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La Coupe du monde du Rugby 2023 : la victoire se jouera aussi sur le terrain économique
La 10 ème édition du Mondial de Rugby se déroule en France du 8 septembre au 28 octobre 2023. Sept semaines de performance sportive dans les stades. Mais sept semaines aussi d’activité supplémentaire dans les territoires. Les CCI se mobilisent pour favoriser et accroître les retombées économiques d’un événement qui va faire venir en France pas moins de 600 000 visiteurs.
La vidéo de la candidature de la France à l’organisation de la Coupe du monde de Rugby, drôle et engageante, annonçait déjà la couleur. Le président de la Fédération Française de Rugby exhortait dans les vestiaires du stade une équipe constituée de cuisiniers, de serveurs, d’agriculteurs et même de danseuses du Lido à être prête pour l’événement qui se déroule dans 10 villes hôtes, du 8 septembre au 28 octobre 2023. « Ze French Touch », signature de la vidéo, va devoir démontrer ses qualités pour optimiser les retombées économiques pour les entreprises et les territoires pendant la compétition.
Et le jeu en vaut la chandelle ! Selon une étude Deloitte réalisée pour la Fédération Française de Rugby rendue publique en mai 2017, le Mondial de Rugby devrait générer entre 1,9 et 2,4 milliards d’euros de retombées économiques directes et indirectes et créer ou générer entre 13 000 et 17 000 emplois, sans compter les recettes fiscales associées pour l’État (évaluées à 119 millions d’euros). Les bénéfices économiques enregistrés lors de la première Coupe du monde de Rugby de 2007, organisée pour partie en France, confortent cet optimisme.
D’ores-et-déjà, avant le début de la compétition, les hôteliers peuvent avoir le sourire.
Le cabinet de consulting MKG, spécialisé en conseil et études marketing pour le secteur de l'hôtellerie et du tourisme, a fait un état des lieux des réservations hôtelières dans l’ensemble des villes hôtes. Preuve de l’engouement pour l’événement qui va attirer 600 000 visiteurs étrangers dans notre pays, les hôtels de quatre villes qui ne sont pourtant pas des villes de Rugby affichaient déjà au mois de juin des taux de réservation supérieurs à 50 % pendant la durée des matchs : Saint-Etienne (64%), Marseille (56,1%), Nantes (54,7%) et Lille (51,1%). Des résultats encourageants confirmés par la CCI Nantes Saint-Nazaire qui a interrogé les hôteliers de la ville entre le 17 et 23 juillet ; leur taux de réservation s’élevait en moyenne à 57,8 % pendant la période des quatre matchs au stade de la Beaujoire.
Et ce n’est pas seulement l’hôtellerie qui va sortir gagnante de la compétition.
Les taxis, les professionnels du tourisme pour la découverte de la ville et des trésors du territoire, les commerçants pour le shopping et bien sûr les cafetiers et les restaurateurs devraient aussi tirer profit de l’événement. Ainsi, si 35 % des fans français de rugby iront voir les matchs dans les stades, 24 % les regarderont dans les fans zones, consommant, bien évidemment, dans les établissements alentours…
L’accueil des amateurs de Rugby, réputés bon enfant et qui consomment généreusement, doit être au top. L’enjeu est de taille comme le rappelle Jean-Christophe Ramis, Chargé de développement commerce à la CCI Toulouse Haute-Garonne : « nous attendons dans notre territoire 90 000 visiteurs, étrangers et français hors département, qui devraient à la faveur des cinq matchs qui se joueront au stadium générer environ 30 millions d’euros de dépenses. Ce n’est pas rien ! C’est un mois de saison supplémentaire qui va prolonger la dynamique commerciale de la Braderie du début septembre. Il était donc évident pour la CCI d’accompagner aux mieux les commerçants dans l’optimisation des retombées économiques de l’événement ».
Les CCI des 10 villes hôtes ont porté ou facilité les demandes d’ouverture dominicale les jours de matchs auprès des mairies et des préfectures. Elles ont aussi, bien évidemment, joué le jeu de la communication des organisateurs de la Coupe du monde en invitant les boutiques à se mettre aux couleurs de l’épreuve. Et parfois, comme à Toulouse, en décorant de totems et de drapeaux les artères de la ville, rebaptisées « fan walk », qu’emprunteront les spectateurs pour se rendre au stadium. Pour attirer une clientèle avertie, sous l’impulsion de la CCI, une trentaine de commerces a affiché en vitrine les maillots des clubs formateurs d’internationaux de l’équipe de France. Dans la ville rose, place forte du Rugby en France, les professionnels du commerce et des CHR sont invités à devenir « des ambassadeurs de l’événement » en capacité de renseigner les visiteurs sur les animations organisées un peu partout dans la ville, et notamment les villages rugby, pendant la durée de la compétition. Les supporters japonais, présents en nombre (10 000 sont espérés à minima) pour suivre les joueurs nippons dont le camp de base est situé à Toulouse, devraient être particulièrement choyés.
Pour gérer au mieux la clientèle sportive du mondial, la CCI, la Mairie et l’Agence de l’attractivité de Toulouse ont organisé quatre ateliers d’une demi-journée, entre mai et août. L’objectif : informer les professionnels des commerces, restaurants, cafés et hôtels sur les festivités et animations pendant l’événement, les réglementations à respecter en matière de consommation mais aussi sur les procédures de détaxe pour les touristes extra européens. L’accent a aussi été mis sur la qualité de l’accueil. Les participants ont été sensibilisés aux particularités et aux modes de consommation des différentes clientèles attendues (Asie, Océanie, Grande-Bretagne). Avec en prime, la remise d’un lexique d’accueil en français/anglais/japonais de formules de politesse adaptées.
Avec leur guide « Do you speak touriste ? » qui fête en 2023 ses dix ans, la CCI Paris Île-de-France et le Comité Régional du Tourisme entendent aider les commerçants et les professionnels du tourisme à réserver le meilleur accueil aux supporters de Rugby. En une trentaine de pages, le guide fournit aux chefs d’entreprise des informations sur la compétition, ses à-côtés et sur les profils de visiteurs étrangers. Chacune des 20 nations présentes fait l’objet d’un portrait dessinant les attentes spécifiques de sa clientèle. En prime, les professionnels du tourisme et du commerce peuvent activer les QR code en fin de guide pour s’entrainer grâce à un « serious game » à l’accueil des touristes et à la présentation de l’offre touristique de la région capitale. Et pour devenir des « champions de l’accueil », ils peuvent consulter le guide numérique « Paris région roadbook » qui livre 200 idées pour profiter au mieux de la compétition, de la troisième mi-temps et des atours de l’Île-de-France.
Parce que les rencontres sportives peuvent aussi donner lieu à des rencontres d’affaires
la CCI Lyon Saint-Etienne Roanne avec ses partenaires de la Team France Export (TFE) a profité des matchs du Mondial et de la présence sur son territoire du camp de base de Wallabies, pour présenter aux chefs d’entreprise du département de la Loire les opportunités de business en Australie. Des entrepreneurs australiens ont ainsi été conviés à découvrir les filières d’excellence et à visiter des sites industriels de la région. Ces rencontres business ont aussi été l’occasion d’informer les entrepreneurs ligériens sur les dispositifs d’aide à l’export portés par la TFE.
La Coupe du monde de Rugby est celle de toute la France.
Elle ne se limite pas aux 10 villes hôtes mais concerne également les 20 camps de base situés dans 9 régions différentes. Les fans comme le grand public pourront y voir en action les rugbymen au plus près. Mais pour accueillir ces camps de base, il a fallu montrer non pas ses muscles mais démontrer les points forts du territoire. La CCI Touraine et le club de Rugby, l’US Tours, se sont démenés pour convaincre les acteurs locaux de soutenir leur candidature en mettant en avant les enjeux économiques et sociaux de cette opportunité. Et cela a payé : l’Irlande, la meilleure équipe de Rugby au monde (classement world Rugby 2023), a choisi Tours comme camp de base. « La liaison aérienne régulière avec l’Irlande, la position géographique centrale de Tours facilitant les déplacements du Quinze du trèfle pour les matchs, les infrastructures sportives rénovées et la fédération des acteurs locaux par la CCI ont été des arguments décisifs pour emporter leur décision » se félicite Philippe Carlier, Responsable du développement des partenariats et pilote du projet à la CCI.
Et comme l’explique le Président de la CCI Touraine, Philippe Roussy, « la CCI a joué pleinement son rôle de catalyseur autour de ce projet qui ne s’arrêtera pas après la Coupe du monde, avec en ligne de mire l’accueil des équipes masculines et féminines de Rugby à 7 pour les JO de 2024 ». Sans oublier les retombées économiques sur la durée. « Les Irlandais connaissent plus ou moins les châteaux de la Loire mais peu les charmes de la Touraine. L’enjeu est donc d’accroître la fréquentation touristique de notre région par cette clientèle en profitant du coup de projecteur donné par l’événement sportif et sa couverture médiatique » explique Philippe Carlier, en charge du programme « Welcome Ireland by CCI Touraine ». Mais l’ambition de la CCI ne s’arrête pas là. La CCI a décollé pour l’Irlande pour présenter à des décideurs économiques et universitaires locaux les atouts et forces de la Touraine dans les domaines de la pharmacie, du numérique, de la communication, de l’agroalimentaire et de l’électricité. « Ces événements sportifs sont des occasions de développer notre territoire, de façon endogène pour accroître notre attractivité et pour encourager les coopérations entre les entreprises de notre région, et de façon exogène, pour leur permettre de saisir de nouveaux marchés » résume Philippe Carlier.
« Les grands événements sportifs comme le Mondial de Rugby, analyse Jonathan Soisson, Responsable des projets Grand Paris et JO 2024, ont aussi, de fait, des effets positifs sur l’attractivité et le rayonnement international des territoires grâce aux retombées en matière d’image, de notoriété et d’influence. » Preuve s’il en était que la Coupe du monde de Rugby se joue aussi sur le terrain économique…
Transformer l’essai de la Coupe du monde de 2007
L’impact économique national de l’édition de 2007 s’est élevé à 540 millions d’euros provenant à 87 % des dépenses des fans venus assister aux matchs. Et ce, sans compter l’effet d’entraînement sur les économies régionales évalué à 590 millions d’euros.
En Provence Alpes Côte d’Azur, deuxième région la plus fortement bénéficiaire avec Île-de-France de l’événement (les 2/3 de l’impact économique à elles deux), le mondial de 2007 a rapporté 145 millions d’euros à l’économie régionale. Un euro de financement a rapporté 24 euros de retombées pour le territoire. Les supporters de Rugby, classés dans la catégorie des CSP +, dépensent assez largement lors de leur séjour sportif pour le logement, le transport, la restauration mais aussi les visites touristiques et le shopping, soit en moyenne 448 euros par spectateur payant. Des chiffres confirmés par la CCI de Bordeaux. Les revenus pour le territoire girondin se sont élevés à 94 millions d’euros. Et les cafetiers n’ont pas été les seuls à en profiter. Les vignobles bordelais ont enregistré un bond de plus d’un quart du nombre de leurs visiteurs pendant l’événement.