulation des clients dans la boutique entre les zones chaudes et les zones froides », commente l’intéressée. Elle a aussi profité de son statut d’apprentie pour observer attentivement l’organisation du commerce. La manutention de produits parfois assez lourds, gardés dans la réserve en sous-sol, n’est pas toujours facile. Pareillement, l’étage de la boutique, pas nécessairement accessible à toutes les personnes, est, de fait, moins fréquenté. Des données qui font réfléchir l’apprentie qui se projette « en tant que future responsable de magasin un jour », sur les caractéristiques optimales d’un point de vente.
L’implication dans l’entreprise et la réussite scolaire d’Estelle Becker ont convaincu l’équipe pédagogique du CFA de la proposer, ainsi que sa collègue de promo Camille Massel, aux Trophées de l’apprenti. Organisé par le Crédit Mutuel de la région, ce concours a pour vocation depuis 2010 de valoriser la filière de l’apprentissage et de donner un coup de pouce aux apprentis les plus méritants. « J’ai été très surprise lorsqu’on m’a proposé de participer au Trophées de l’Apprenti et très fière d’apprendre que j’étais lauréate » commente sobrement celle qui a reçu le 16 novembre 2021 le premier prix et un chèque de 1 000 euros. La qualité des dossiers des deux candidates primées et celle de leur parcours en entreprise ont été soulignés par le jury.
Une rassurance supplémentaire pour Estelle Becker qui envisage à l’issue de sa licence cette année de chercher un emploi de conseillère de vente sans savoir, pour le moment, dans quel secteur précisément. « Et pourquoi pas chez un opticien ! » glisse l’apprentie, plus confiante et tout aussi déterminée qu’avant son entrée en apprentissage.
« Mon témoignage est bien la preuve qu’en matière d’orientation, il ne faut pas rester bloquer sur une idée et accepter de se tromper pour mieux rebondir. »