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Crise sanitaire, des entreprises jouent la solidarité nationale
Fabrication de gel hydroalcoolique ou de masques en tissu, des entreprises réorientent leur production pour répondre à la crise sanitaire.
Les gels hydroalcooliques ont été les premiers concernés. Particulièrement efficaces pour tuer le virus, ils ont fait l’objet de ruptures de stocks dans les pharmacies, dès les premiers cas de coronavirus avérés en France. Dans un premier temps, les pharmacies ont été autorisées, par un arrêté ministériel pris le 6 mars 2020, à préparer des solutions hydroalcooliques destinées à l’hygiène humaine en cas de rupture de leur approvisionnement. Puis, pour répondre au risque de pénurie (de gel mais aussi de masques de protection) menaçant le corps médical, le Gouvernement a demandé aux entreprises de se mobiliser pour fournir du matériel. Un second arrêté, pris le 13 mars 2020, permet notamment aux entreprises pharmaceutiques, des entreprises cosmétiques ou fabriquant des biocides, à formuler et préparer des solutions hydroalcooliques selon les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé.
Des entreprises qui changent de métier
Ainsi, plusieurs acteurs ont décidé de « changer de métier » et d’adapter leur ligne de production pour produire ces produits d’hygiène qui ne comptent que quatre ingrédients : de l’éthanol, de l’eau oxygénée à 3%, de la glycérine végétale et de l’eau distillée.
Dès le 15 mars, le groupe LVMH a annoncé « mettre à contribution l’ensemble des unités de production de ses marques Parfums et Cosmétiques (Parfums Christian Dior, Guerlain et Parfums Givenchy) en France pour fabriquer des gels hydroalcooliques en grandes quantités ». Les flacons devant ensuite être donnés aux autorités sanitaires françaises. D’autres groupes ou entreprises des cosmétiques, comme L’Oréal ou Laboratoire Expansciences qui détient la marque Mustela, ont emboîté le pas à LVMH.
Des grands groupes mais aussi des pme
Dans le secteur de l’industrie agroalimentaire, c’est la même mobilisation. Par exemple, Pernod Ricard a annoncé, le 18 mars, faire don de 70 000 litres d’alcool au laboratoire Cooper, gros fournisseur de gels hydroalcooliques pour les pharmacies. Cinq distilleries du sucrier français Tereos vont désormais produire 11 000 litres de gel hydroalcoolique par semaine et les fournir directement aux Agences régionales de santé.
Les grands groupes ne sont pas les seuls à se mobiliser. Près de Nantes, l’entreprise Lips spécialisée dans les liquides pour cigarettes électroniques, s’est mise à produire des solutions hydroalcooliques,raconte France 3. Dans le Tarn-et-Garonne,rapporte La Dépêche, Ibbeo, une petite entreprise spécialisée ordinairement dans les cosmétiques fabriqués à partir de plantes cultivées, a réorienté sa production à cause des circonstances.
Solidarité interentreprise
Par ailleurs, un certain nombre d'entreprises du secteur textile ont décidé de participer à la solidarité nationale en stoppant leur production habituelle pour fabriquer des masques en tissu, inspirés d'un protocole diffusé par le CHU de Grenoble. Les Tissages de Charlieu dans la Loire, les Ateliers Tuffery en Lozère, 1083 dans la Drôme ou encore les Tricots Saint James dans la Manche en font partie. Cette dernière avait été contrainte de fermer ses ateliers pour cause de confinement mais, grâce à la solidarité inter-entreprise, elle les a pu les réouvrir partiellement. L'entreprise agroalimentaire Isigny Ste Mère lui fournit en effet du matériel de protection qui permet aux salariés volontaires de s'atteler en sécurité à la production de masques de protection en textile lavable.
[Attention, les autorités sanitaires soulignent cependant que ces masques, dont l’efficacité n’est pas prouvée, ne peuvent remplacer les masques chirurgicaux et les masques FFP2 qui doivent être laissés en priorité aux malades et aux soignants. Elles insistent sur le fait que ces masques ne remplacent pas les gestes barrières.]
Autre exemple de solidarité interentreprise relaté par France 3, la société Applications Laser du Sud-Ouest, installée près de Toulouse et spécialisée dans la gravure et la découpe laser, s’est lancée dans la conception de protections vitrées en polycarbonate à poser sur les comptoirs pour limiter les contacts entre le personnel et les patients ou clients.
Recherche de solutions innovantes
En cette période de crise sanitaire, les pouvoirs publics apprécient de voir les entreprises se mobiliser, à leur échelle et selon leurs compétences. L’Agence de l’innovation de défense a d’ailleurs lancé un appel à projets de solutions innovantes pour lutter contre le COVID-19. Il porte sur la recherche d’innovations, « qu'elles soient d’ordre technologique, organisationnel, managérial ou d’adaptation de processus industriels », afin de « protéger la population, soutenir la prise en charge des malades, tester la population, surveiller l’évolution de la maladie au niveau individuel et l’évolution de la pandémie, ou aider à limiter les contraintes pendant la période de crise ».
A savoir : les Agences régionales de santé collectent les stocks de masques chirurgicaux/2R ou FFP2 (y compris périmés) afin de faire face aux tensions d’approvisionnement dans le secteur sanitaire et social. Si votre entreprise dispose d'un stock de masques et que vous souhaitez les mettre à disposition, rapprochez-vous de votre ARS.
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