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Grande consultation des entrepreneurs : un regain d’optimisme en trompe-l’œil
En dépit d’un contexte économique tendu et toujours marqué par des crises en série, le moral des entrepreneurs s’améliore même s’il reste encore à un niveau faible. Plus optimistes et plus confiants, les dirigeants sont aussi moins inquiets que le mois dernier face aux conséquences de l’inflation. Pour autant, la renégociation actuelle des contrats de fourniture d’énergie inquiète les dirigeants concernés. Ces hausses des tarifs d’énergie auront, nécessairement et mécaniquement, un impact sur la santé financière et sur les prix de vente des entreprises. Avec, en toile de fond, la menace d’une spirale inflationniste.
Après un mois d’octobre tendu, la pénurie de carburant s’est largement résorbée et l’indicateur d’optimisme des chefs d’entreprise repart à la hausse pour la première fois depuis juillet (+10 points par rapport à octobre). Le moral des dirigeants reste toutefois assez mauvais (74), bien en deçà des niveaux observés avant le début de la guerre en Ukraine.
- L’indicateur de l’optimisme augmente à la fois pour les dirigeants d’entreprises comptant moins de 10 salariés (74, +10 points) et pour les dirigeants d’entreprises plus grandes (64, +9 points).
Comme le mois dernier, le sentiment le plus courant chez les chefs d’entreprise concernant la période actuelle est que c’était mieux hier (43, -6 points). Toutefois, l’impression que c’est très bien en ce moment est en forte hausse (37%, +8 points) de telle sorte que la chute observée depuis juillet est en partie rattrapée.
- Les chefs d’entreprises de moins de 10 salariés affichent davantage de satisfaction que le mois dernier concernant la période actuelle (38%, +9 points). Ce n’est toutefois pas le cas des dirigeants des entreprises plus grandes, dont moins d’un tiers juge désormais que c’est très bien en ce moment (31%, -3 points) et chez qui le sentiment que c’était mieux hier est désormais majoritaire (40%, +8 points). Les dirigeants des grandes entreprises se distinguent toutefois encore par les espoirs qu’ils placent en l’avenir : 29% d’entre eux déclarent que ce sera mieux demain, contre 18% des chefs d’entreprises comptant moins de 10 salariés.
Tout comme l’appréciation de la situation actuelle, la confiance dans les perspectives économiques s’améliore. 65% des dirigeants ont ainsi confiance dans les perspectives de leur entreprise pour les 12 mois à venir (+6 points). Bien qu’en hausse, la confiance demeure toutefois très basse concernant les perspectives de l’économie française dans son ensemble (23%, +4 points) et concernant l’économie mondiale (21%, +2 points).
- Confirmant les espoirs en l’avenir des dirigeants employant 10 salariés ou plus, leur confiance pour les perspectives de leur entreprise s’améliore sensiblement pour atteindre 82% (+16 points). La hausse est moins marquée chez les dirigeants d’entreprises plus petites (+6 points, 64%).
L’embellie de l’état d’esprit des chefs d’entreprise pourrait s’expliquer en partie par une baisse des inquiétudes liées aux effets de l’inflation. Alors que 54% des dirigeants déclaraient en octobre que la hausse des prix pourrait avoir des conséquences sur leur viabilité, cette proportion s’établit à 39% ce mois-ci. Dans une moindre mesure, l’attention portée aux charges est également en baisse (74%, -6 points), tout comme les craintes que l’inflation n’oblige les dirigeants à baisser leur rémunération (45%, -8 points).
- L’inquiétude pour la viabilité de son activité s’apaise à la fois parmi les dirigeants d’entreprises comptant moins de 10 salariés (39%, -16 points) et parmi ceux d’entreprises plus grandes (35%, -11 points).
Durant ce dernier trimestre 2022, un chef d’entreprise sur 10 parmi les répondants devra renégocier son contrat de fourniture d’électricité qui arrive à échéance. Parmi eux, 3% ont déjà renégocié leur contrat, 1% est en train de le faire et 6% n’ont pas encore débuté de négociation. Cet échantillon fournit donc seulement une photographie ponctuelle et partielle de la situation des entreprises sur ce sujet.
Premier signal d’alerte : dans les entreprises qui ont finalisé la signature de leur nouveau contrat, deux tiers des dirigeants déclarent que le prix de l’électricité a augmenté (66%). En moyenne, l’augmentation de tarif constatée est de 92%. Plus d’une entreprise sur 2 (63%) déclare que cette hausse impactera sa santé financière, sans pour autant la fragiliser à court terme.
Néanmoins, certaines conséquences directes de cette hausse ne se feront pas attendre : les entreprises concernées la répercutent déjà mécaniquement dans leurs propres tarifs de vente. 37% des dirigeants en question déclarent avoir augmenté le prix de leurs produits ou de leurs services, et 34% déclarent l’envisager. La définition d’un plan d’économie d’énergie (18% des dirigeants concernés l’ont décidé, 28% l’envisagent) et la baisse des investissements (20% des dirigeants concernés l’ont décidé, 16% l’envisagent) sont également évoquées par une part notable de ces chefs d’entreprise.
En revanche, « ces résultats de novembre pourraient bien constituer seulement la partie émergée de l’iceberg. En effet 79% des chefs d’entreprise interrogés déclarent que leur contrat n’est pas encore arrivé à échéance. Les mauvaises nouvelles pourraient hélas arriver en cascade au fil des prochains mois. Il nous faudra être vigilants collectivement car ces hausses risquent de mettre en péril la viabilité des petites entreprises et réalimenter la spirale inflationniste » alerte Alain Di Crescenzo, le Président de CCI France.
Les dispositifs d’aide déployés dans le contexte de crise de l’énergie sont inégalement connus et les entreprises ont du mal à s’en saisir. Le maintien des tarifs régulés de l’électricité est connu par une majorité des chefs d’entreprise (54%). Le bouclier tarifaire pour les TPE n’est connu que de 42% des dirigeants de structures comptant moins de 10 salariés (idem auprès de l’ensemble des dirigeants, 42%), et seulement 3% d’entre eux déclarent savoir qu’ils y sont éligibles. Moins d’un quart des chefs d’entreprise ont entendu parler de la baisse de la fiscalité sur l’électricité, du guichet d’aide au paiement des factures de gaz et d’électricité et du dispositif d’amortisseur d’électricité pour les entreprises non-éligibles au bouclier tarifaire (respectivement 23%, 22% et 20%). « Dans une TPE ou une PME, le chef d’entreprise est sur tous les fronts à la fois. Il a besoin de simplification administrative. Et nous saluons en ce sens le nouveau dispositif d’aide mis en œuvre par les pouvoirs publics. Les CCI ont tout leur rôle à jouer dans ce nécessaire travail de pédagogie sur les mesures proposées et pour accompagner les chefs d’entreprise dans leurs démarches. Avec un objectif majeur : les aider à accroître leur sobriété énergétique » souligne le Président de CCI France.
Pour beaucoup des chefs d’entreprise interrogés ce mois de novembre, le tarif de l’électricité ne constitue donc pas pour l’heure la préoccupation majeure; attelés à la gestion d’autres priorités, ils ne mesurent pas encore le risque que la hausse pourrait faire peser sur leur entreprise. Là encore, cette réponse renvoie à une appréciation des interrogés à un instant T. Ceux qui définissent un taux d’augmentation au-delà duquel leur entreprise serait menacée de faillite évaluent ce niveau à 133% d’augmentation en moyenne.
- Les entreprises comptant 10 salariés ou plus se sentent capables a priori de faire face à une plus forte augmentation du tarif de l’électricité. Leurs dirigeants placent le seuil de danger à 187% d’augmentation en moyenne, contre 130% d’augmentation parmi les dirigeants d’entreprises plus petites.
Aujourd’hui, à peine plus d’un dirigeant sur quatre a le sentiment que sa parole est suffisamment entendue par le maire de la commune où leur entreprise est implantée (27%, -12 points par rapport à 2019). Pour 11% d’entre eux, leur parole est entendue mais dans une trop faible mesure (-5 points), tandis qu’un chef d’entreprise sur deux juge désormais que sa voix n’est pas entendue du tout (50%, +7 points).
- Contrairement à ce qui était observé en 2019, les dirigeants des entreprises comptant moins de 10 salariés se jugent sensiblement moins bien pris en compte que leurs homologues des entreprises de 10 salariés ou plus. 26% estiment que leur voix est suffisamment entendue (-14 points), contre 48% des dirigeants d’entreprises comptant 10 salariés ou plus (+12 points).
Comme en 2019, le tissu économique d’un territoire est le premier facteur de développement cité par les chefs d’entreprise (33%, stable). L’accessibilité de ce territoire prend la deuxième place du classement et est davantage citée qu’en 2019 (23%, +7 points), tout comme la main d’œuvre disponible (16%, +5 points) et l’offre immobilière et foncière (13%, +6 points). Comme en 2019, le troisième facteur cité est la fiscalité du territoire (19%, +1 point). En revanche, l’image du territoire chute de la deuxième à la cinquième place parmi les facteurs de développement (16%, -5 points).
- Les ressources humaines prennent cette année une place considérable aux yeux des dirigeants d’entreprises comptant 10 salariés ou plus. Le premier facteur de développement qu’ils citent est ainsi la main d’œuvre disponible sur le territoire (62%, en hausse de 38 points par rapport à 2019) et une part notable cite également les compétences disponibles sur le territoire (26%, +11 points).
Le maintien de relations sociales est le premier apport que les dirigeants attribuent à leur entreprise pour le territoire, ce qui place encore cet élément en tête du classement malgré une forte baisse par rapport à 2019 (38%, -15 points). En hausse notable cette année, le renforcement de l’attractivité du territoire (25%, +7 points) et la création d’emploi complète le podium des apports des entreprises à leur territoire selon leurs dirigeants (20%, +7 points).
- Nouveau signe de l’importance des enjeux relatifs au marché du travail pour les dirigeants d’entreprises comptant 10 salariés ou plus, 81% d’entre eux citent la création d’emploi, ce qui en fait de loin le premier apport de ces entreprises à leurs yeux (+28 points).
- 12% des entreprises envisagent de recruter dans l’année à venir, soit un sursaut de +5 points en un mois, alors que la tendance était plutôt à la baisse depuis juin dernier. Ils sont 34% parmi les entreprises comptant 10 salariés ou plus en leur sein.
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