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Kindy : quand tradition et innovation font la paire
L'entreprise Kindy fabrique des chaussettes, depuis 1966, sur son site de production implanté dans l'Oise. Au fil des années, elle a su faire perdurer ses savoir-faire, innover et se diversifier pour faire face à la concurrence internationale.
Dans les rayons textiles des supermarchés, des hypermarchés ou encore sur les sites de e-commerce français, les chaussettes Kindy sont partout, ou presque, depuis plus d’un demi-siècle. La marque française est apparue en 1966, dans l’Oise, sur un site de bonneterie qui existait depuis 1863. « Lorsque l’on pense industrie textile, on pense à Roubaix et au bassin lillois, mais la tradition s’est également perpétrée dans la Picardie verte », explique Julie Coene, responsable communication chez Kindy. À l’époque, l’entreprise implantée dans la zone rurale de Moliens est l’un des plus gros employeurs de la région et donc un acteur important de l’économie locale.
Malgré sa renommée et ses savoir-faire historiques, la société connaît une période difficile à partir des années 2000. « Avec l’ouverture de la production à l’international, l’entreprise a dû faire face à une concurrence asiatique féroce, raconte Julie Coene. En parallèle, les marques de distributeurs sont également apparues sur le marché. » En 2017, l’activité de Kindy est sérieusement menacée : l’entreprise industrielle est placée en liquidation judiciaire, pour finalement être rachetée par l’entrepreneur Salih Halassi. «Venant de l’univers du textile, je souhaitais reprendre une marque historique avec une notoriété et un savoir-faire », précise-t-il. Cette reprise est salvatrice pour l’entreprise et ses salariés. Le nouveau PDG, qui souhaite conserver le site à Moliens et sauvegarder un maximum d’emplois, commence par lancer la rénovation de l’appareil de production vieillissant.
Nous avons créé une paire de chaussettes tricotées à partir de matériaux recyclés, produite en Hauts-de-France,
de A à Z.
La fabrication française à l’honneur
Salih Halassi décide également de développer la production française de l’entreprise : elle passe de moins de 10 % à 40 % de références fabriquées en France. Les produits Kindy, vendus à un prix abordable, trouvent leur public et se vendent dans toute la France, en hypermarché et supermarché. Faisant de l’innovation son fer de lance, la marque développe sa gamme de produits avec des chaussettes de ville, des paires fantaisies qui collent aux tendances de la saison, une gamme dédiée au sport et, depuis l’hiver 2019, des chaussettes éco-responsables. « Nous avons créé une paire de chaussettes tricotées à partir de matériaux recyclés, issus de jeans et de bouteilles plastiques, détaille Julie Coene. Cette gamme est produite en Hauts-de-France, de A à Z, puisque notre filateur est basé à Tourcoing. » L’entreprise isarienne qui, dans les années 1970, a été la première à fabriquer des chaussettes avec de l'élasthanne dans le bord-côte pour qu'elles tiennent sur la cheville, travaille désormais sur une paire 100% biodégradable pour l’hiver 2021.
La diversification de l’activité de Kindy a pris tout son sens pendant la crise engendrée par le COVID-19. Enregistrant un arrêt de sa production classique, la société s’est lancée dans la fabrication de masques lavables et jetables pour répondre à la demande. « Nous avons investi dans un outil de production dédié car nous nous sommes dit qu’il serait intéressant d’avoir, dans l’Oise, la possibilité d’assurer une production locale », confirme Julie Coene. Un sujet sur lequel elle a bénéficié de l’aide de la CCI de l’Oise qui a fait le lien entre les producteurs de masques et les entreprises ayant besoin de s’équiper.
Transmettre les savoir-faire
À l’origine du succès de Kindy, il y a également ses 83 salariés, travaillant parfois dans l’entreprise de génération en génération, et leur maîtrise de la bonneterie. « Le métier de bonnetier ne s’apprend plus du tout en France, regrette Julie Coene. C’est aujourd’hui une expertise qui se transmet uniquement sur le terrain. Chez Kindy, nous avons des collaborateurs qui ont ce savoir-faire et qui sont dans l’entreprise depuis des années. Tout l’enjeu est désormais de le transmettre et de trouver des jeunes qui souhaitent exercer ce métier. »
L’entreprise de la filière française du textile a un autre enjeu : séduire davantage les consommateurs désireux d’acheter plus local. « Quand les frontières ont été fermées, nous étions bien contents d’avoir une production sur le territoire, argumente Julie Coene. En ce sens, la crise a peut-être eu une conséquence positive. Mais, aujourd’hui, la question est : cet engouement pour le Made in France est-il conjoncturel ou des choses vont-elles être mises en place pour favoriser de façon pérenne la filière française ? »
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