Reprendre une entreprise
Focus sur la reprise
Une croissance externe repose sur une reprise d'entreprise avec ses étapes et ses points de passage obligés.
Que le repreneur soit une entreprise ou un particulier, les principales étapes du processus progressif d'une opération de reprise sont les mêmes, le formalisme est comparable.
Pour plus d'informations sur le processus de reprise, consultez l'E.guide de la REPRISE
Engager la reprise :
- Votre stratégie de reprise
- Identifiez vos partenaires et conseils
- Trouvez vos cibles
- L'analyse rapide de cibles sur papier
- Vos 1ers contacts avec le cédant
- Les dues-diligences : les diagnostics ou audits des cibles les plus prometteuses
- Que rachetez-vous ?
- L'évaluation financière de votre cible
Négocier efficacement :
- Préparez la négociation
- Le protocole d'accord ou compromis de vente
- Les 10 commandements de la négociation
Le bon montage juridique :
- Les principes du montage juridique
- A quoi sert une holding ?
Dans le cas d'une opération de croissance externe, il y a toutefois des spécificités à prendre en compte (voir ci-après).
Trucs et astuces de votre CCI
D'emblée, sachez refuser une cible si vous percevez lors des audits des problèmes importants pour la suite. Il est fréquent d'étudier plusieurs dossiers avant de trouver le bon.
Vu sur le web
BPI : les facteurs-clé de succès d'une croissance externe
Les audits sont-ils nécessaires en matière de fusion ?
Points de vigilance
Dans toute reprise le repreneur procède à un diagnostic approfondi de la cible, à des audits. Pour une croissance externe, en plus de ces diagnostics et audits habituels, il est des points de vigilance spécifiques qui sont autant d'écueils potentiels à prendre en compte. Voici les principaux.
L'idéal est de vérifier l'état et la qualité de tous les contrats de la cible, en vérifiant pour certains d'entre eux s'ils sont compatibles avec ceux de la maison-mère (marques, enseignes, exclusivité géographique, SAV…).
Par ailleurs, existe-t-il des pratiques anciennes dans les relations clients / fournisseurs qui pourraient être revendiquées avec une valeur contractuelle si elles étaient remises en cause ?
Ils témoignent
J'ai eu l'opportunité de racheter un concurrent situé dans mon département il y a quelques années. La marque qu'il représentait était en sévère perte de vitesse. Une bonne opportunité pour développer la vente des produits de ma marque à partir de deux sites. L'affaire a été très vite bouclée. Ce n'est qu'après le rachat que je me suis aperçu que la société achetée avait un engagement sur plusieurs années avec sa marque incluant une exclusivité géographique. J'étais obligé d'honorer le contrat jusqu'au bout. J'ai demandé à un avocat s'il y avait moyen de rompre l'engagement. Cela n'a pas été raisonnablement possible. J'avais été bien naïf et ça m'a coûté cher. Du coup, j'ai demandé à l'avocat de vérifier les autres contrats de la cible et je me suis promis de faire appel à un avocat plus tôt, si je devais reprendre une nouvelle entreprise.
A. B., concessionnaire en motoculture
L'enjeu va être pour votre responsable informatique ou SI d'analyser la compatibilité des systèmes d'information et d'estimer une enveloppe de coût en vue de l'harmonisation des circuits qui doivent l'être.
Selon l'activité, les moyens à mettre en œuvre, il faudra ensuite vous poser la question suivante : le jeu en vaut-il la chandelle ?
Trucs et astuces de votre CCI
Une expertise détaillée vous fera gagner du temps et de l'argent.
Autre point crucial : tout ce qui touche au personnel. En plus des analyses et diagnostics communs à toute reprise, analysez bien les rémunérations (leur niveau à fonction comparable, leur mode d'évolution), les avantages divers, les moyens des comités d'entreprise, les conventions collectives respectives…
S'il y a trop d'écart sur les conditions de rémunération et les avantages divers entre les entreprises, « le terrain devient glissant » : interrogez-vous sur la nécessité de continuer.
Les personnes-clés des deux entreprises : s'il doit y avoir gestion de doublons entre les deux structures, sont-ils concernés ? Si oui, quelle solution acceptable pour tous envisager, quel terrain d'entente trouver ?
Ils témoignent
J'avais besoin d'étoffer mon offre de produits ; j'ai jeté mon dévolu sur une entreprise fabriquant des produits comparables aux miens, mais en PVC, et située dans une région où je n'étais pas présent. L'analyse de la cible s'était révélée positive mais j'ai buté sur un point : la différence de convention collective. La rémunération, les barèmes et les conditions offertes aux salariés étaient très différents et plus favorables chez la cible que dans mon entreprise. Cela m'a interpelé et empêché de dormir plusieurs nuits. Mon expert-comptable m'a conseillé de ne pas donner suite. Je l'ai écouté et ne regrette pas.
R. L., industriel du bois
J'ai 5 opérations de croissance externe à mon actif. Lors de mon premier rachat, j'avais négligé la personne-clé de la cible. Mal m'en a pris : elle est partie très rapidement après le rachat, créant ainsi une désorganisation que j'ai mis plusieurs mois à surmonter. Depuis, je fais très attention aux personnes-clés : je m'arrange pour les garder. S'il y a un problème de doublon, on trouve une solution qui satisfait tout le monde. Je n'ai plus jamais eu de problème à ce sujet.
A. L, industriel
Trucs et astuces de votre CCI
Ne sous-estimez pas le poids du personnel dans la réussite d'une opération de croissance externe.
Ce n'est pas facile pour un œil extérieur d'analyser la culture d'une entreprise. Mais ce sujet est très important surtout s'il y a fusion-absorption, et nécessite une attention particulière.
Sachez bien analyser la différence de culture d'entreprise entre la votre et la cible et la capacité du personnel de cette dernière à accepter un nouveau mode de management. En principe, l'entrant doit s'adapter à la culture de l'acheteur.
Il est très difficile de réunir des structures aux cultures très différentes (la fusion entre l'ANPE et l'ASSEDIC en est l'exemple parfait). S'il y a trop d'écart, vous vous exposez à des problèmes importants à gérer par la suite. Interrogez-vous là aussi sur la nécessité de continuer votre approche de cette cible.
L'acheteur analyse aussi la cible sous l'angle « perspectives d'économies ».
Celles-ci peuvent résulter de la mutualisation d'achats de biens et de services, du regroupement de certains services, de la « gestion » de personnel en doublon.
En ce qui concerne la mutualisation d'achats, attention à comparer ce qui est comparable. Par exemple, si les deux entreprises produisent le même produit mais sont sur des marchés différents et utilisent des matières premières de qualité et d'origine différente, la mutualisation de l'achat de ces matières ne sera probablement pas opportune.
Regroupement de services et gestion des doublons : ce sont ces conséquences de l'opération que redoutent le plus les salariés des deux entreprises. A gérer avec doigté.
Avant le rachat, envisagez la nouvelle organisation et le nouvel organigramme.
Vérifiez que faire travailler ensemble les personnes des deux structures ne devrait pas poser de problème.
Identifiez les doublons et envisagez une solution pour les perdants.
Qui gèrera la structure achetée ?
- Si c'est l'ancien dirigeant que vous souhaitez conserver quelques années, faites attention à bien cadrer la situation (Ce sera vous qui dirigerez et prendrez les décisions stratégiques. Il faut néanmoins que le cédant continue à développer l'entreprise : trouvez des moyens incitatifs.). Tout ceci devra être envisagé lors de la négociation et bien posé par écrit.
- Sinon, avez-vous identifié le futur responsable dans la cible ou souhaitez-vous confier ce poste à quelqu'un de votre entreprise ? Dans un cas comme dans l'autre, il faut vous interroger sur la nécessité d'une période d'accompagnement par l'ancien dirigeant.
Trucs et astuces de votre CCI
Les salariés des deux entités s'inquiètent toujours des impacts sociaux de telles opérations : sachez les rassurer ; mieux, anticipez !
Si des licenciements sont à prévoir chez la cible, négociez avec le vendeur pour qu'il y procède avant la cession.
Comme pour toute reprise, vous pouvez soit reprendre les titres de la cible, soit tout ou partie de l'actif.
En fonction de vos objectifs, du périmètre de la reprise et des premiers résultats de votre diagnostic, plusieurs questions se posent :
- Fusion ou maintien des deux structures juridiques ?
- Holding ou non ?
- Intégration fiscale ou non ?
- Prendre ou non un associé (minoritaire) dans la cible ?
- Procéder par échange de titres entre les deux entités ?
Mobilisez votre expert-comptable et/ou votre conseil juridique et fiscal afin de trouver la solution optimale.
Le coût d'acquisition réel est toujours supérieur au prix d'achat de la cible.
Avant la signature d'un protocole et la recherche de financements, essayez d'approcher le mieux possible ce coût de l'opération . Au prix d'achat, ajoutez les charges inhérentes à cette opération qui vont peser sur la maison mère pendant au moins 2 ou 3 ans (harmonisation du SI, temps d'encadrement, mobilisation de personnel, déplacements, honoraires des conseils, diagnostics…).
Votre société dégage-t-elle un cash flow suffisant pour absorber ces charges supplémentaires ?
A combien estimez-vous le retour sur investissement ?
L'opération vous parait-elle encore jouable au prix demandé ?
Ils témoignent
J'ai racheté il y a quelques années une entreprise en mauvaise santé financière. En raison de ces difficultés, les conseils du cédant avaient réalisé des analyses de la situation et des prévisionnels qui nous ont semblé cohérents. J'ai négligé de faire une contre-expertise. Pourtant ce n'était pas ma première opération de croissance externe ! Mal m'en a pris car les études avaient minimisé un facteur de risque important : nous avons déposé le bilan peu après la reprise.
Ph. E., dirigeant d'une société de services.
Parole d'expert
Comment faire échouer une opération de fusion-acquisition ? (Arsène Losson)
Financer sa croissance externe
Contrairement à ce qui se passe pour la reprise par une personne physique, les opérations de croissance externe intéressent plus facilement les sociétés de capital-développement, les structures de capital de proximité et les banquiers.
Pensez à interroger la ou les sociétés de capital développement régionales.
Pensez à recourir à l'earn out, notamment si vous envisagez de conserver le cédant.
Trucs et astuces de votre CCI
Si vous avez fait une étude de réflexion stratégique et qu'elle conforte le projet, joignez-la à vos dossiers de demande de financement.
Si vous envisagez la participation d'une société de capital développement, pensez à négocier ses conditions de sortie en même temps que vos conditions d'entrée !
Votre CCI est là
Votre conseiller CCI peut vous conseiller et vous orienter au sujet des différents organismes ou structures susceptibles de vous accompagner dans le financement de votre opération.
Vu sur le web
L'earn out est une clause qui permet d'indexer une partie du prix de la transaction sur les résultats futurs de la société achetée.
Deux modalités sont alors envisageables :
- soit l'acheteur prend le contrôle de la totalité du capital de la cible sur la base d'un prix plancher, qui ne pourra être revu qu'à la hausse,
- soit il n'achète qu'une quote-part du capital à un certain prix et achètera le solde ultérieurement sur la base des résultats futurs de l'entreprise.
Après l'achat de la cible
L'aventure commence maintenant !
Beaucoup d'échecs d'opérations de croissance externe sont dus à une phase d'intégration maladroitement menée, voire négligée. Pourtant, c'est là, dans les 100 jours qui suivent le rachat, que tout se joue. Ceci ne veut pas dire qu'il faut relâcher l'attention après, mais il ne faut pas rater l'étape de prise en main.
Si vous avez analysé votre cible avec suffisamment de soin en amont, vous avez pu préparer un plan d'action détaillé pour les premiers mois.
Quelques recommandations
- Mettez en place très rapidement la direction ou l'organe de direction de la cible.
- Soignez la communication aussi bien vers le personnel de la société rachetée que vers celui de la maison-mère : annoncez l'opération, expliquez-en les motivations, rassurez le personnel.
- Définissez clairement l'organigramme de la nouvelle entité ou de l'ensemble mère + fille : chacun doit savoir qui est l'interlocuteur pour tel sujet et où il est situé.
- Rencontrez rapidement les principaux clients et les principaux fournisseurs de la fille pour les rassurer et prendre la tendance pour les relations futures.
- Procédez aux ajustements qui permettront de vérifier rapidement la rentabilité et la pertinence de l'opération.
Ils témoignent
J'ai réalisé deux opérations de croissance externe coup sur coup, parce que je souhaitais disposer d'un volant plus important de personnel afin de répondre à des marchés plus conséquents. Chacune des entreprises avait un beau carnet de commandes au moment du rachat, moi-même étais bien occupé et le quotidien a pris le dessus. Six mois après le dernier rachat, je me suis rendu compte qu'il y avait une désorganisation totale dans les entreprises rachetées, qu'on ne savait plus qui commandait. Le personnel a commencé à démissionner. J'ai eu beaucoup de mal à reprendre les choses en main, cela a pris du temps et j'ai dû arrêter une des deux sociétés reprises. Avec du recul, j'ai réalisé que je ne m'en étais pas correctement occupé, que je n'avais pas fixé les règles de fonctionnement et que j'avais probablement laissé trop d'autonomie à leurs responsables sans les y avoir préparés.
D. P. entrepreneur dans le bâtiment
Trucs et astuces de votre CCI
Ménagez les hommes et les femmes des deux entités : vous avancez sur des œufs...
Attention à ne pas tout changer chez la cible, allez-y progressivement et avec pédagogie.
Parole d'expert
Contenus mis à jour le 27-04-2015