« La CCI a donné de la publicité aux marchés des JOP »

Notre action s’est inscrite dans le cadre du chantier du Grand Paris. On s’est appuyé pour cela sur la solution développée par la CCI Normandie, CCI Business Grand Paris. Ce dispositif lancé en 2016, rassemble les PME, les PMI et les ETI désireuses de profiter des opportunités d’affaires offertes par le vaste projet d’aménagement et développement de la capitale et des territoires limitrophes qui a été évalué à 100 milliards d’euros jusqu’en 2030.

^{Jonathan Soisson, Responsable des projets Grand Paris et Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 à la CCI Paris Île-de-France}

Dans le prolongement de l’obtention par la France des Jeux Olympiques et Paralympiques, la Solideo, Société de livraison des ouvrages olympiques, a été créé en 2017. Celle-ci s’est logiquement tournée vers les CCI pour présenter, sur la plate-forme CCI Business Grand Paris, tous les marchés liés à la construction des ouvrages et infrastructures de l’évènement. Avec un engagement revendiqué dans sa Charte en faveur de l’emploi et du développement territorial, de flécher 25 % du montant global des marchés publics à des PME en sous-traitance. Pour ce faire, tous les règlements de consultation des marchés publics invitaient les répondants à solliciter la CCI Paris Île-de-France pour identifier des PME et TPE sous-traitantes ou en co-traitance dans les marchés de la construction. L’objectif de 25% des marchés fléchés vers les PME et TPE a d’ores-et-déjà été atteint et devrait même être dépassé à l’issue des Jeux. L’aménagement du Village Olympique pour le transformer en logements d’habitation devrait ainsi se traduire par une activité supplémentaire pour les entreprises du second œuvre dans le bâtiment.

Pour l’organisation des compétitions olympiques, le COJO a passé un accord avec Les canaux, l’association portée par la mairie de Paris et mandatée pour faciliter l’accès aux marchés publics des entreprises de l’ESS, l’Économie Sociale et Solidaire. In fine, les entreprises disposaient de deux plates-formes principales, Entreprises 2024 et ESS 2024, pour prendre connaissance de tous les marchés publics des JOP.

Il n’est possible ni d’identifier précisément le nombre d’entreprises ayant répondu aux marchés publics, ni de rendre public les noms des structures ayant remporté un ou plusieurs marchés des JOP car ces données sont la propriété des organisateurs. La publicité de la marque JOP est réservée exclusivement aux partenaires officiels et aux sponsors.

« La CCI a donc servi de trait d’union entre les organisateurs des JOP et les entreprises »

Par ailleurs, il n’est pas évident, à l’exception des chantiers de construction pilotés par la Solideo, de présenter les typologies de marchés du COJO en raison de leur très grande diversité. Le Comité d’organisation a acheté tous types de services et de biens qui vont d’une application pour aider les athlètes à s’orienter dans le village olympique aux prestations de ménages et de sécurité en passant par l’achat de millions de préservatifs… Ce que nous pouvons afficher, c’est le résultat de l’implication de la CCI Paris Île-de-France. Ce ne sont pas moins de 1000 entreprises en 2022 et 985 en 2023 qui ont assisté aux réunions d’information que nous avons organisées sous différents formats, en présentiel ou en distanciel, et dans tous les départements de la région.

La CCI identifiait en amont les entreprises potentiellement intéressées par les marchés que les équipes de Paris 2024 présentaient lors de ces réunions. La CCI a donc servi de trait d’union entre les organisateurs des JOP et les entreprises. On a favorisé le sourcing des PME et TPE et on a sensibilisé ces dernières aux opportunités économiques de l’évènement. Autrement dit, la CCI a donné de la publicité aux marchés publics.

Pour faciliter la participation des entreprises, nous leur précisions aussi lors de ces échanges les modalités techniques des réponses aux cahiers des charges. Nous favorisions, en tant que de besoin, le regroupement d’entreprises. Pour ce faire, nous avons travaillé en partenariat avec les acteurs du secteur de l’ESS dans le cadre d’un collectif dénommé la Fabrique économique et solidaire des Jeux réunissant l’association Les Canaux, les structures d’insertion par l’activité économique, la Chambre des métiers et la CCI.

Avec nos partenaires et en propre, nous avons organisé depuis 2018 une centaine d’ateliers dédiés à la commande publique. Par ailleurs, nous avons aussi accompagné les entreprises dans leur recherche de collaborateurs pour répondre à ces marchés.

Paris 2024 revendique une stratégie responsable des achats et pas seulement une stratégie des achats responsables. Ce qui signifie que le donneur d’ordre entendait d’une part appliquer ses critères de choix à l’ensemble de ses achats et d’autre part attendait des réponses innovantes. Les candidatures étaient jugées à l’aune de cinq critères principaux : l’application des principes de l’économie circulaire – de l’éco-conception à la fin de vie des produits en passant par la gestion des déchets – la neutralité carbone et la préservation de l’environnement, l’innovation sociale avec comme on l’a souligné l’insertion des publics les plus éloignés de l’emploi, l’inclusion des publics en situation de handicap et la création de valeur dans les territoires.

« C’est aussi la capacité du pays à organiser les JOP qui est en jeu, en s’appuyant notamment, pour y parvenir, sur un tissu économique dynamique et innovant. »

Pour illustrer par un exemple l’application de cette stratégie, les entreprises soumettant leur offre pour le marché de la signalétique extérieure devaient justifier du recyclage, du réemploi ou de la réutilisation des bâches qu’elles allaient livrer. Alors qu’habituellement, il revient au donneur d’ordre après l’exécution de la prestation de s’occuper de la fin des produits qu’il a commandés, cette préoccupation revenait pour le coup au fournisseur. Cela peut toutefois avoir à l’avenir un effet positif pour les entreprises concernées qui pourront ainsi se différencier de la concurrence et séduire de nouveaux clients en valorisant cet engagement environnemental.

Les entreprises étaient-elles prêtes à jouer la carte des Jeux ?

Je peux effectivement témoigner d’une réelle appétence des entreprises de la région à vouloir travailler pour Paris 2024 et ce dès l’annonce du lancement des premiers marchés. Même si, comme on l’a constaté lors des réunions que nous avons organisées, l’enthousiasme de départ a été atténué par nombre de facteurs. La prétendue complexité des marchés publics, leur dimensionnement avec les difficultés culturelles pour les PME et TPE de se regrouper pour y répondre, les contraintes environnementales ou sociales ou bien encore les restrictions à l’usage de la marque JOP 2024, ont pu avoir pour effet de démythifier un peu le potentiel économique de l’évènement. La marche pour monter sur le podium a été jugée un peu haute par nombre de PME et de TPE.

Quel sera, selon vous, l’héritage économique des JOP ?

Le monde entier aura pendant les compétitions les yeux braqués vers Paris et ses Jeux dans la ville, ce qui est inédit et qui contribuera inévitablement à renforcer l’attractivité de la capitale française. Mais c’est aussi la capacité du pays à organiser les JOP qui est en jeu, en s’appuyant notamment, pour y parvenir, sur un tissu économique dynamique et innovant. Les ouvrages olympiques ont été livrés dans les temps. Ces Jeux du centenaire seront aussi une vitrine de la créativité française.

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