1er accélérateur des entreprises

Worldskills : Quand deux médaillés d’or partagent leur passion de la mécanique

Éléonore Barc en mécanique poids lourds et Baptiste Caillot en mécanique moto, tous deux apprentis au Centre de formation d’apprentis Auto de Mâcon (CCI Côte-d’Or . Saône-et-Loire), ont décroché une médaille d’or aux épreuves régionales et sont donc qualifiés pour la finale nationale des Worldskills 2023, des 14-16 septembre à Lyon. Leur passion commune pour la mécanique est née d’un stage de découverte des métiers en classe de troisième. Leur autre point commun : le goût pour le travail !

Pourquoi avez-vous choisi la mécanique ?

imageÉléonore Barc

« Un peu par hasard ! Ma vocation est venue à l’occasion d’un stage de découverte des métiers en troisième. Je ne me voyais surtout pas travailler dans un bureau après mes études. Il y a avait un garage de réparation de poids lourds à côté de chez moi. J’y suis entrée, et voilà, c’est aussi simple que ça ! Quant au fait d’être une fille, la seule de ma promo, je ne vois pas de différence avec mes collègues masculins. Je me sens bien intégrée dans le groupe. Et même si je mesure 1 m 55, je peux, tout comme eux, grimper sur le toit du camion à 4 mètres de hauteur ! Il n’y a aucun problème. En parlant de problème, si je voulais résumer ce qui me plait dans mon métier, je dirais que j’ai le goût de la panne. J’aime bien m’acharner à résoudre les pannes électriques (rires). Et puis, surtout, ce qui caractérise la mécanique poids lourds, ce sont la diversité du métier et les évolutions technologiques des véhicules. Sans oublier que nos clients sont des professionnels et que l’on prend en charge leur outil de travail. Cela responsabilise. »

imageBaptiste Caillot

« Ma passion pour la moto est venue de mon père qui en a toujours fait mais sans jamais toucher à la mécanique. Comme pour Eléonore, mon intérêt pour la mécanique est née d’un stage de troisième de découverte métiers effectué dans un magasin de vente de motos où j’ai fait mes deux premières années d’apprentissage en CAP. Ce qui m’a tout de suite plu, c’est aussi la diversité du métier. On prend en charge des modèles de motos de conception très différente, ce qui se traduit donc par des interventions d’entretien ou de réparation très diverses. L’autre point positif, ce sont les échanges avec les clients, des motards passionnés qui nous posent des questions sur les réparations que l’on est en train de faire.

Passionné de compétition moto, je ne loupe aucun Grand prix, surtout pour regarder les mécanos à l’action ! C’est pour cela que je vais candidater à l’École de la performance de Nogaro qui forme des préparateurs et des développeurs de motos de compétition.»

« Comme j’ai l’esprit de compétition, je me suis inscrite aux Worldskills »

Éléonore Barc

Pourquoi avez-vous décidé de participer aux Worldskills, la compétition des métiers ?

ÉB : « J’avais déjà participé au concours du Meilleur Apprenti de France (MAF) que j’ai remporté en 2021. J’avais tenté le coup pour tester mes compétences et me préparer au Bac pro. Ça a fonctionné. Alors, comme j’ai l’esprit de compétition, je me suis inscrite aux Worldskills et ce, dès l’ouverture des candidatures. »

BC : « Je ne connaissais pas cette compétition des métiers avant que mon formateur ne m’incite à y participer. J’ai décidé d’y aller avec deux copains de ma promo pour défendre les couleurs de notre CFA et évaluer nos connaissances par rapport aux autres candidats. Et ça a plutôt bien marché car nous sommes montés sur les trois marches du podium ! »

Un succès qui s’explique…

ÉB : « C’est le résultat de notre travail au CFA. Cela fait quatre ans que nous y sommes : les enseignements sont acquis. »

« l’alternance m’apparait vraiment comme une évidence »

Baptiste Caillot

BC : « La compétition a aussi été l’occasion de nous rendre compte des avantages de la formation en alternance.L’alternance m’apparait vraiment comme une évidence. J’ai constaté que nos concurrents qui suivent un cursus classique n’avaient pas forcément l’habitude de travailler devant du public qui était, pendant l’épreuve, très proche des candidats. On les sentait stressés alors que, pour nous, c’est notre quotidien en entreprise avec les clients du garage. En atelier, en conditions réelles de travail, nous devons aussi trouver rapidement l’origine d’une panne et mettre en œuvre un mode de raisonnement logique pour effectuer la réparation. Cela nous a fait gagner du temps lors des épreuves. Pour ma part, je devais remonter entièrement et le plus rapidement possible une boite de vitesses d’une moto Aprilla. J’ai pu le faire sans erreur en 29 minutes ! » 

Quelle a été la difficulté la plus importante de la finale régionale ?

ÉB : « Je dirais spontanément la gestion du temps car nous n’avions pas vraiment de repères. Et puis, il y a aussi eu la fameuse épreuve de la dépose repose des roues arrière du camion. Un pneu monté de poids lourds pèse environ 70 kilos, et vu mon gabarit… (rires)… j’ai un peu galéré pour les mettre en place. Il faut un peu de force physique et, du coup, j’ai perdu du temps. »

BC : « Je partage l’avis d’Eléonore sur la gestion du temps pendant l’épreuve même si les périodes en entreprise nous ont permis d’intégrer le facteur temps dans nos interventions. En garage, il faut travailler vite et bien pour répondre, au mieux, à une clientèle parfois pressée. Quant à l’épreuve la plus délicate, c’était pour moi la recherche de panne sans la valise de diagnostic qui fournit des informations sur les dysfonctionnements du véhicule. J’ai vu que les concurrents avaient terminé alors j’ai commencé à stresser un peu. Je me suis calmé et j’ai repris la recherche de panne, plus calmement, en exploitant le manuel du constructeur pour trouver l’origine du problème. »

Comment abordez-vous la finale nationale de septembre ?

ÉB : « Nous avons assisté au mois de mai au séminaire de préparation de la finale organisé par Worldskills auquel participaient les premiers de chaque région. Honnêtement, ils étaient tous bons ! Non seulement la concurrence sera plus forte mais les exigences seront plus élevées aussi avec, par exemple, une épreuve sur les véhicules électriques. J’ai pu travailler au CFA sur la motorisation des voitures électriques. Mais ça reste encore très nouveau… Depuis la finale régionale et en vue de la finale nationale, je travaille tous les vendredis au CFA pour réviser les fondamentaux de la mécanique avec mon formateur. »

Eleonore&Baptiste

BC : « Pareillement, j’ai profité du séminaire national pour suivre une formation dédiée aux véhicules électriques. Et puis, à la fin du mois d’août, nous allons pouvoir peaufiner les derniers réglages... »

Et pour la suite de votre parcours scolaire ?

ÉB : « Avec mon BTS, je pourrais travailler dans un garage mais j’estime que j’ai encore à apprendre et je veux approfondir mes connaissances en faisant une Licence pro Technologie et équipements de véhicules option 3EV. Cette formation doit me permettre de progresser dans l’analyse et le diagnostic des systèmes électriques et électroniques de plus en plus présents dans les véhicules. Je veux aussi en parallèle passer mes permis poids lourds pour bien connaître l’usage des véhicules que l’on entretient et répare. »

BC : « Pour ma part, je veux faire l’École de la performance, toujours en alternance. Ça sera un vrai plus pour moi car je vais pouvoir apprendre nous seulement à entretenir, réparer mais aussi optimiser des motos de compétition. Avec l’idée de devenir mécano au sein d’une équipe professionnelle. Et avant de passer le concours d’entrée à l’école en janvier, je vais travailler dans un garage en septembre. »


Les apprentis vus par les formateurs

Éléonore vue par Jacques Verne,
son formateur VTR au CFA Auto de Mâcon

imageJacques Verne
C’est une battante qui sait ce qu’elle veut…

« C’est une battante qui sait ce qu’elle veut et une travailleuse pugnace qui ne laisse rien au hasard et cherche toujours à se remettre en question. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute : Eléonore a toutes les cartes en main pour exceller dans la compétition des Worldskills et pour réussir professionnellement. Ça tombe bien, Eléonore aime les challenges et se donne les moyens d’y arriver. Ce n’est pas par hasard si elle a décroché le titre de Meilleure Apprentie de France en 2021. Elle est en demande d’exercices pour progresser ce qui n’est pas si fréquent parmi les élèves. »

Je la vois sur le podium de la finale…

« Je la vois sur le podium de la finale nationale des Worldskills. Certes, elle ne sera pas la seule à avoir des chances de décrocher une médaille. Évidemment, il y aura la pression de la compétition. Mais je pense qu’elle est bien préparée. Techniquement, elle est au point. Nous avons revu les fondamentaux de la mécanique et spécifiquement toutes les dimensions du diagnostic et des systèmes de communication des véhicules, sans oublier la motorisation électrique. La gestion du stress et la préparation physique ont été prises en charge dans le cadre des stages de préparation des membres de l’équipe régionale. Maintenant les dés sont jetés…»

Si elle continue de bien travailler…

« Si elle continue de bien travailler dans un métier en tension, elle n’aura pas de soucis à se faire ! Elle a, à mon avis, fait un bon choix en poursuivant son BTS par une Licence pro TEV pour progresser en matière de diagnostic. Car les évolutions technologiques dans le secteur sont très nombreuses que ce soit l’arrivée des poids lourds électriques ou celle à venir des camions fonctionnant à l’hydrogène, sans parler du développement de l’électronique embarquée et de la possibilité d’effectuer des diagnostics à distance. Tous ces changements techniques nécessitent d’être tout le temps à niveau. Professionnellement, elle aurait tout intérêt à poursuivre son parcours dans des garages ou des concessions de plus grande taille que ce qu’elle a connu. Les compétitions comme les Worldskills vont lui permettre de rencontrer des professionnels du secteur et d’avoir ainsi des opportunités à saisir. C’est le cas notamment des constructeurs de véhicules comme par exemple Renault trucks qui est le sponsor officiel de la compétition. »

Baptiste vu par Julien Vautrin, son formateur mécanique moto au CFA Auto de Mâcon

imageJulien Vautrin
C’est un bosseur…

« C’est un bosseur. Le secret de son succès n’en est pas un : c’est le travail ! Il faut le rappeler : en alternance, il y a moins d’école mais c’est pas pour cela qu’il faut travailler moins, c’est le contraire, il faut travailler plus parce qu’il y a moins d’école ! Les exercices en cours, Baptiste les fait régulièrement. Il les rend en temps et en heure, sans jamais rechigner. Ce type d’apprenti est extrêmement satisfaisant pour les formateurs. C’est stimulant car on le voit progresser. Et j’en parle en connaissance de cause car Baptiste je l’ai accompagné pendant son CAP puis son Bac pro obtenu avec mention très bien. J’ai eu le temps de le voir s’épanouir.  Les valeurs transmises par les parents comme le respect et le goût du travail portent aussi leurs fruits… »

La participation de Baptiste à la finale des Worldskills est gratifiante

« La participation de Baptiste à la finale des Worldskills est gratifiante. Avec sa victoire aux régionales des Worldskills, c’est déjà une ligne de plus sur son CV ! Quand je lui ai proposé de participer à la compétition, il était d’ailleurs très heureux que l’on pense à lui. Et il s’est investi à fond. J’en parle d’expérience car c’est la quatrième fois que j’accompagne des apprentis du CFA aux finales régionales avec à la clé trois médailles d’or décrochées. À chaque fois, les vainqueurs étaient, comme Baptiste, de gros travailleurs. Sa réussite s’explique aussi par sa rigueur, son sens de l’organisation qui se voit, notamment, au soin qu’il porte au rangement de ses outils dans l’atelier. Et pendant la compétition, dans un environnement sonore très bruyant, Baptiste a la capacité de rester très concentré, dans sa bulle. Son travail en entreprise dans le cadre de l’alternance contribue à renforcer sa concentration pendant la compétition. Dans le garage, les clients circulent et parfois même vous observent pendant que vous effectuez les réparations. Et, enfin, Baptiste s’est aussi préparé physiquement. Il fait du triathlon pendant l’année ; on peut donc dire qu’il est en forme pour la compétition...»

Il a choisi de vivre sa passion pour la mécanique des motos de compétition…

« Il a choisi de vivre sa passion pour la mécanique des motos de compétition en postulant pour l’École de la performance de Nogaro. Je ne me fais pas de soucis pour lui. Le milieu de la course moto étant très petit, s’il reste lui-même, sa réputation se fera naturellement. Il mérite qu’on l’aide à trouver une entreprise d’accueil ce que j’ai fait par deux fois en faisant jouer mon réseau personnel. Petit à petit, il complète son parcours avec des expériences dans des garages ou des concessions de taille différente. Cela va payer. »


Pour en savoir plus

Découvrir la formation mécanique moto de l'école de la performance

Consulter le site des Worldskills 2023

Plus d'information sur le CFA Auto Mâcon

Mis à jour le 17 juillet 2023