« Mes choix ont toujours été guidés par la passion »
Sur tout le territoire, les conseillers du réseau CCI mettent leurs compétences au service des entreprises. Avec plus de 1000 projets d’accompagnement à son actif, Luc Méresse, consultant en transmission et reprise d'entreprise à la CCI Grand Hainaut Hauts-de-France, met son expertise, son intuition et sa passion au service des cédants et repreneurs d’entreprise depuis près de 9 ans. Lumière sur son parcours, ses missions et sa vision du marché de la transmission-reprise en France.
Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai travaillé pendant 22 ans dans le secteur de l’informatique au sein de l’entreprise française Bull, à Lille. La société m’a proposé de rejoindre son siège à Louveciennes, en région Île-de-France mais désireux de conserver mon cadre et ma qualité de vie, j’ai décliné l’offre. Ce fut pour moi, l’opportunité d’envisager une reconversion professionnelle et de me lancer de nouveaux défis. Âgé de 45 ans, j’ai donc décidé de faire une formation supérieure de commerce en 2 ans au sein de l’ESC Lille. À la suite de cette formation continue en gestion et développement des entreprises, j’ai travaillé en tant que consultant à la Chambre de métiers et de l’artisanat des Hauts-de-France pendant 5 ans. Cette expérience a révélé chez moi une forte appétence pour le monde des entreprises et particulièrement celui de la transmission-reprise. Mon expertise a été remarquée par la CCI Grand Hainaut qui m’a proposé de devenir chargé de mission pour leur compte.
Quelles ont été et sont vos missions au sein de la CCI Grand Hainaut Hauts-de-France ? Comment se déroule l’accompagnement que vous offrez ?
J’ai débuté en tant que chargé de mission pour le développement de la zone franche urbaine NéOval pour une durée de 5 ans. J’ai ensuite travaillé en tant que consultant indépendant pendant 2 ans avant qu’un poste de référent transmission – reprise ne se libère à la CCI Grand Hainaut. Depuis neuf ans, mon rôle est de réaliser de la « mise en relation intelligente » entre le cédant et le repreneur d’une entreprise et de les accompagner dans leur projet. Cette mise en relation s’opère selon plusieurs critères et requiert certaines qualités : du bon sens, du sérieux, de l’équilibre, de la cohérence, du respect, de l’objectivité, de la transparence et un process bien défini. Mais aussi, de la prudence et de la discrétion. En effet, généralement, un cédant ne souhaite pas communiquer sur sa cession afin de protéger son image, de ne pas inquiéter les salariés et les clients de son entreprise. Il en est de même pour le repreneur : souvent salarié au sein d’une entreprise, il ne désire pas divulguer ses projets.
Avant chaque mise en relation, je m’assure que le repreneur possède les qualités attendues d’un chef d’entreprise (volet commercial, développement, gestion financière, RH, technicité…), que son projet est cohérent et viable financièrement. Côté cédant, je propose une rencontre physique sur le domaine ou sur le centre d’exploitation en question. J’observe et analyse la culture de l’entreprise avant même de rencontrer le chef d’entreprise. Je passe 2-3h avec lui, un temps que j’estime incompressible. Il en est de même pour ma rencontre avec le repreneur. Cette étape me permet de mesurer l’investissement personnel de chaque partie prenante, la pertinence de leur projet ainsi que leur envie.
Mes choix ont toujours été guidés par la passion et la valeur ajoutée
Quels sont les profils de cédants et ceux des repreneurs ?
La cession d’activité touche essentiellement les « papy-boomers » (80% de ma clientèle) ainsi que les quadragénaires en phase de développement de nouveaux projets professionnels ou personnels (20%). Ces derniers achètent une entreprise, la développent et la revendent. Parfois trois, quatre ou même cinq fois durant leur vie professionnelle !
Le repreneur peut se présenter sous la forme d’une personne physique privilégiant la reprise d’entreprise à la création (70% de ma clientèle) ou d’une personne morale (30%) désireuse de s’inscrire dans une stratégie de croissance externe ; elles sont en développement ou en recherche de diversification d’activité.
Quelle est votre analyse et vision de la reprise–transmission aujourd’hui, particulièrement en période de crise Covid-19 ?
On constate plusieurs périodes marquées : un avant, un pendant et un après Covid-19. Avant la crise, j’étais en charge de deux nouveaux projets de cession par semaine. Depuis le début de la crise (mars 2020), le niveau de cession a été divisé par 10. Les raisons qui expliquent ce phénomène sont qu’en période de crise économique, un potentiel cédant se concentre avant tout sur la santé et la survie de son entreprise. À l’image du nageur, le chef d’entreprise va vouloir continuer de respirer, s’interroger sur l’impact et la pérennité de son activité et de ses résultats. Il va s’organiser dans l’objectif de vendre sa structure au moment le plus opportun, à la meilleure valeur et dans les meilleures conditions soit, une fois la crise passée. En parallèle, on constate une tendance inverse soit une évolution de +50% du nombre de repreneurs d’entreprise. La majorité d’entre eux étant des salariés en télétravail, ils arrivent à dégager plus de temps pour eux et leur projet professionnel. Cette tendance se confirme au vu du nombre important d’utilisateurs présents sur transentreprise, une plate-forme de mise en relation de cédants et repreneurs d'entreprises mise en place par les CCI.
Après la crise, les réouvertures de cession vont s’intensifier. J’estime que j’aurai trois nouveaux projets de cession chaque semaine. Nous allons devoir trouver de nouvelles ressources et nous mettre en ordre de bataille pour répondre efficacement aux futurs besoins.