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La papeterie « Les P’tits Papiers » : une reprise atypique
Deux dirigeantes : l’une veut vendre, l’autre pas. Et entre les deux, une repreneuse qui se projette dans l’avenir de l’entreprise et qui doit trouver sa place. C’est l’histoire pas banale de la reprise de la papeterie « Les P’tits Papiers » facilitée par la CCI Nantes Saint-Nazaire.
« Les P’tits Papiers », Régine l’a créée en juillet 1965, Anne-Sophie l’a reprise en avril 2022. Il ne s’agit pas de la célèbre chanson des années 60 mais de la papeterie du même nom, située place Félix Fournier, à Nantes.
À 45 ans, après 15 ans passés dans les ressources humaines au sein d’entreprises industrielles et six ans à la tête d’un magasin « Bricomarché » cogéré avec son ex-époux, le temps était venu pour elle de chercher une boîte à reprendre pour se lancer dans l’entrepreneuriat en solo. « Pourquoi reprendre une entreprise ? Parce que je ne serai jamais une créatrice d’entreprise. En revanche, je crois avoir l’âme d’une développeuse, et l’entrepreneure d’imager son propos, je ne sais pas faire des boutures mais je peux faire croître une affaire dans un terreau fertile ! »
Retour sur l’histoire atypique de la reprise par Anne-Sophie Radenne de cette institution nantaise créé en 2004 par Catherine Goulouand-Verna et Stéphanie Meignen.
Une formation de qualité
Anne Sophie Radenne
Quand en janvier 2021, Anne-Sophie Radenne cesse de gérer le magasin de jardinage et de bricolage, elle se projette sans tarder vers un projet de reprise d’entreprise. Mais sans ne rien connaître ni de la méthode à suivre, ni des outils à maîtriser. Elle se tourne donc naturellement vers la CCI Nantes Saint-Nazaire et rencontre son conseiller transmission, Stéphane Foucher. Il lui propose un plan d’action et d’échanger sans tarder avec Claire Brossollet, une consultante intervenante à la CCI et spécialisée dans l’accompagnement des entrepreneurs dans l’émergence de leurs projets. Avec les idées plus claires sur les entreprises pouvant lui convenir, Anne-Sophie enchaîne ensuite, en avril, avec une formation de deux semaines à la reprise d’entreprise organisée par la CCI. « C’était une vraie chance car nous étions un groupe de 11 candidats repreneurs qui a pu bénéficier des conseils d’avocats ou d’experts comptables sur les démarches à accomplir et les supports à produire pour mener à bien nos projets, estime l’entrepreneure qui se souvient également des témoignages de repreneurs, qui venaient en soirée partager leur vécu personnel, ce qui nous rassurait. »
Au total, ce ne sont pas moins de 37 professionnels qui sont intervenus au cours de cette formation jugée par la participante « de qualité et remarquablement organisée ». L’occasion également de découvrir l’écosystème de la reprise et de se constituer un réseau d’intervenants mobilisables pour la conduite de la future entreprise…
Les stagiaires ont pu aussi pitcher devant un panel d’une quinzaine d’experts, membres du jury du label repreneur proposé chaque mois par la CCI à tous les candidats à la reprise d’entreprise, qu’ils aient ou non suivi la formation. « Leurs questions et leurs observations nous ont permis de mieux définir et d’enrichir notre fiche de cadrage » estime Anne-Sophie Radenne. « C’est un peu le CV du repreneur, un document essentiel aux yeux du jury pour jauger la cohérence et la crédibilité du projet, précise Stéphane Foucher qui a accompagné les candidats dans la mise au point de ce support, conçu sur la base de leur parcours, leurs compétences et leurs objectifs». Affichant un taux de 75 % pour la concrétisation des projets et de 50 % pour la mise en relation des repreneurs labellisés avec des cédants, ce label existe depuis plus de 10 ans et a des allures de visa pour la reprise.
Faire émerger un projet entrepreneurial
Aiguillée par les membres du jury, Anne-Sophie a pris son bâton de pèlerin pour dénicher la PME artisanale ou industrielle « produisant de beaux objets, de qualité et sur mesure » selon les vœux de l’intéressée. Mais sans trouver la perle rare… « Classiquement, on trouve deux catégories de repreneurs : ceux qui sont fixés sur un type d’entreprise et un secteur d’activité précis et ceux qui, à l’inverse, sont ouverts à tout. Dans les deux cas, cela peut être problématique. Mon travail consiste à faire émerger un projet entrepreneurial » explique Stéphane Foucher. Et pour cela, le conseiller aide les candidats à la reprise à cibler les typologies d’entreprise en cohérence avec leur profil, leur expérience et les moyens financiers mobilisables. Il les questionne également sur ce qu’ils pensent pouvoir apporter à une entreprise comme par exemple des compétences dans le numérique ou une capacité à la développer à l’international. C’est ainsi que le conseiller de la CCI a senti qu’il pouvait proposer « Les P’tits Papiers » à Anne-Sophie qui avait pour qualités une appétence pour la créativité, un goût pour le management et une expérience de la gestion d’un commerce.
Stéphane Foucher
Anne-Sophie Radenne a tout de suite été emballée par l’activité et la raison d’être de l’entreprise. Un commerce bien implanté dans le territoire qui fait, notamment, travailler des graphistes indépendants de la région pour la production d’œuvres originales, qui vend des articles de papeterie haut de gamme et des objets de décoration de qualité (cache-pots en papier, sculptures en carton…) soit, au total, plus de 20 000 références fabriquées, le plus souvent, à base de papier recyclé et sans encres chimiques. « Une démarche réellement vertueuse », tant du point de vue économique qu’environnemental, à laquelle la repreneuse adhère. Et ce n’est pas l’hégémonie du numérique qui l’a dissuadée de croire aux vertus du papier pour écrire un journal intime ou prendre le temps de dessiner…
Un mariage à trois
C’est en janvier 2022, à la faveur de l’une des matinales de la reprise d’entreprise de la CCI, que la rencontre entre Anne-Sophie Radenne et Catherine Goulouand-Verna a eu lieu. « Cela a tout de suite matché entre nous deux : nous partagions la même approche d’une entreprise et la sienne cochait toutes les cases, raconte la repreneuse qui confie, que cette papeterie était son magasin préféré à Nantes. » La cession est aussi une question de transmission qui doit se faire au bon moment. « Si le projet m’avait été présenté plus tôt, je serais peut-être passée à côté de cette pépite car je recherchais au départ une PME plutôt qu’un commerce ne comptant que six salariés » reconnaît l’entrepreneure.
Mais si Catherine Goulouand-Verna était disposée à vendre, elle n’était pas seule maître à bord. Et Stéphanie Meignen, son associée à 50/50, n’était pas intéressée par la vente de ses parts… tout en étant consciente qu’elle ne pourrait pas gérer seule la boutique. Le mariage à trois pouvait aussi déboucher sur un divorce à terme. « La reprise n’était effectivement pas commune, mais les deux cédantes ne le sont pas non plus » sourit Anne-Sophie. Après trois mois de présence aux-côtés de la repreneuse, Stéphanie a finalement décidé de lui laisser la charge du bébé. « Garder sa place ou la trouver, il était difficile pour chacune de nous de poursuivre ensemble l’aventure entrepreneuriale, même si, ajoute Anne-Sophie, nous nous sommes bien entendues au point que Stéphanie est restée dans l’entreprise comme salariée. » Le facteur « temps » a été clé dans cette cession d’entreprise. Le temps nécessaire pour les deux créatrices de transmettre, le temps venu de la reprise d’entreprise pour la nouvelle dirigeante et le temps incompressible pour celle-ci de faire adhérer le personnel à ses projets, sans tout chambouler du jour au lendemain.
Des projets dans les cartons, Anne-Sophie Radenne n’en manque pas avec pour priorités de créer un site internet pour vendre en ligne, d’installer un logiciel de gestion et de mettre en place un système de gestion des stocks informatisé.
Et avec l’aide de la CCI « très professionnelle et qui m’a toujours bien conseillée ! » Une satisfaction partagée par la Chambre de Commerce qui a vu la papeterie se maintenir en ville et espère voir « Les P’tits Papiers » poursuivre leur envol…
À découvrir le site consulaire de mise en relation des cédants et des repreneurs : transentreprise
À consulter les prestations de la CCI Nantes Saint-Nazaire pour la reprise d'entreprise